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Dr Damiano Brigo : « les produits hybrides vont occuper le devant de la scène »

Rencontre avec le Dr Damiano Brigo, Head of Credit Models de la Banque IMI à Milan, et co-auteur du livre de référence « Interest-Rate Models : Theory and Practice ».

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Vous êtes depuis octobre 1998 à la Banca IMI, comme Head of Credit Models. Quelles sont vos responsabilités au quotidien ?

En fait, j’étais d’abord en charge des modèles de taux d’intérêt. Puis j’ai migré vers les dérivés de crédit en 2002. Mes responsabilités au quotidien consistent à explorer de nouvelles pistes de modélisation, que ce soit pour des produits déjà traités sur le marché mais aussi pour de potentiels instruments qui pourraient devenir importants dans le futur.

Quelles sont vos relations avec les traders et arrivez vous à dialoguer convenablement avec eux ?

Cette partie relationnelle est très importante. A la base, il y a une sorte de barrière "linguistique" pour les gens qui arrivent dans ce métier avec un bagage purement scientifique. Lors de ma première année dans cette industrie, j’ai eu beaucoup de mal à comprendre les idées qu’il y avait derrière la façon dont les traders appréhendaient les choses, car leur jargon et leur manière de faire face aux problèmes étaient assez particuliers. Cependant, on apprend à comprendre rapidement ce que les traders attendent de nous et de quoi ils ont besoin. Quelques fois, proposer une solution approximative est souvent bien meilleur que d’attendre d’avoir une solution rigoureuse avec une approche plus lente. Mais dans bien d’autres cas aussi, les approximations sont dangereuses et il vaut mieux y aller plus sûrement. Cela dit, ce n’est que l’expérience qui nous apprend à gérer les situations et à savoir quand il faut faire des compromis.

Vous êtes le co-auteur du livre référence en finance « Interest-Rate Models : Theory and Practice, 2001 ». Quand paraîtra la nouvelle version et quelles seront les nouveautés ?

La nouvelle version est déjà en librairie. Cette version est deux fois plus grande en volume que la première, tout en respectant l’ancienne structure. De nouveaux chapitres sur des sujets récents que nous avons traités ont été rajoutés.

Le chapitre traitant de la calibration du LIBOR Market Model a été enrichi considérablement. Une discussion de l’estimation historique de la matrice de corrélation instantanée et du rang de réduction a été ajoutée, et une technique cohérente d’interpolation de la volatilité Swaption pour le LIBOR Market Model a été ajoutée.

Les parties dédiées au smile ont été élargies. Nous avons également ajouté des nouveaux chapitres sur les dynamiques de la volatilité locale ainsi que sur les modèles de la volatilité stochastique avec un traitement approfondi de l’approche de la volatilité incertaine. Nous prenons maintenant en compte des exemples de calibration avec des données de marchés réelles.

L’intérêt croissant pour les produits hybrides a conduit à la création d’un nouveau chapitre dans lequel une attention particulière est accordée à la valorisation des produits inflation, Inflation-linked Derivatives. Les trois derniers chapitres sont consacrés à la problématique du crédit. En effet, les problématiques concernant les Dérives de Crédit, principalement les Credit Default Swaps (CDS), les CDS Options et les Constant Maturity CDS sont abordés au cours de ces chapitres afin de prendre en compte d’une part le rôle fondamental joué par les dérivés des crédits aujourd’hui et d’autre part la similitude d’approche entre une grande part des techniques de reduced-form utilisées dans les modèles appliqués aux dérivés de crédit et la modélisation des taux d’intérêt.

Comment entrevoyez-vous l’ avenir de la finance des marchés ?

L’intérêt suscité par les produits complexes nécessite de mettre en place des stratégies de modélisation qui font intervenir les différentes classes d’actifs traditionnels qui composent ces produits. Ainsi, les produits et les modèles hybrides vont occuper le devant de la scène dans un avenir proche. En réalité, ils ont déjà commencé. De plus, les techniques d’optimisation des portefeuilles sont de plus en plus pointues comme on trouve davantage ces produits structurés dans la composition des portefeuilles. Et la difficulté d’évaluation des risques sur des tels portefeuilles ne cesse d’augmenter. Pour ces raisons, le rôle des chercheurs quantitatifs au sein de l’industrie financière restera fondamental et leur importance sera même invitée à croître.

F.Y , Mars 2008

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