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Stratégie
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Crise énergétique, inflation, hausse des taux, tensions géopolitiques,…Autant de défis majeurs au cœur des préoccupations des investisseurs et autour desquels les experts de Natixis Investment Managers et de ses affiliés ont échangé lors d’une conférence de presse à Paris, le 24 novembre 2022.
En ouverture : un débat pour décrypter l’environement macroéconomique et gépolitique, suivi d’une table ronde sur les choix d’investissement pour 2023 afin de construire une stratégie d’allocation d’actifs résiliente. Le tout modéré par Gad Amar, Directeur Distribution Europe de l’ouest, Natixis Investment Managers.
Mabrouk Chetouane, Head of Global Market Strategy, Natixis Investment Managers Solutions et Stéphane Déo, Global Head of Strategy , Ostrum Asset Management, ont débattu à propos de la politique menée par les banques centrales pour contenir l’inflation et ont partagé leur point de vue sur les classes d’actifs qui pourraient être de bons choix d’allocation en 2023.
Pic d’inflation atteint aux Etats-Unis, pas en Europe
Selon Mr. Chetouane, « le resserrement de la politique monétaire américaine porte ses fruits. On commence à en voir les premiers effets sur l’inflation et l’activité économique. L’économie américaine ralentit certes mais semble encore éloignée de la récession. Le pic d’inflation est probablement derrière eux, ce qui n’est pas le cas en Europe. L’inflation augmente dans la quasi-totalité des pays de la zone euro et continuera d’augmenter en 2023. Il est encore trop tôt pour se prononcer sur le pic d’inflation sur le Vieux continent ».
Si Mr Déo partage le point de vue de Mr Chetouane sur l’ampleur modérée de la récession et sur son caractère inéluctable, il pense que « nous sommes peut-être trop pessimistes quant à l’activité économique de la zone euro. Les données d’enquête se détériorent rapidement et pointent vers un avenir économique noir. À l’opposé, les données « en dur » sont résilientes. Cet écart « sentiment » « réalité » est inhabituel ». Si les entreprises disent être pessimistes, elles n’agissent pas en conséquence. La récession à venir pourrait donc rester modérée, compte tenu notamment du soutien budgétaire en France et en Allemagne.
Pour Mr Chetouane, l’excès d’épargne constitué par les particuliers pendant la pandémie permet d’amortir le choc inflationniste tant en Europe qu’aux Etats-Unis. Ce coussin soutient la consommation des ménages, l’un des moteurs de la croissance outre-Atlantique.
Les intentions mystérieuses de la BCE
Si les intentions -restrictives- de la Fed ne laisse place à aucune ambiguïté, celles – mystérieuses- de la BCE alimentent la volatilité des marchés. La BCE va continuer à relever les taux d’intérêt. Jusqu’à quel niveau ? Et à quelle vitesse ? L’imprévisibilité de la BCE complique les prévisions à court terme.
Et l’inflation en France ?
L’inflation est moindre en France qu’en zone Euro, du fait notamment du bouclier tarifaire. Selon Mr Déo, l’inflation s’est généralisée en France. En phase d’accélération, elle s’est diffusée dans trois quarts des secteurs.
Quelles classes d’actifs pour 2023 ?
2022 a été une annus horribilis pour les taux, encore pire que 1994. Les hausses de taux ne sont pas finies, même si elles ralentissent. Les taux resteront durablement élevés l’an prochain.
Si l’inflation décélère aux Etats-Unis, la prudence reste de rigueur pour 2023. Les marges des entreprises pourraient être mises sous pression.
Mr Chetouane estime : « qu’il est prudent de rester sous-exposé à tous les segments du marché du crédit, des titres Investment grade aux obligations High yield, tant aux États-Unis qu’en Europe, et de conserver un volet significatif de liquidités, d’autant plus que le monétaire redevient rémunérateur. Il est encore trop tôt pour revenir vers les actifs risqués. Le ralentissement de la hausse des taux stoppera l’ascension du dollar et allègera la pression sur la dette émergente ». Il ajoute : « Très peu anticipe l’inflation européenne en dessous de 5% l’an prochain, avec un pic pour le début d’année prochaine ».
