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La croissance fait de la résistance

En dépit des vents contraires venus d’Ukraine et de la résilience de la pandémie de la Covid 19, la croissance mondiale résiste et pourrait même accélérer dans les prochains mois. En revanche, l’inflation s’installe de façon plus structurelle ce qui nécessite une réaction des Banques Centrales.

La guerre en Ukraine n’a pas, à ce jour, d’effets déterminants sur l’activité économique dans le monde. On constate toutefois une baisse de la confiance des ménages aux Etats-Unis et en Europe qui n’entraine pourtant qu’un léger tassement de la consommation. Ce sont surtout les perspectives d’inflation qui semblent freiner l’appétit des consommateurs. Mais ce repli reste modéré et ne remet pas en cause la tendance longue. La consommation est toujours un pilier de la croissance et les réserves d’épargne offrent une bonne visibilité aux dépenses futures. Dans l’hypothèse d’une fin rapide du conflit ukrainien et d’une diminution de la pandémie, la consommation devrait s’accélérer au cours du second semestre 2022.

C’est de Chine que viennent les meilleures surprises. L’économie semblait en panne en fin d’année 2021. Mais la politique proactive du gouvernement et de la Banque Centrale a permis à l’économie de reprendre les rails de l’expansion. La production industrielle en base annuelle augmente par exemple à un rythme proche de 16% ! Cette production sert à ce stade davantage les exportations que la consommation interne. La balance commerciale chinoise ne cesse de s’améliorer au détriment de ses grands partenaires.

Aux Etats-Unis et en Europe on note bien un tassement d’activité, provisoire selon nous, mais qui ne rompt pas la tendance générale. L’industrie automobile est toujours aussi impactée par les problèmes de livraison de certains composants nécessaires à la fabrication. Elle impacte particulièrement l’Allemagne, dont les statistiques sont par ailleurs encourageantes, et devient une réserve de croissance future quand ces problèmes seront réglés. L’emploi est solide et l’investissement des entreprises toujours aussi nécessaire. Notons également que l’augmentation annoncée des budgets militaires aura un impact positif sur l’activité des pays.

L’inflation est bien la principale menace à court terme pour les marchés financiers. Si nous croyons toujours à une décélération progressive à partir du second semestre 2022 en raison d’effets de base sans doute plus favorables, nous devons toutefois constater qu’une partie de la hausse des prix semble s’être installée de façon plus pérenne.

C’est surtout aux Etats-Unis que l’inquiétude se manifeste. La hausse des salaires liée au plein emploi est bien en cours même si une légère inflexion a été constatée très récemment. Et, lorsque les cours des matières premières s’infléchiront, les prix de l’immobilier prendront le relais. La pénurie de logements rend cette perspective inéluctable. L’inflation de base (hors énergie et alimentation) oscille entre 6% et 7%, loin des objectifs à 2% de la Réserve Fédérale. Cette dernière doit donc intervenir plus vigoureusement. Une première hausse des taux a été décidée en mars. Elle devrait être suivie rapidement par plusieurs autres, d’autant plus que différentes voix à l’intérieur de l’institution monétaire plaident pour une franche accélération. En Europe la Banque Centrale est beaucoup plus prudente. L’inflation est moindre et les salaires plus modérés. L’urgence est donc moins évidente et le mouvement de remontée des taux sera beaucoup plus lent.

Après le choc de marchés dû au déclenchement du conflit en Ukraine les investisseurs reprennent progressivement leurs esprits. Les rumeurs de négociations sont aussitôt suivies de remontée des indices, preuve d’une grande volatilité qui pourrait durer. Nous avons conservé nos positions longues dans nos portefeuilles mais nous restons prudents à court terme et nous restons vigilants sur l’action future des Banques centrales.

Emmanuel Auboyneau , Avril 2022

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