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Farzine Fazel : « Les principaux acteurs du Trading Haute Fréquence sont des boutiques spécialisées ou des Hedge Funds »

Selon Farzine Fazel et Mohamed Radjabou, le Trading Haute Fréquence est une nouvelle matérialisation de l’innovation en finance de marché. Il est porteur d’avancées mais également de risques…

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Nous faisons le point sur le Trading Haute Fréquence avec Farzine Fazel et Mohamed Radjabou, respectivement Senior Partner et consultant chez Capco qui suggèrent d’encadrer cette activité qui recèle un potentiel de déstabilisation des marchés dans leur ensemble...

Next-Finance : Plusieurs grandes banques affirment ne pas prendre part à ce type d’activités. Quels sont les principaux acteurs du Trading Haute Fréquence ?

Farzine Fazel et Mohamed Radjabou : Effectivement on ne trouve pas forcément d’acteurs connus du grand public dans le Trading Haute Fréquence. Les principaux acteurs sont des "boutiques" spécialisées ou des Hedge Funds : Citadel, Renaissance, Getco…

Le Trading Haute Fréquence est passé sous les feux des projecteurs à l’occasion du flash crash de mai 2010 qui a vu le Dow Jones chuter de 10%. A cette occasion, cette pratique a été particulièrement décriée. Sait-on aujourd’hui exactement ce qu’il s’est passé ?

La responsabilité du flash crack de Mai 2010 reste flou, l’hypothèse généralement retenu est que le HFT a au moins accru l’instabilité : le 5 Mai Waddell & Reed Financial vendait une série de contrats à terme sur l’indice Standard & Poor’s 500, pour couvrir ses positions sur les marchés actions. L’ordre est exécuté par un ordinateur via un algorithme, celui-ci aurait déclenché une réaction en chaine d’autres intervenants utilisant un programme identique puis la vente automatique de titres sur les marchés actions et enfin la disparition momentanée de plusieurs teneurs de marché.
Au total 1000 Mds de capitalisation ont disparu puis brutalement réapparu

Les partisans du Trading Haute Fréquence estiment que cette technique accroît la liquidité, le volume des transactions, la transparence des prix et diminue les coûts...est-ce une réalité ?

La proportion des transactions originée par des machines sur les marchés action atteint 66% aux Etats Unis et 33% en Europe. De toute évidence ils sont un élément essentiel des transactions et apportent une liquidité nécessaire à la conclusion des ordres. Ils concourent également à effacer rapidement les opportunités d’arbitrage rendant la structure de prix plus rationnelle.

Selon Dominique Cerutti, directeur du Nyse Euronext, les seuls acteurs présents sur les marchés au mois d’août étaient essentiellement des hedge funds et des High Frequency Traders qui représentaient jusqu’à 75 % de l’activité. Ils semblent ainsi être les seuls acteurs quand tout va mal. Pourtant, la Commission Européenne a promis de réguler le Trading Haute Fréquence, elle estime que certaines de ses pratiques sont susceptibles d’être identifiées comme des abus de marché. Le Trading Haute Fréquence a-t-il un potentiel de déstabilisation des marchés ?

Avec les mécanismes de stop-loss et compte tenu de la part des machines dans les transactions, le Trading Haute Fréquence peut amplifier les mouvements de cours. Par ailleurs toute erreur ou incident opérationnel de la part de ces acteurs peut avoir des répercussions dont l’étendue dépasse ce que les marchés ont l’habitude de connaître.

La Commission va-t-elle dans la bonne direction ? Peut-elle aller encore plus loin et que préconisez-vous ?

Les actions proposées se font dans le cadre de la révision de la MIF et incluent une action sur les High Frequency Traders eux mêmes (enregistrement en tant que PSI à partir d’un certain seuil) et les activités (contrôle des risques).
Par ailleurs l’ESMA demande également aux plateformes de trading de mettre en place des procédures pour une meilleure surveillance du trading électronique.
Tout ceci va dans le bons sens, et doit être coordonné avec les réglementations sur la co-location. Cette pratique permet à un opérateur de Trading Haute Fréquence d’installer ses serveurs à proximité physique d’une bourse. Cette proximité permet typiquement de diminuer le temps de transaction de 20 millisecondes, permettant ainsi d’exploiter rapidement des anomalies de prix.

Beaucoup d’observateurs pensent que cette pratique est anticoncurrentielle puisque l’opérateur bénéficie d’un avantage qui lui permet de voir l’état du marché avant tous les autres. La réglementation de cette pratique est une piste à explorer.

Next Finance , Octobre 2011

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