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Philippe Aurain : « L’optionalité des obligations convertibles est un plus dans l’environnement actuel »

Selon Philippe Aurain, Directeur Général et Responsable des Gestions de Fédéris Gestion d’Actifs, l’optionalité des obligations convertibles est un plus dans les environnements qui, comme aujourd’hui, montrent des phases de rebond des actions dont l’amplitude est difficilement prévisible…

Next-Finance : Pourriez vous nous présenter plus en détails Fédéris Gestion (quelles missions par rapport à la maison mère ? encours gérés ? Etc…)

Philippe Aurain : Fédéris Gestion d’actifs est la filiale de gestion du groupe Malakoff Médéric, l’un des leaders de la protection sociale en France. FGA gère 100% des réserves investies en valeurs mobilières du Groupe, celui-ci gérant directement ses investissements dans les classes d’actifs réels, immobilier, capital investissement et infrastructures. FGA gère un total de 27 milliards d’euros d’actifs, dont une part significative pour le compte de clients externes au Groupe Malakoff Médéric (2 milliards d’euros). FGA a développé des savoir-faire en gestion assurantielle, gestion de fonds actions et crédit, et gestion ISR. Sa gestion est régulièrement citée dans les palmarès comme celui d’Alpha League la positionnant au cinquième rang des SGP françaises en termes de qualité de sa gamme actions.

Les perspectives de réorientation de la politique monétaire des banques centrales, et notamment celle de la FED, font peser un risque sur les portefeuilles obligataires. Avez-vous modifié substantiellement vos allocations pour faire face à ce risque de taux ?

En ce qui concerne les mandats, le risque de taux doit s’analyser au regard des passifs de chaque investisseur. En fonction de la nature de ces passifs, de la richesse et de l’aversion au risque des clients, la couverture des passifs peut être élevée ou au contraire plus distante. En ce qui concerne les fonds ouverts, les positions sont par nature plus tactiques et évoluent donc au cours du temps en fonction des scénarios de remontée des taux.

Gardons à l’esprit que pour un assureur, le risque financier et réglementaire (via le SCR) est de ne pas couvrir le risque de taux du passif.
Philippe Aurain, Directeur Général et Responsable des Gestions, FGA

Dans ce contexte, faut-il réduire la duration des portefeuilles obligataires ?

Gardons à l’esprit que pour un assureur, le risque financier et réglementaire (via le SCR) est de ne pas couvrir le risque de taux du passif. Cette décision peut éventuellement être prise en fonction de vues de marché dans le cadre d’un budget de risque.

Quels instruments privilégier ? Obligations à taux variables ? des solutions de couvertures via des options ? ou plutôt des produits censés être décorrélés comme la Dette high yield dans une optique du maintien du rendement via la perception des coupons ?

Il y a effectivement une hiérarchie dans la sensibilité des instruments au risque de taux. Historiquement les obligations d’Etat sont plus sensibles aux remontées de taux que le crédit de meilleure qualité, qui l’est lui-même plus que les obligations haut rendement. Comme toujours, cette relation historique peut-être contredite dans certaine période. Variabiliser les investissements via des achats de titres indexés ou par l’utilisation de swap de taux est une méthode couramment utilisée par les investisseurs pour se désensibiliser. Les options de taux sont utiles car elles permettent d’introduire des seuils de gestion (hausse des taux maximum pouvant être supportée).

Vous avez lancé un fonds convertibles ISR en partenariat avec UBI fin 2012. Les obligations convertibles peuvent-elles apporter de la valeur ajoutée dans le contexte actuel d’incertitude ?

Les obligations convertibles permettent d’introduire de la convexité dans les portefeuilles. Le rendement « cross over » permet de bénéficier d’un portage intéressant et leur sensibilité n’est pas très élevée. L’optionalité est un plus dans les environnements qui, comme aujourd’hui, montrent des phases de rebond des actions dont l’amplitude est difficilement prévisible.

La question à court terme est plutôt de savoir si la qualité de la sélection de titres réalisée par le gérant compensera le coût potentiel du filtre ISR. Au regard des performances du fonds, il y a de bonnes raisons de se sentir rassuré.
Philippe Aurain, Directeur Général et Responsable des Gestions, FGA

Que signifie pour vous « convertibles ISR » ? Le gisement des obligations convertibles semble assez restreint, y ajouter un filtre ISR ne va-t-il pas réduire les opportunités ?

Par définition, un filtre ISR réduit toujours le champ des opportunités économiques. Il est mis en place pour deux raisons : d’abord aligner la politique d’investissement avec les attentes « identitaires » des investisseurs et, ensuite, permettre de prendre en compte des risques rares ne se manifestant que sur le long terme. La question à court terme est plutôt de savoir si la qualité de la sélection de titres réalisée par le gérant compensera le coût potentiel du filtre ISR. Au regard des performances du fonds, il y a de bonnes raisons de se sentir rassuré.

Next Finance , Novembre 2013

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