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Pourquoi passer du temps à réfléchir à une allocation d’actifs traditionnelle sur les marchés financiers. En effet, les réflexes traditionnels d’analyse des marchés financiers deviennent de plus en plus inappropriés...
Pourquoi passer du temps à réfléchir à une allocation d’actifs traditionnelle sur les marchés financiers. En effet, les réflexes traditionnels d’analyse des marchés financiers deviennent de plus en plus inappropriés
Qu’ils sont loin les fondamentaux et la réflexion sur les anomalies de valorisation. Qu’il est inutile de perdre son énergie et son argent à pester contre la surévaluation de tel ou tel actif financier. Nous faisons nôtre l’idée selon laquelle à long terme les fondamentaux finissent toujours par triompher, qu’à long terme les lois économiques ne peuvent être transgressées sans dommage, qu’à long terme la valeur d’un actif ne peut être déconnectée de sa valeur fondamentale (à savoir la valeur actuelle des flux futurs de revenus plus ou moins certains que cet actif va générer). Oui mais où et quand se situe ce long terme ? Et tout le monde ne dispose pas du temps et de la solvabilité pour patienter et attendre.
En tout cas, il est nécessaire de réapprendre la finance quel que soit son background et son expérience. Pour trois types de raisons.
PREMIERE RAISON : DES MARCHES FINANCIERS QUI NE DONNENT PLUS DE SIGNAUX DE PRIX RATIONNELS
On a, en effet, souvent écrit ces derniers mois que certains marchés financiers ne fonctionnaient plus comme des marchés libres mais étaient « manipulés » par des politiques non conventionnelles. Le meilleur exemple depuis 2009 dans le monde anglo-saxon et depuis 2014 en Europe continentale est celui des marchés obligataires de dettes publiques avec la mise en œuvre des quantitative easing et la quasi-disparition du fonctionnement concurrentiel de ces marchés : présence d’un acheteur massif en dernier ressort nommé banque centrale avec toutes les conséquences que cela implique en termes de surévaluation de nombreux actifs obligataires.
Mais cette situation peut être généralisée si bien que le nouveau mode de fonctionnement des marchés financiers ne conduit plus à la formation de prix librement fixés par le jeu de l’offre et de la demande, lesquelles offre et demande doivent être influencées par des fondamentaux microéconomiques ou macroéconomiques.
On peut aujourd’hui constater que la valorisation de nombreux actifs financiers ne s’explique pas ou plus par leur valeur fondamentale. Et cela concerne les principales classes d’actifs
Il y a bien sûr derrière tout cela la monétisation systématique des déficits publics et donc le fait qu’une partie de plus en plus importante des dettes publiques est détenue par les banques centrales et que la liquidité banque centrale qui achète ces actifs est « donnée » aux marchés financiers (traders, hedge funds et investisseurs) qui achètent à leur tour des actifs financiers en fonction de leur appétit au risque et de leurs anticipations mais aussi et surtout sans une grande sélectivité puisqu’ils se reposent sur cet aléa moral.
Souvenons-nous que cet aléa moral gouverne les marchés financiers depuis plus de 10 ans. Il est représenté par le fameux « PUT » des banquiers centraux qui offre à l’investisseur une assurance certes non explicite mais quasi-inconditionnelle d’impossibilité de baisse des cours de nombreux actifs financiers en deça d’un certain niveau.