Certains actifs privés, comme les infrastructures, indexés sur l’inflation offrent une protection contre l’inflation. Ils sont valorisés moins fréquemment que les actifs cotés et absorbent plus de volatilité.
La vue d’Ostrum AM, qui s’appuie sur un travail de la BCE1, est « modérément pessimiste ». Le modèle d’Ostrum AM s’attend à « une hausse des défauts annuels au-dessus de 4 % en fin d’année prochaine. Ceci doit être comparé à un taux moyen de défaut de l’ordre de 3.5 %. La tendance est donc défavorable. Mais ce chiffre doit aussi être comparé à plus de 12 % atteint en 2002 ou en 2009. Sur l’échelle du pessimisme, tout dépend où l’on met le curseur », précise Mr Déo.
Le mouvement récent a ramené les spreads de crédit à un niveau plus raisonnable. Avec l’épée de Damoclès d’un scénario économique potentiellement beaucoup plus négatif, il est probable qu’une grande partie du resserrement soit derrière nous.
Le vieillissement de la population en Chine va brider sa croissance potentielle
A long terme, Mr Déo et Mr Chetouane pensent tous deux que la démographie sera un facteur structurant pour les anticipations de croissance. Le vieillissement en Chine bridera fortement la croissance potentielle de la seconde puissance économique mondiale.
« En Chine, le nombre de décès a dépassé celui des naissances. La population chinoise baisse, la croissance à deux chiffres en Chine, c’est terminé », considère Mr Déo.
« D’après un rapport des Nations Unies, la Chine va perdre 100 millions d’individus d’ici 2050. Le vieillissement de la population a un effet substantiel sur le potentiel de croissance » renchérit Mr
Chetouane. Selon lui, le prochain défi pour les pays développés vieillissants sera d’organiser les migrations internationales liées au réchauffement climatique.
Dans cet environnement complexe :
Comment continuer à générer de la valeur pour les investisseurs et quelles stratégies d’investissement intégrer dans les choix d’allocation d’actifs en 2023 ?
La dette privée entreprises, les actifs privés ESG et les actions thématiques peuvent tirer leur épingle du jeu.
Natixis Investment Managers a réuni troix experts dans ces domaines pour en débattre lors d’une table ronde, modérée par Gad Amar : Frédéric Nadal, CEO, MV Credit, Anne-Laurence Roucher, Co-Deputy CEO & Head of Private Equity & Natural Capital, Mirova et Arnaud Bisschop, co-fondateur, Gérant de portefeuille senior en charge de la thématique Eau, Thematics AM.
Un bon point d’entrée pour la dette privée
Pour Mr Nadal : « la dette privée à taux variables protège l’investisseur contre le risque de hausse des taux. Les taux de défaut, très bas actuellement, devraient probablement augmenter l’an prochain. L’impact de l’inflation sur le bilan des entreprises, avec l’énergie et les salaires comme principales courroies de transmission, ne se verra qu’en 2023 ». Mr Nadal apporte un bémol à une vision trop pessimiste. « Ça reste un très bon point d’entrée. » MV Credit, spécialiste de la dette privée européenne, a traversé en plus de 20 ans d’existence différents cycles de marché, notamment la crise de 2008. « Nous étions là en 2001 lors de l’éclatement de la bulle Internet et en 2009, nous sommes très loin de 2009 »
La réglementation, catalyseur de la transition environnementale
Mirova, acteur de référence de l’investissement durable, a récemment investi dans une entreprise spécialisée dans la capture des nano-particules émises lors du freinage et dans l’agrivoltaïsme ainsi que dans des projets de régénération des sols et de séquestration du carbone.
