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Jean-François Schmitt : « Nous comptons augmenter notre allocation sur les obligations indexées sur l’inflation »

Selon Jean-François Schmitt, Directeur des investissements chez Malakoff Humanis, l’allocation du groupe de protection sociale a été peu modifié avec la crise sanitaire, sauf sur la partie actions où le groupe a réduit le risque via des couvertures et des stratégies à faible volatilité…

Next-Finance : Pouvez-vous nous présenter Malakoff Humanis et le montant actuel de vos encours ?

Jean-François Schmitt : Malakoff Humanis est un groupe de protection sociale paritaire et mutualiste à but non lucratif, né du rapprochement en 2019 des groupes Malakoff Médéric et Humanis. Nous gérons un portefeuille propre à chacun de nos 3 métiers, à savoir :

  • la Santé et la Prévoyance Collective pour un encours d’environ 22 milliards d’euros ;
  • la Retraite Complémentaire – une mission d’intérêt général que nous menons pour le compte de l’Agirc Arcco - pour un encours de 13,5 milliards d’euros ;
  • et enfin l’Epargne Salariale pour un encours de 10 milliards d’euros, dont 6 investis via des FCPE.

Quelle est votre allocation d’actifs actuelle ? A-t-elle été modifiée depuis la crise boursière de ce début année ?

Notre allocation d’actifs est spécifique à chacun de nos 3 portefeuilles.

Pour notre portefeuille « Santé et Prévoyance », nous sommes positionnés à hauteur de 70 % en actifs d’adossement principalement obligataires et 25% en actifs de performance, dont une moitié en actions et le solde en liquidités. Cette allocation est similaire à celle relative à notre portefeuille « Retraite Complémentaire » : 70% en obligations / 30 % en actions.

En ce qui concerne l’Epargne Salariale, en revanche, nous sommes dépendants du choix défini par les salariés des entreprises partenaires.

Nous avons peu modifié notre allocation avec la crise sanitaire, sauf sur la partie actions où nous avons réduit le risque via des couvertures et des stratégies à faible volatilité.

Nous avons peu modifié notre allocation avec la crise sanitaire, sauf sur la partie actions où nous avons réduit le risque via des couvertures et des stratégies à faible volatilité.
Jean-François Schmitt, Directeur des investissements chez Malakoff Humanis

Pensez-vous que la crise sanitaire actuelle va renforcer l’intérêt des investisseurs pour la thématique ESG ?

Ce mouvement est antérieur à la crise : il a pris de l’ampleur depuis deux ans, comme le montre la surperformance des indices actions ISR. Nous pensons que l’intérêt des investisseurs va s’accélérer dans les mois et les années à venir. Aujourd’hui toutes les nouvelles stratégies développées par les gérants d’actifs pour les institutionnels intègre une approche sur un ou plusieurs thèmes ESG.

Utilisez-vous les critères ESG dans votre politique de gestion ? Avez-vous des projets ou développements en cours sur ce sujet ?

Oui, tout à fait, notre objectif est d’étendre l’approche ISR dans nos investissements. Par exemple, nous menons une réflexion sur les obligations d’Etat afin d’y intégrer des critères ESG dans leur gestion. Mais la prudence s’impose lorsqu’il s’agit de juger les politiques des Etats. Notre démarche est de favoriser les bonnes pratiques plutôt que d’exclure certains pays.

Nous menons une réflexion sur les obligations d’Etat afin d’y intégrer des critères ESG dans leur gestion.
Jean-François Schmitt, Directeur des investissements chez Malakoff Humanis

Déléguez-vous toujours l’intégralité de la gestion de votre portefeuille à des sociétés de gestion ?

Oui, c’est toujours le cas. Nous avons recours à des sociétés de gestion robustes et performantes sur le long terme, capables de répondre à nos contraintes ALM et à nos objectifs de volatilité.
Nous travaillons principalement avec La Banque Postale AM et Malakoff Humanis Gestion d’Actifs, mais allons aussi chercher des spécialistes de classes d’actifs spécifiques comme l’infrastructure, la dette privée ou le private equity.

Avez-vous des objectifs de rentabilité sur votre portefeuille ? Quelle a été sa performance l’an dernier ?

Oui, nous avons des objectifs propres à chacun de nos trois portefeuilles.
Pour notre portefeuille « Santé et Prévoyance », notre objectif est de générer un rendement supérieur à nos engagements de revalorisation, donc supérieur aux taux techniques.
Pour notre portefeuille « Retraite Complémentaire », il s’agit de battre l’indice de référence défini par l’Agirc Arcco composé d’un indice composite : Eurostoxx 300 (30 %), un indice obligataire 1/5 ans d’obligations d’Etat (60 %) et d’entreprises (10 %).
En 2019, ce dernier a affiché un rendement supérieur à 8 %.

Quelles sont vos différentes contraintes en matière d’investissements (SCR par exemple) ?

Nous avons en effet de multiples contraintes réglementaires, statutaires ou issues de l’équilibre actif / passif. Ainsi notre ratio de solvabilité doit être réglementairement supérieur à 100% ; nos statuts demandent un niveau de 150% et notre objectif de gestion vise à rester au-dessus de 200%. Cela se décline dans notre allocation, donc dans notre SCR.

Sur quelles classes d’actifs comptez-vous vous positionner ?

D’ici la fin de l’année, nous comptons augmenter notre allocation sur les obligations indexées sur l’inflation. En effet, nous pensons qu’elles devraient retrouver l’engouement des investisseurs compte tenu des injections de liquidité par les banques centrales et des plans de relance faisant suite à la crise du Covid 19. A terme, ils provoqueront sans doute une hausse des anticipations d’inflation, pour peu que la croissance reparte.

Nous nous pensons que les obligations indexées inflation devraient retrouver l’engouement des investisseurs compte tenu des injections de liquidité par les banques centrales et des plans de relance faisant suite à la crise du Covid 19.
Jean-François Schmitt, Directeur des investissements chez Malakoff Humanis

RF , Septembre 2020

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