›  Interview 

Les mandats assurantiels peuvent capitaliser sur des stratégies de diversification innovantes

Face à la problématique de la faiblesse des rendements des actifs obligataires peu risqués, Aviva Investors France (AIF) accompagne les assureurs pour intégrer à la gestion de leurs mandats des stratégies différenciantes adaptées à leurs besoins et contraintes spécifiques.

Face à la problématique de la faiblesse des rendements des actifs obligataires peu risqués, Aviva Investors France (AIF) accompagne les assureurs pour intégrer à la gestion de leurs mandats des stratégies différenciantes adaptées à leurs besoins et contraintes spécifiques. Baptiste Buisson, Directeur de la gestion des mandats, solutions et ESG, et David Algom, Gérant de portefeuille senior Mandats Euro chez Aviva Investors France, nous détaillent cette expertise.

Quelles solutions Aviva Investors France peut apporter aux assureurs face à la baisse continue des rendements des actifs dits sans risque ?

Baptiste Buisson - Les investissements cœur de portefeuille des mandats assurantiels se portent sur des obligations à taux fixe de très bonne qualité émises principalement par des Etats souverains et des agences gouvernementales, et ce pour des maturités longues, comprises entre 20 et 30 ans, afin de chercher des rendements positifs dans un environnement de taux très bas. Mais pour répondre à la recherche des assureurs d’un surplus de rendement dans une enveloppe de risque limité, nous pouvons, en complément, déployer des stratégies obligataires de diversification, à la fois géographique et par profil d’émetteurs.

David Algom - Dans ce contexte difficile, nous capitalisons sur notre expertise de Repack SPV (Special Purpose Vehicule). Ces instruments permettent de combiner des titres de créances et des produits dérivés afin de personnaliser, en fonction des besoins et des contraintes des assureurs, certaines caractéristiques des émissions sous-jacentes.

Nous pouvons par exemple transformer des coupons fixes en coupons variables afin de se protéger contre une éventuelle hausse des taux, ou bien couvrir le risque de change des titres libellés en devises étrangères ou encore créer des typologies de coupons susceptibles de générer un revenu supplémentaire.

Nous avons également recours à des placements privés qui nous permettent, ici encore, de répondre de manière appropriée à nos besoins d’investissement.

Pouvez-vous nous donner des exemples ?

D.A. – En 2020, nous avons diversifié les portefeuilles en investissant, via des SPVs dans des obligations d’États non libellés en euros (américaines et japonaises par exemple) auxquels nous avons associé un swap de devise afin de nous couvrir contre le risque de change.

Ce type d’investissement répond à notre stratégie d’investissement qui consiste à nous exposer sur des marchés liquides, diversifiants (ces émetteurs n’émettent pas - ou très peu - en euros), de très bonne qualité, tout en générant un potentiel de rendement supplémentaire par rapport à la dette souveraine française. Nous attachons de plus une importance particulière à ce que ces émissions remplissent nos critères d’investissements ESG (Environnement, Social et Gouvernance).

Ainsi, nous avons investi sur plus d’une dizaine d’émetteurs type SSA (Souverain, Supranational, Agences) et plus d’une dizaine d’émetteurs Corporate.

Nous avons également investi sur des typologies de coupons ayant vocation à performer en cas de hausses de taux via des indexations flottantes. Ou encore, nous avons investi sur des stratégies visant à générer un surplus de rendement par rapport à une souche de référence via la monétisation de primes (de volatilité, d’inflation, de change…).

Nous avons également investi sur des typologies de coupons ayant vocation à performer en cas de hausses de taux via des indexations flottantes. Ou encore, nous avons investi sur des stratégies visant à générer un surplus de rendement par rapport à une souche de référence via la monétisation de primes (de volatilité, d’inflation, de change…).
David Algom, Gérant de portefeuille senior Mandats Euro chez Aviva Investors France

Quelle est la diversification apportée par les placements privés ?

D.A. – Dans le cadre des mandats assurantiels, nous devons investir dans des actifs obligataires dont la duration est suffisamment élevée pour répondre aux contraintes de passif de manière à contrôler l’éventuel « gap de duration » (différence entre la duration de l’actif et du passif du bilan d’un assureur).

Malheureusement, dans l’univers SSA euros, le nombre de souches de maturité longues est limité. Rares sont les émetteurs qui émettent des souches benchmark sur la partie longue de la courbe des taux. Ainsi, dans ce contexte de taux bas, cela rend compliqué nos investissements sur cette classe d’actif pourtant primordiale.

Ainsi, avec l’utilisation des placements privés, nous avons la possibilité d’obtenir des émetteurs que nous apprécions des émissions sur des maturités plus longues, en adéquation avec notre structure de portefeuille, contribuant de nouveau, à augmenter la diversification.

