Analyser les marchés émergents pour déceler les opportunités européennes

Entreprendre dans les marchés émergents n’est pas évident, ni de générer un retour sur investissement suffisant au regard des risques pris. Ceci est particulièrement vrai pour certaines entreprises industrielles européennes...

Les secteurs européens de l’industrie et de l’énergie rencontrent une concurrence sévère de la part des pays en développement.

Les gouvernements européens continuent de se débattre avec les problèmes de solvabilité et de manque de compétitivité de pays comme la Grèce et l’Espagne. Mais beaucoup d’entreprises internationales cotées en Europe doivent cependant s’acquitter de leur tâche quotidienne, à savoir développer leur activité dans d’autres parties du monde.

Une des principales sources de revenus pour bon nombre d’entreprises internationales ayant leur siège en Europe a été l’extraordinaire opportunité représentée par les géants émergents tels que la Chine et l’Inde pendant la dernière décennie.

Néanmoins, bien que cette opportunité existe toujours en grande partie et devrait même se développer à terme, il y a eu des signes ralentissement de la croissance et une hausse de la concurrence domestique sur ces marchés, suite à la crise de la zone euro et à l’augmentation du prix du pétrole. Par conséquent, il est plus important que jamais d’être extrêmement sélectif quand on investit, ce qui peut s’avérer très positif pour les stock pickers qualifiés, s’ils savent prendre les bonnes décisions.

Pour Jupiter, ce type d’entreprises internationales reste attractif et nous continuons à croire à la persistance de cette opportunité, en particulier dans cette longue période de croissance faible que nous anticipons en Europe et en occident. Néanmoins, nous sommes également conscients qu’entreprendre dans ces marchés n’est pas évident, ni de générer un retour sur investissement suffisant au regard des risques pris. Ceci est particulièrement vrai pour certaines entreprises industrielles européennes, dont les branches de production d’énergie ont commencé à rencontrer dans certains marchés émergents une compétition locale très vive, engendrant une pression à la baisse sur les prix et à terme sur les profits.

On a pu observer un développement similaire dans le marché de l’énergie alternative. Par exemple, l’énergie solaire était vue à l’origine comme un marché aux opportunités très prometteuses, étant donné la demande croissante pour des sources d’énergies plus propres et pour plus de sécurité énergétique. Cependant, la surcapacité et l’afflux de produits moins chers venus d’Asie ont très vite érodé les profits. Il s’est produit la même chose pour les turbines à vent.

Dans nos entretiens récents avec les sociétés d’ingénierie, ce sujet a été clairement identifié comme un des défis clefs pour les entreprises occidentales : comment protéger la propriété intellectuelle de leurs produits et s’assurer que leurs profits soient fiables ?

Un des éléments clefs que nous vérifions quand nous envisageons d’investir dans une entreprise est de savoir si son produit peut être facilement copié et si les barrières à l’entrée de son marché sont importantes.

Il arrive trop souvent que des investisseurs soient pris au dépourvu par des entreprises annonçant des profits inhabituellement élevés lorsque leurs produits sont lancés sur le marché et qui se rendent compte plus tard que ces profits n’étaient pas « soutenables ». Cela a été particulièrement vrai pour certains constructeurs automobiles européens.

Au lieu de cela, nous préférons investir dans des activités comme celle de la franchise d’aéroport Dufry, qui profite de facteurs de croissance structurelle comme la hausse du nombre de voyageurs et qui est bien placée pour développer son offre auprès des futurs aéroports qui sont en projet de construction dans les pays émergents.
Celle-ci et d’autres entreprises de type BtoC devraient également profiter de l’inflation des salaires au moment où les revenus atteignent le niveau où les biens de consommation deviennent accessibles à une frange plus large de la société.

Une autre société a réussi à surmonter le récent ralentissement économique, surtout dans le secteur de la construction, et à faire face à la concurrence : la société Sika. Sika vend des produits chimiques qui sont utilisés dans le ciment et qui aident à réduire la proportion d’eau utilisée tout en renforçant le produit final. Grâce au positionnement de niche de son produit à forte valeur ajoutée et à la sensibilisation générale à la pénurie d’eau, cette société est idéalement placée pour pénétrer de nouveaux marchés alors que d’autres sociétés dans le même secteur, comme Lafarge, subissent des pressions sur leurs marges.

Parmi les autres caractéristiques que nous recherchons, nous nous assurons également que les entreprises que nous ciblons possèdent des finances saines et un management compétent dont les intérêts sont alignés sur ceux des actionnaires.

Comme nous pensons que la crise de la zone euro va prendre du temps à se résoudre, notre portefeuille est majoritairement investi des actions hors zone euro, avec une partie core toujours concentrée sur des entreprises à croissance visible qui devraient générer des rendements au delà de la moyenne. Avec cette stratégie, nous constatons que si nous sommes opportunistes durant les périodes de volatilité, nous pouvons payer, selon notre point de vue, un premium très faible pour ce que nous considérons comme des business de meilleure qualité.

Cédric de Fonclare , Juillet 2012

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