Comment spéculer sur quatre tendances macroéconomiques

L’analyste en actions mondiales du Credit Suisse Andrew Garthwaite expose quatre tendances macroéconomiques que les investisseurs devraient surveiller de près au cours des six prochains mois, ainsi que sept idées concrètes de placement.

Le moment est particulièrement propice pour investir dans quasiment toutes les classes d’actifs. Mais il ne suffit pas d’approuver votre portefeuille et de ne plus vous en occuper par la suite. Ce que vous voulez, c’est surperformer le marché, n’est-ce pas ? Avec cet objectif en tête, l’analyste en actions mondiales du Credit Suisse Andrew Garthwaite a récemment exposé quatre tendances macroéconomiques que les investisseurs devraient surveiller de près au cours des six prochains mois, ainsi que sept idées concrètes de placement.

Accélération de la croissance, économies en plein essor

Tout d’abord, voici le contexte actuel : la croissance du PIB mondial s’accélère pour la première fois depuis trois ans et le Credit Suisse s’attend à ce que le taux de croissance annuel passe de 2,7% au deuxième trimestre de cette année à 3,75% à la fin de l’année prochaine. Aux Etats-Unis, le marché du logement reste relativement abordable et la croissance de l’emploi devrait stimuler la consommation. L’an prochain, les mesures d’austérité de la zone euro vont s’atténuer, la demande des consommateurs devrait redevenir positive pour la première fois depuis deux ans et la conjoncture devrait progresser de 1,5%. Dans le même temps, l’incertitude macroéconomique devrait s’estomper. Le déficit budgétaire américain est en baisse et la Banque centrale européenne a accepté d’assumer la responsabilité de prêteur ultime des pays endettés. Le baromètre de l’incertitude économique liée à la politique de l’Université de Stanford est à son plus bas niveau depuis 2008 aux Etats-Unis et depuis 2011 en Europe.

Les marchés émergents perdent leur avantage

Les rendements obligataires américains sont par conséquent en hausse. Les rendements des obligations du Trésor à dix ans ont chuté, passant de 5,2% en 2007 à 1,4% en juillet 2012, avant de remonter à 2,8% aujourd’hui, suite aux déclarations de la Fed concernant une réduction de son programme de rachat d’actifs. Le Credit Suisse pense que ces rendements devraient encore augmenter en 2014, en partie grâce à la hausse attendue de l’inflation. Bien que les analystes s’attendent à ce que la Réserve fédérale américaine commence à réduire, dès le mois de janvier, le montant de ses rachats d’actifs qui s’élève à 85 milliards USD par mois, ils ne prévoient pas de hausses réelles du taux de la Fed, car ils pensent que la nouvelle présidente, Janet Yellen, tolérera une inflation plus élevée pour soutenir la croissance de l’emploi. Enfin, les marchés émergents connaissant une croissance rapide, et dont on s’accordait à penser qu’ils alimenteraient la croissance mondiale, sont en train de perdre leur avantage par rapport à des pays développés considérés comme relativement immobiles. Pour commencer, l’avantage des marchés émergents en termes de croissance par rapport au monde développé devrait diminuer et passer de 3,4 points de pourcentage en 2012 à 3 points de pourcentage en 2014 et 2,9 en 2015. Cet écart se resserre en partie parce que les pays développés se portent mieux d’un point de vue économique, ce qui pose des problèmes aux marchés émergents. De plus, la mise en œuvre imminente du programme de réduction des rachats d’actifs de la Fed offre des perspectives de rendements toujours plus compétitifs dans un environnement plus sain. Par ailleurs, alors que les pays développés sont passés par un processus de désendettement douloureux pendant la crise financière, Andrew Garthwaite souligne que les marchés émergents ont fait le contraire et ont accumulé les dettes. Dans le secteur privé, les niveaux de dette par rapport au PIB affichent 10 points de pourcentage de plus que la tendance sur les marchés émergents et 10 points de pourcentage de moins que la tendance sur les marchés développés. « Quoi qu’il en soit, la croissance soutenue par l’effet de levier présente moins de perspectives dans les pays émergents, et elle augmente même le risque de crise financière à l’avenir », écrit Andrew Garthwaite.