Mais pourquoi cette obstination des banquiers centraux ? En réalité il ne s’agit pas tant d’obstination que du piège de la financiarisation des économies crée par les banques centrales elles-mêmes. Au début de l’histoire, on crée de la monnaie à travers des opérations exceptionnelles pour conjurer le risque systémique bancaire (nous sommes en 2009-2010) et ensuite nous rentrons dans une spirale et une irréversibilité avec une dépendance des banques et des marchés vis-à-vis de la liquidité banque centrale. C’est parce-que ces économies sont aujourd’hui hyper-financiarisées que l’arrêt des injections de liquidité ou même une moindre progression de la liquidité créée provoquerait de violents effets de richesse négatifs. Mais sans doute faudra-t-il se rendre à l’évidence que la hausse continuelle du prix des actifs financiers n’est pas la solution aux problèmes structurels de l’économie et n’est pas la condition de la mise en place d’un processus de croissance saine et équilibrée. Ne vaudrait-il pas mieux prendre le risque de petits effets de richesse négatifs que de continuer à entretenir une économie de bulles. Après tout, supposer que la hausse des prix des actifs crée un effet positif de richesse en soutenant la demande et l’investissement n’est pas toujours pertinent. La réalité est plus complexe : si le prix d’une classe d’actifs augmente, les détenteurs de cet actif sont enrichis, mais ceux qui doivent acheter cet actif sont appauvris. L’exemple du marché immobilier est éloquent puisque la hausse des prix enrichit les propriétaires d’immobilier, mais évince les acheteurs futurs ou les conduit à s’endetter plus et plus longtemps.
RAISON 2 : UN MONDE ABSURDE DE TAUX REELS NEGATIFS ET PIRE DE TAUX NOMINAUX NEGATIFS.
Des valorisations absurdes de certains actifs financiers surévalués deviennent « justifiées » d’un point de vue mathématique. En réalité, si les taux sont très faibles voire en territoire négatif, il devient ridicule d’évaluer le prix de certains actifs. Ne perdons pas de vue que la valeur fondamentale d’un actif n’est rien d’autre que la somme actualisée (à un taux d’intérêt donné) de flux de revenus futurs. Cela signifie qu’actualiser ces flux à un taux d’intérêt de plus en plus faible revient à valoriser les actifs à des niveaux stratosphériques. Si on veut leur donner une valeur réaliste, il faut alors corriger le prix de l’actif avec une prime de risque extraordinaire.
En tout cas, force est de constater que les taux négatifs défient le bon sens économique. Le taux d’intérêt permet en principe de réguler l’économie et doit, en principe, refléter le degré de rareté des capitaux disponibles. Si des projets économiques ne sont pas en mesure de créer suffisamment de richesses pour couvrir le coût des ressources empruntées, ils ne sont tout simplement pas rentables. Rien de tout cela aujourd’hui ne se produit grâce ou plutôt à cause d’une répression financière organisée par les banques centrales qui a totalement faussé l’économie en « nationalisant » les marchés monétaires (cf l’histoire de la BCE depuis 12 ans avec ses LTRO, VLTRO, TLTRO1, TLRO2 et TLTRO3) et les marchés obligataires (Cf les QE qui ne se terminent en réalité jamais).
Quoi qu’il en soit, les signaux envoyés à l’économie sont particulièrement malsains puisque cette indétermination des prix des actifs ne permet plus de comprendre si tel actif est surévalué ou non par rapport à sa valeur fondamentale. Pire, on devient incapable d’identifier des bulles sur les marchés financiers et donc d’anticiper les prémices de crises financières. C’est ce qui conduit beaucoup d’économistes ou d’investisseurs à des analyses extrêmes : soit systématiquement optimistes en se reposant sur l’aléa moral que les banques centrales ont installé en tant qu’acheteuses de titres et prêteuses de liquidités en dernier ressort ; soit systématiquement pessimistes en anticipant en permanence des krachs (mais bon rappelons quand même que si des krachs sont annoncés pour un oui pour un non, non seulement le crédibilité de ces annonces est de plus en plus réduite mais aussi les investisseurs, spéculateurs et autres agents économiques privés seront tellement préparés financièrement et psychologiquement que ces catastrophes ne se produiront pas).
Difficile donc de choisir entre ces thèses radicalement opposées pour construire son allocation d’actifs. Si l’on part de l’idée selon laquelle les taux réels vont être durablement négatifs (ce qui n’est pas irréaliste) il va falloir sélectionner tous les actifs dont le rendement espéré ne coûte rien.