Les entreprises soucieuses de contribuer à atteindre la neutralité carbone en 2050 doivent décarboner leur chaîne de valeur et compenser via des crédits carbone leurs excès d’émission.
Pour Mme Roucher, « les flux actuels vers le private equity montrent un intérêt croissant des particuliers pour cette classe d’actifs, alors qu’elle était jusqu’ici quasi exclusivement dominée par la clientèle institutionnelle ». La durée des investissements dans les actifs privés (10-15 ans pour un projet de reforestation) peut néanmoins représenter un frein pour les particuliers.
« La réglementation européenne est un puissant catalyseur pour la transition environnementale », affirme Mme Roucher. Elle favorise les thèmes de croissance séculaire. Par exemple, le plan RePower EU de la Commission Européenne ambitionne de faire passer le poids des énergies renouvelables dans le mix énergétique européen à 45% d’ici 2030 (contre 22% aujourd’hui).
Les actions thématiques soutenues par des forces primaires de long terme
Pour Mr Bisschop, 2022 a été une année difficile pour les actions mais elle n’est pas pour autant catastrophique (-7% pour le CAC40, -16% pour le S&P 500 depuis le début de l’année au 24/11/2022), après de très belles années pour les actions. L’investissement thématique parie sur des tendances séculaires. Les thèmatiques dans lesquels investit Thematics AM tels que l’eau, l’intelligence artificielle et la robotique, la sécurité, l’économie de l’abonnement ou encore le bien-être… sont autant de thèmes cruciaux qui façonnent le futur de l’humanité, de la société et de la planète.
« L’investissement thématique se concentre sur les marchés dont la croissance est plus rapide que celle de l’économie mondiale grâce à des sources de croissance séculaire. Il s’agit de moteurs économiques qui demeurent constants dans le temps et qui transcendent les tendances saisonnières ou cycliques », explique Mr Bisschop. Cela consiste à identifier les entreprises qui seront en première ligne des thèmes à long terme et celles qui seront les mieux placées pour tirer profit des « forces primaires », considérées comme les causes profondes de la transformation de notre monde : l’évolution démographique, l’innovation, la mondialisation et la rareté des ressources.
« La démographie est une force primaire. La croissance de la population mondiale fait pression sur l’environnement et la planète mais est également un formidable moteur de développement économique dans les régions où cette croissance se produit », continue Mr Bisschop.
Des tendances lourdes comme le vieillissement des populations des pays développés (et la baisse de la population active qui en découle), la poursuite de l’urbanisation en France, la réglementation de plus en plus contraignante sur les micro-polluants dans l’eau sont autant d’opportunités d’investissement pour Thematics AM. La bonne analyse des fondamentaux des entreprises sera un facteur clé pour créer de la valeur en 2023.
La guerre en Ukraine, frein ou accélérateur de la transition énergétique ?
L’impact de la guerre en Ukraine sur la transition énergétique fait débat. « Deux narratives s’affrontent. A court terme, le manque d’énergie conduit à rouvrir les centrales à charbon mais à plus long terme, la transition énergétique vers un modèle vertueux s’installe en Europe, permettant d’assurer la souveraineté énergétique », déclare Mme Roucher. Les prix de l’électricité ont énormément augmenté. Les besoins en électricité devraient s’accroitre avec l’hydrogène vert et le développement de la voiture électrique mais les énergies vertes sont aujourd’hui compétitives en prix.Crise énergétique, inflation, hausse des taux, tensions géopolitiques… quels choix d’investissement & quelles stratégies allocation d’actifs pour 2023 ?
Next Finance , Décembre 2022
Une critique courante des modèles factoriels repose sur le fait qu’ils ne "répliquent que le bêta" - pas l’alpha pur que recherchent les allocataires. Cette critique est antérieure à l’appréciation des rotations factorielles. L’analyse d’Andrew Beer, dirigeant et co-fondateur de (...)
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