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Rapport Oxfam : Trois ans après la COP21, les banques françaises accro aux énergies fossiles

Oxfam France publie aujourd’hui son rapport « Banques françaises : les fossiles raflent la mise » qui analyse les financements et investissements des six plus grandes banques françaises sur la période 2016-2017 et révèle, en totale contradiction avec l’Accord de Paris, leur nette préférence pour les énergies fossiles au détriment des énergies renouvelables.

Ainsi, en 2016 et 2017, sur 10 euros de financements accordés par les banques au secteur énergétique, 7 euros vont aux fossiles contre 2 euros seulement aux renouvelables. De 2016 à 2017, elles ont même réduit leurs financements à destination des énergies renouvelables d’un montant équivalent à l’augmentation de leurs financements vers les énergies fossiles.

Alors que les grands acteurs de la finance internationale se réunissent à Paris dès lundi prochain dans le cadre des Climate Finance Days, et que la COP 24 s’ouvre début décembre en Pologne, Oxfam France s’inquiète de l’immobilisme des acteurs financiers privés. Malgré l’urgence climatique, les choix de financements des banques compromettent notre capacité à respecter l’Accord de Paris et à contenir le réchauffement sous les 1,5 °C.

Selon Alexandre Poidatz, porte-parole d’Oxfam France : « Sur la période 2016-2017,BNP Paribas, Société Générale, Crédit Agricole, BPCE, Crédit Mutuel-CIC et la Banque Postale ont financé les énergies fossiles à hauteur de 43 milliards d’euros, contre seulement 12 milliards d’euros aux énergies renouvelables, alors que la situation climatique exigerait d’elles qu’elles fassent au moins l’inverse. Trois ans après la COP21, les banques n’ont toujours pas pris le virage de la transition énergétique, malgré leurs beaux discours en ce sens. »

« La transition énergétique ne pourra s’opérer sans une réallocation des flux financiers internationaux des énergies fossiles vers les énergies renouvelables, et les banques françaises sont aujourd’hui loin du compte. Pire, elles ont réduit leurs financements à destination des énergies renouvelables (- 1,85 milliard d’euros) d’un montant équivalent à l’augmentation de leurs financements vers les énergies fossiles (+ 1,8 milliard d’euros). C’est incompréhensible. Notre maison brûle, et les banques françaises regardent ailleurs. »

Oxfam révèle également que parmi les types d’énergies privilégiées par les banques, le charbon reste encore trop prépondérant, comptant en moyenne pour 8,5 % des énergies financées.

Enfin, au classement des banques les plus climaticides, Oxfam dresse un podium peu reluisant avec trois championnes des énergies fossiles : BNP Paribas, en tête avec 12,8 milliards d’euros de financements en 2016 et 2017, suivie de très près par le Crédit Agricole et la Société Générale, qui ont respectivement financé les énergies fossiles à hauteur de 12,6 milliards d’euros et 11,5 milliards d’euros sur la même période.

Outre les financements, Oxfam a analysé les choix des banques sur les marchés financiers, et dévoile que les investissements des banques sont aussi largement dirigés vers les énergies fossiles plutôt que vers les renouvelables.

« La détention d’actions sur les marchés financiers est tout aussi inquiétante que les financements qu’accordent les banques françaises aux énergies fossiles. En 2016 et 2017, les banques ont investi 15,8 milliards d’euros dans les énergies fossiles contre seulement 1,8 milliard dans les renouvelables. Pour 1 euro accordé sur les marchés financiers en faveur des énergies renouvelables, les banques françaises accordent donc plus de 8 euros aux énergies fossiles » explique Alexandre Poidatz.

Il est urgent que les banques jouent leur rôle dans la transition énergétique. Pour cela, Oxfam France les appelle à publier un plan de sortie des énergies fossiles, à cesser de soutenir les entreprises qui développent de nouvelles activités charbonnières, et enfin à travers une réelle transparence, à divulguer une photographie des entreprises qu’elles financent.

Mais l’impulsion doit aussi venir de l’Etat, qui peut renforcer l’ambition de la Loi sur la Transition énergétique qui impose aux banques d’évaluer les risques liés aux changements climatiques.

« Nous sommes à un tournant dans l’action climatique qui demande immédiatement une union et une ambition commune du secteur privé, des pouvoirs publics et des citoyens. Les financements d’aujourd’hui façonnent le modèle énergétique de demain or, et les mobilisations pour le climat l’attestent, il est temps d’agir et de prendre les bonnes décisions. Ce message sans équivoque doit maintenant être entendu des banques. »

Quelques chiffres clés :

  • En 2016 et 2017, sur 10 euros de financements accordés par les banques aux énergies, 7 euros vont aux énergies fossiles, contre 2 euros seulement aux renouvelables
  • De 2016 à 2017, les banques ont même réduit leurs financements à destination des énergies renouvelables (moins 1,85 milliard d’euros) d’un montant équivalent à l’augmentation de leurs financements vers les énergies fossiles (+ 1,8 milliard d’euros)
  • Avec 12,8 milliards d’euros de financement aux énergies fossiles en 2016 et 2017, BNP Paribas reste la banque française qui soutient le plus énergies fossiles, alors qu’en novembre 2015, elle faisait partie des sponsors de la COP 21. Derrière suivent de très près le Crédit Agricole et la Société Générale, qui ont respectivement financé les énergies fossiles à hauteur de 12,6 milliards d’euros et 11,5 milliards d’euros sur la période 2016 - 2017.
  • Pour 1 euro accordé sur les marchés financiers en faveur des énergies renouvelables, les banques françaises accordent plus de 8 euros d’énergies fossiles.

Next Finance , Novembre 2018

Voir en ligne : Rapport Oxfam

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