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Incertitudes et produits financiers

Selon Lorenzo Ballester, PDG de CCR-AM, s’il est impossible de réduire l’incertitude des marchés, il est possible de réduire l’incertitude des produits et l’industrie doit s’attacher à en faire son leitmotiv : réduire l’incertitude liée aux produits tout en prenant en compte celle des marchés et celle des clients

Certains m’ont récemment demandé si je pensais que l’incertitude allait décliner sur les marchés … Comment diable pourrait-elle diminuer puisque l’incertitude est l’essence même des marchés. Sans incertitude, pas de prime de risque ! Aussi, s’obstiner à tenter de réduire l’incertitude des marchés en essayant de « deviner » le futur est-il voué à l’échec.

S’il est impossible de réduire l’incertitude des marchés, il est possible de réduire l’incertitude de nos produits et notre industrie doit s’attacher à en faire son leitmotiv : réduire l’incertitude liée à nos produits tout en prenant en compte celle des marchés et celle de nos clients.

On mesure l’intelligence d’un individu à la quantité d’incertitudes qu’il est capable de supporter
Kant

Spontanément, je suis certain que vous allez penser volatilité et c’est indéniablement une dimension importante de l’incertitude d’un produit. Néanmoins l’incertitude d’un OPCVM, la vraie, se manifeste dans sa performance future qui est inconnue ; elle peut se caractériser par un intervalle qui encadre la valeur de la performance future.

- La première étape est de s’assurer que l’intervalle choisi est correct, c’est-à-dire que la performance réalisée sur nos produits sera bien comprise entre les bornes basse et haute. Cette étape est extrêmement complexe car liée à l’incertitude des marchés. De nombreuses industries sont confrontées à cette question. Afin de calibrer au mieux le produit et l’incertitude qui est liée, elles décident bien souvent d’augmenter sensiblement la valeur des bornes basses. Ainsi, dans l’industrie pharmaceutique, la fourchette basse sera multipliée par 3, dans le domaine de la gestion quantitative, certains augmenteront volontairement la marge d’erreur en multipliant par 1,5 les résultats des back-tests.

- La deuxième étape est de connaître le niveau de tolérance des investisseurs. La question étant de savoir comment concilier un produit dont la performance est sujette à l’incertitude avec le degré de tolérance des clients. La condition essentielle est que l’incertitude du produit se situe dans l’intervalle de tolérance des clients, d’où la nécessité de bien calibrer les bornes basses et hautes de performance du produit, comme nous l’avons vu plus haut.

Plusieurs cas de figure sont possibles :

  • L’incertitude de performance du produit financier est située dans l’intervalle de tolérance de l’investisseur : le produit est « adapté » à ses besoins.
  • La borne haute de la tolérance de l’investisseur est dépassée par des performances positives : le produit est « douteux ».
  • La borne basse de l’intervalle mesurant l’incertitude de la tolérance est franchie par de mauvaises performances : le produit est non adapté.

Seules des analyses en finance comportementale nous feront avancer dans les estimations de la tolérance des investisseurs, seul un approfondissement de l’analyse des risques permettra de réduire l’incertitude de nos produits.

Lorenzo Ballester , Mars 2012

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