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Opinion
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Dans une lettre ouverte publiée la semaine dernière, Fréderic Leroux, Gérant Associé chez Carmignac Gestion, dénonce le projet de taxation de l’actionnaire par le gouvernement et se demande comment continuer à servir ses clients à partir de la France dans ces conditions…
Madame, Monsieur,
Mes amis et nos clients français et étrangers me demandent souvent ces temps-ci pourquoi je reste en France. La société de gestion de portefeuille pour laquelle j’ai l’honneur de travailler, détenue intégralement par ses dirigeants-fondateurs et ses employés est en effet parvenue à grandir et prospérer sans le moindre euro de fonds publics dans une crise qui mit pourtant à genoux l’ensemble du système financier international. Avoir réussi à protéger l’épargne de nos clients dans un environnement si hostile nous a permis de gagner la confiance de plus d’un million d’épargnants à travers l’Europe.
Nous devons cette réussite à notre volonté farouche d’indépendance et à l’implication de l’ensemble de nos salariés, motivés par leur statut d’actionnaire ou la perspective d’y accéder. Chacun des actionnaires est un entrepreneur, quelque soit sa participation au capital de la société. Sa confiance dans notre projet social l’a en effet conduit, en fonction de ses moyens et ses responsabilités, à en acquérir des actions, le plus souvent au prix d’un nécessaire endettement personnel. L’incitation financière au succès offerte par l’actionnariat est un formidable moteur pour la croissance économique. Tuer cette incitation par une taxation mal calibrée de l’actionnaire, c’est se garantir une croissance en berne.
Nous voulons chez Carmignac Gestion poursuivre l’aventure entrepreneuriale en France, continuer à apporter de la performance à nos clients, les aider à se préparer une retraite plus sereine, comme nous nous y employons depuis plus de vingt ans. N’est-ce pas là un beau dessein d’entrepreneurs, aussi financier soit-il ? Mais pourquoi poursuivre cette mission depuis la France, alors que la taxation de l’actionnaire pourrait devenir parmi les plus élevées au monde ?
Comment continuer à motiver nos équipes par notre démarche entrepreneuriale si la France traite ceux qui réussissent dans leur vie professionnelle avec la méfiance et le mépris que l’on réserve partout ailleurs aux repris de justice ? Comment attirer les nouveaux talents si la France décourage la prise de risque et favorise l’exode mortifère de ses propres talents les plus créatifs, les plus ardents à la victoire ? Comment poursuivre, à partir de la France, notre mission auprès de l’épargnant européen dans des conditions qui ne le défavorisent pas ? Comment protéger notre belle aventure humaine contre l’assassinat, fut-il inconscient, de la volonté d’entreprendre, créatrice de valeur, d’emplois et parfois même, de bonheur ?
Les réponses appartiennent aujourd’hui au gouvernement et à nos députés. Nous voulons encore croire que la fiscalité sera utilisée comme une arme économique plutôt que politicienne car les décisions qui se préparent n’engagent pas la France seule, mais l’Europe entière. Quels que soient les choix opérés, nos clients savent pouvoir compter sur notre détermination à répondre à leurs attentes. La force de notre équipe, comme de toute grande équipe, c’est son collectif. Nous resterons soudés, à domicile comme à l’extérieur, pour continuer à assurer la sérénité de tous les épargnants qui nous ont accordé leur confiance.
Je vous prie d’agréer, Madame, Monsieur, l’expression de toute ma considération.
Frédéric Leroux, Gérant Associé, Carmignac Gestion
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