En gardant cela à l’esprit, voici sept stratégies de placement à prendre en considération :

1. Surpondérez les actions ...

Les banques centrales augmentent généralement leurs taux lorsque la croissance mondiale s’accélère. Cependant, l’inflation étant faible ou en baisse dans la plupart des économies développées, il y a peu de risque que cela se produise cette fois. La Banque centrale européenne vient de réduire ses taux de 0,5% à 0,25% et le Credit Suisse s’attend à ce que la Banque du Japon s’engage dans une nouvelle vague de relance monétaire en début d’année prochaine. Les quatre principales banques centrales n’augmenteront pas leurs taux tant qu’il n’y aura pas de hausses des salaires, a déclaré Andrew Garthwaite, ce qui selon lui ne devrait pas se produire avant 2015. Tout cela est de bon augure pour les actions en tant que classe d’actifs, car elles ont tendance à surperformer les obligations lorsque la croissance s’accélère et qu’il y a peu de pression inflationniste. En outre, même si la Fed ne relève pas son taux directeur, le début de la réduction des rachats d’actifs provoquera certainement une hausse des taux généraux, ce qui pénaliserait immédiatement l’ensemble des portefeuilles de titres à revenu fixe. Les actions sont donc plus avantageuses.

2. ... mais sous-pondérez les actions américaines par rapport à celles des autres marchés mondiaux

Les actions américaines ont tendance à bien se comporter en temps de crise, mais à sous-performer leur groupe de référence en période d’essor économique, explique Andrew Garthwaite. Les investisseurs savent qu’il est relativement facile pour les sociétés américaines de licencier du personnel lorsqu’elles ont besoin de réduire leurs coûts, et que les responsables politiques américains réagissent en général plus rapidement que leurs homologues européens et japonais lorsqu’il s’agit de contrer les catastrophes économiques. Andrew Garthwaite souligne que les actions non financières américaines affichent un ratio cours/valeur comptable supérieur de 45% à celui de leurs concurrentes mondiales, soit quasiment leur plus haut niveau depuis douze ans, et nettement supérieur à la moyenne à long terme de 30%. Mais la crise étant passée, il nous met en garde sur le fait que les actions américaines risquent de sous-performer les actions européennes et japonaises.

3. Sous-pondérez également les biens de consommation non cycliques

Les biens de consommation non cycliques ont tendance à mieux se comporter que les autres actions lorsque la croissance mondiale se contracte. Par définition, tout le monde a besoin des produits fabriqués par les entreprises de ce secteur, que les temps soient durs ou non. En fait, le cours des actions du secteur des biens de consommation non cycliques a tendance à suivre celui d’autres actifs généralement considérés comme sûrs, à savoir les obligations. Bien que le cours des obligations soit actuellement en baisse, le cours des actions des biens de consommation non cycliques est toujours celui en vigueur pendant la crise, indique Andrew Garthwaite. En d’autres termes, elles restent chères.

4. Surveillez l’or

Un raffermissement de l’USD pourrait malmener les cours de l’or, qui ont tendance à baisser lorsque le billet vert s’apprécie. Et alors que certains investisseurs utilisent l’or pour se protéger contre l’inflation, il semble actuellement surévalué par rapport au marché du logement et aux actions. Cela dit, restez vigilants. Andrew Garthwaite note que le taux directeur réel est bien en dessous de 1%, un seuil à partir duquel les cours de l’or commencent à monter. Une poursuite de la politique monétaire accommodante pourrait également soutenir les cours de l’or, car les bilans des quatre principales banques centrales sont appelés à croître de 16% d’ici la fin de l’année prochaine.

5. Mettez de côté les actions scandinaves …

Les actions suédoises et danoises, ainsi que le franc suisse, ont été des valeurs refuges durant la période de chaos qui a frappé le reste de l’Europe, déclare Andrew Garthwaite. Maintenant que la situation s’apaise, ils sont trop chers.

6. ... mais achetez des actions japonaises

Les entreprises japonaises sont celles qui ont le plus à gagner d’une reprise de la croissance mondiale, car elles ont été exceptionnellement vulnérables à la crise, poursuit Andrew Garthwaite. Le droit du travail japonais étant très strict, les sociétés japonaises n’ont pratiquement pas pu licencier de personnel pendant la crise financière, mais l’amélioration de la croissance nationale (2,2% attendus l’an prochain contre 1,8% cette année) et mondiale devrait améliorer les marges. De plus, le Japon dépend fortement de la production de machines et de matériel de transport, le type de biens dans lesquels les entreprises et les gouvernements investissent quand la période est favorable, ce qui est le cas actuellement.

7. Pensez aux sociétés qui bénéficient des dépenses des entreprises

En plus de présenter des niveaux d’endettement historiquement bas, les sociétés américaines disposent d’une surabondance de liquidités qui représentent presque 3,4% du PIB, comparé à une moyenne à long terme de 1,2%. Elles ont accumulé cet argent en raison de la persistance de l’incertitude macroéconomique, indique Andrew Garthwaite. Mais avec une confiance accrue et un capital-actions plus ancien qu’à n’importe quel moment ces 43 dernières années, les entreprises pourraient bien recommencer à dépenser l’an prochain, tant aux Etats-Unis qu’en Europe.

Ashley Kindergan , Décembre 2013

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