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Héléna Charrier : « Le dialogue est le premier levier de décarbonation »

Selon Héléna Charrier, directrice de projets investissement responsable à la Caisse des Dépôts, la Caisse ainsi que sa filiale Bpifrance souhaitent également accompagner la décarbonation de leurs portefeuilles d’investissement dans les entreprises non cotées…

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En 2015, la Caisse des Dépôts s’était fixée comme objectif de réduire l’empreinte carbone de ses portefeuilles, où en êtes-vous aujourd’hui ? Quels sont vos nouveaux objectifs en la matière ?

Cet objectif est à ce jour largement dépassé. Fixée à -20% entre 2014-2020 pour les portefeuilles actions et d’obligations cotées, la réduction a atteint respectivement -37% et -54%. La Caisse des Dépôts a aussi défini une politique de gestion de son portefeuille immobilier qui doit lui permettre d’en abaisser de 38 % la consommation énergétique primaire à échéance 2030. Elle a déjà atteint près de la moitié de cette cible. La Caisse des Dépôts ainsi que sa filiale Bpifrance souhaitent également accompagner la décarbonation de leurs portefeuilles d’investissement dans les entreprises non cotées, en soutenant l’engagement de l’industrie du capital investissement, baptisé IC20, portée par France Invest.

Quelles sont vos méthodes pour réduire l’empreinte carbone de vos portefeuilles ?

Le dialogue est le premier levier de décarbonation pour les investissements dans les entreprises financées, car l’objectif est avant tout de les accompagner vers une performance climatique accrue. Si malgré ce dialogue, les sociétés détenues ne définissent pas elles-mêmes d’objectifs ambitieux en matière d’émissions et de stratégie claire pour les atteindre, alors la Caisse des Dépôts peut recourir à d’autres leviers : vote de résolution, cession des actions et obligations les plus exposées. Concernant l’immobilier, la baisse de la consommation énergétique est obtenue par la combinaison de nouveaux investissements très performants, de réhabilitation thermique du portefeuille, et de cession des actifs les moins performants.

Envisagez-vous notamment une sortie définitive du charbon comme l’a fait le fonds souverain norvégien ?

Cette sortie est effective depuis 2015. Elle est déclenchée, pour les actions cotées et obligations, lorsque les entreprises génèrent plus de 10% de leur chiffre d’affaires à partir d’une activité exposée au charbon thermique. Ce seuil, qui est l’un des plus stricts, était précédemment de 20% et a été abaissé fin 2018 pour poursuivre une trajectoire de désengagement, bien sûr définitive. Il est désormais aussi appliqué aux nouveaux investissements dans des fonds de capital investissement. Pour les infrastructures, le groupe n’investit dans aucun développement de nouvelles capacités.

Au-delà de la réduction de l’empreinte carbone, et plus globalement s’agissant des investissements ISR ou intégrant des facteurs ESG, avez-vous une politique active sur ces sujets ?

Ce sont l’ensemble de nos politiques d’investissement, approuvées par nos organes de gouvernance, qui obéissent à des principes de responsabilité. Ils sont précisés dans la Charte d’investissement responsable du Groupe et ses déclinaisons en matière de gouvernance, de climat, et de paradis fiscaux. Elle est fondée sur la combinaison de trois approches qui s’appliquent à 100% des placements financiers de la Caisse des Dépôts : l’intégration ESG dans l’analyse, la sélection et le suivi des actifs, l’engagement actionnarial sur ces enjeux ESG, et un certain nombre d’exclusions normatives et sectorielles, telles que le charbon thermique et le tabac.

Quel pourcentage de vos encours est aujourd’hui investi selon cette démarche ? % en actions ? % en Obligations ? % Autres ?

Les 150 Mds€ de placements financiers de la Caisse des Dépôts sont couverts par la démarche.
Nous avons défini dès 2009 un indicateur de suivi plus précis de la mise en œuvre de notre Charte par l’ensemble des différentes équipes d’investissement du Groupe, dont nous communiquons les résultats par classes d’actifs dans notre rapport d’activité.

Quelles sont les derniers sujets en matière ESG/ISR qui suscitent le plus d’intérêt chez vous ? Les ETF ESG ? Green Bonds ? Actifs réels verts ?

Au-delà du développement de produits spécifiques analysés avec intérêt par nos équipes d’investissement, nous suivons attentivement les développements en matière d’intégration, d’engagement, d’exclusion, et de transparence à l’échelle institutionnelle, pour identifier les meilleures politiques et pratiques et nos éventuelles marges de progrès. Actuellement, nous nous intéressons ainsi à l’évaluation de la contribution aux objectifs de développement durable des Nations Unies, que nous souhaitons renforcer.

RF , Janvier 2019

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