Nous couplons habituellement ces placements privés avec des options de remboursement anticipé à la main de l’émetteur, permettant de générer des potentiels de rendements plus élevés sur des émetteurs de très grande qualité économique et ESG. Nous nous sommes ainsi exposés sur plus d’une quinzaine d’émetteurs à travers ce type d’investissement.

Comment collaborez-vous avec les assureurs pour déployer ces stratégies ?

B.B. - Notre expertise en gestion de mandats assurantiels repose sur une relation de confiance et de transparence avec nos clients. Nous travaillons donc main dans la main pour définir les stratégies de diversification à déployer dans leurs portefeuilles, en fonction des besoins et contraintes spécifiques de chaque client. L’attractivité du couple rendement-risque d’un actif ne suffit plus pour diversifier un portefeuille. Il faut intégrer les contraintes de passif de l’assureur ainsi que celles afférant au coût en capital, selon que le SCR [1] est calculé sur la base de la formule standard de la directive Solvency II ou d’un modèle interne à l’assureur.

Proposez-vous aux assureurs de la diversification sur d’autres classes d’actifs ?

B.B. – La diversification sur d’autres classes d’actifs doit respecter les contraintes de coût du capital de Solvency II. Nous nous appuyons sur l’expertise de notre équipe Solutions pour proposer, selon les conditions de marché, une stratégie d’investissement optimisée sur les actions, grâce à des options. Le coût du capital peut alors être deux fois moindre. Par ailleurs, les actifs réels bénéficient d’un coût en SCR relativement faible et peuvent donc également s’avérer pertinents pour apporter un surplus de rendement potentiel. C’est notamment le cas de la dette d’infrastructure lorsque le SCR est calculé sur la base de la formule standard. Il faut, bien sûr, rester très vigilant sur la qualité du crédit puisque les émetteurs ne sont généralement pas notés.

Comment l’expertise d’AIF sur la gestion de mandats assurantiels se différencie-t-elle ?

B.B. – Aviva Investors France étant un investisseur engagé pour une finance plus juste et un monde plus durable, les critères Environnementaux, Sociaux et de Gouvernance (ESG) sont intégrés à toutes nos décisions d’investissement, sur toutes les classes d’actifs. L’annonce, le 1er mars dernier, de l’objectif de Groupe Aviva d’atteindre la neutralité carbone à horizon 2040 vient également conforter notre engagement de prendre en compte la trajectoire Carbone des émetteurs sur lesquels nous investissons. Dans le cadre des stratégies obligataires de diversification, nous cherchons donc à financer des projets « verts » pour combattre notamment le réchauffement climatique, tout en nous allégeant sur certains émetteurs les moins vertueux au regard de ces enjeux. Parallèlement aux « green bonds », pour lesquels nous exigeons la certification Climate Bond Initiative, nous investissons également dans des obligations durables et des obligations sociales. Notre exigence au regard des critères ESG et de la trajectoire carbone des émetteurs nous permet ainsi de répondre aux besoins et contraintes de nos clients en matière d’investissement responsable. Cela a toutefois un coût. En 2020, il était de quelques points de base sur les « green bonds » par rapport aux rendements d’émissions classiques de même maturité.

Notre exigence au regard des critères ESG et de la trajectoire carbone des émetteurs nous permet ainsi de répondre aux besoins et contraintes de nos clients en matière d’investissement responsable. Cela a toutefois un coût. En 2020, il était de quelques points de base sur les « green bonds » par rapport aux rendements d’émissions classiques de même maturité.
Baptiste Buisson, Directeur de la gestion des mandats, solutions et ESG chez Aviva Investors France

D.A. – Notre expérience et notre agilité sur les SPV découle de l’infrastructure développée depuis plusieurs années chez AIF : l’expertise des gérants, du trading, des équipes de valorisations et risques…

Ainsi, à titre d’exemple, nous avons été à l’origine de typologies d’investissements innovants comme les obligations souveraines callables longues. Ce type de produit a habituellement pour support des SSA ou des noms bancaires. Il se trouve que les courbes de taux souverains sont relativement pentues comparativement aux courbes Euribor (sur lesquelles se basent les agences). Ainsi, la création de ces instruments nous a permis d’investir sur des titres souverains tout en obtenant un rendement plus élevé et en préservant une certaine duration.

Next Finance , Juillet 2021

Notes

[1] Solvency Capital Requirement

Partager
Envoyer par courriel Email
Viadeo Viadeo

Focus

Interview Chloé Pruvot et Valentine Stichelbaut : « Nous avons renforcé la poche obligataire de notre allocation d’actifs au-delà de 80% »

Chloé Pruvot et Valentine Stichelbaut, respectivement Directrice des Investissements et experte ISR au sein du Groupe APICIL nous indiquent viser une allocation d’actifs 100% ESG.

© Next Finance 2006 - 2024 - Tous droits réservés