On peut alors surpondérer les actifs réels au sens large
Nous sommes donc loin des réflexes traditionnels d’allocation sur les classes d’actifs traditionnelles : monétaire, obligataire, actions.
Alors doit-on, pour autant, ignorer totalement les déterminants traditionnels de valorisation ? Non pour au moins deux raisons
On voit bien qu’il n’est pas inutile de s’interroger sur certaines valorisations stratosphériques, fussent-elles de la nouvelle économie
RAISON 3 : IL VA FALLOIR DESORMAIS DISTINGUER ENTRE LES BULLES D’ACTIFS SOCIALEMENT ET ECONOMIQUEMENT UTILES ET LES BULLES DANGEREUSES ET SOURCES D’INSTABULITES
Revenons à la notion de bulle sur les marchés financiers. Nous avons écrit que l’on peut parler de bulle lorsque la valeur d’un actif est totalement déconnectée de la réalité économique. Par exemple pour un actif boursier, il s’agira d’une déconnexion entre le prix de l’action et la croissance anticipée des bénéfices (puisque le prix d’une action n’est rien d’autre que la somme actualisée des bénéfices annuels anticipés dans le futur).
Si l’on regarde l’histoire des marchés financiers de ces 20 dernières années (le 21ème siècle en quelque sorte), 3 grandes bulles financières ont existé et éclaté conduisant à des crises financières. Dans chacune de ces crises, il y eut des déviations significatives des prix des actifs par rapport à leurs fondamentaux ; en d’autres termes, des situations d’excès d’endettement par rapport aux capacités de remboursement (crise de solvabilité et/ou incapacité à générer des résultats et à accroître ses fonds propres).
1/ On se souvient des cours surévalués et délirants des actions des entreprises télécoms surendettées en 1999-2000 avec l’éclatement de bulle qui a suivi.
2/ On se souvient aussi des crédits subprime aux ménages US surendettés et mal-endettés en 2004-2006 et des produits structurés adossés à ces crédits « pourris » avec comme aboutissement une crise sans précédent de la titrisation en 2007 et des effets de contagion impressionnants illustrés par la faillite de Lehman Brothers en septembre 2008.
3/ A partir de fin 2009 et ce jusque durant l’été 2012, nous avons vécu un autre type de surendettement, celui de certains souverains de la zone Euro
Mais alors aujourd’hui ? Oui il y a des bulles un peu partout mais il y a la création monétaire illimitée et le PUT des banquiers centraux. Comment structurer son allocation d’actifs ? Il va falloir distinguer entre les bulles, celles qui sont dangereuses et auxquelles il ne faut surtout pas participer d’une part, celles qui sont économiquement tolérables d’autre part.
En réalité, tout va dépendre de la situation de l’économie d’un pays ou d’une zone géographique (en excédent de capital ou en déficit de capital) et du type d’actif sur lequel porte la bulle (actif productif ou non productif)
1/ si la bulle porte sur des actifs non productifs (type immobilier) dans des pays en situation d’excès de capital productif, comme cela est le cas de nombreux émergents, alors il n’y a pas de danger imminent (on assiste juste à un rééquilibrage des excédents d’épargne).
2/ si à l’opposé, la bulle porte sur des actifs dits productifs (actions) dans des pays en situation de déficit de capital alors là aussi il n’y a pas de danger imminent puisque la valeur des entreprises s’accroît et donc leur capacité d’investir. Là encore il s’agit d’un rééquilibrage des excédents d’épargne
3/ Les bulles dangereuses sont donc celles qui consistent à investir dans des actifs improductifs dans des pays en situation de déficit de capital alors que le taux de croissance est faible et qu’il y a insuffisance de capital productif dans l’économie
Mory Doré , Décembre 2020
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