Marchés Emergents : « Des capitaux frileux »

Compte tenu des différentiels de croissance et de taux substantiels qui persistent entre les marchés développés et émergents, il peut paraître étrange qu’il n’y ait plus de flux de capitaux nets vers les marchés émergents.

Durant les années qui ont précédé et suivi la crise du crédit de 2008/2009, près de 500 milliards d’euros ont pris chaque année la direction du monde émergent. Ces capitaux ont été attirés par le climat d’investissement favorable, de même que par les taux d’intérêt élevés, le raffermissement des devises et une solide confiance dans les perspectives de croissance de la demande domestique. Depuis l’été 2011, on a toutefois observé un net revirement de tendance : au cours des quatre derniers trimestres, les flux de capitaux vers les marchés émergents se sont complètement taris.

Compte tenu des différentiels de croissance et de taux substantiels qui persistent entre les marchés développés et émergents, il peut paraître étrange qu’il n’y ait plus de flux de capitaux nets vers les marchés émergents. Le différentiel de croissance entre l’Europe et les États-Unis, d’une part, et le monde émergent, d’autre part, s’est peut-être contracté au cours de ces dernières années, mais il s’élève encore à plus de 4 points de pourcentage. Et alors que les taux d’intérêt sont proches de zéro en Europe et aux États-Unis, ils demeurent de 5,5% dans le monde émergent.

Néanmoins, il n’est guère difficile d’expliquer pourquoi la popularité des marchés émergents a diminué au cours de l’année écoulée. Alors que de plus en plus de capitaux sont nécessaires pour combler les ‘trous’ du système financier en Europe et aux États-Unis, les perspectives de croissance du monde émergent se sont nettement détériorées.

Quatre facteurs peuvent être plus particulièrement incriminés pour le tarissement des capitaux : le repli de la croissance en Chine, la détérioration du climat d’investissement dans plusieurs grandes économies émergentes, la nécessité accrue pour les banques européennes d’assainir leur position financière dégradée et une tendance négative des marchés d’actions des pays émergents.

Le facteur négatif le plus important est la Chine. Depuis 2010, son taux de croissance s’est progressivement replié pour revenir au niveau actuel de 7,5%.

En raison de développements démographiques défavorables, de l’endettement nettement plus élevé de l’économie après les mesures de stimulation ambitieuses de 2008/2009 et des surcapacités dans le secteur des exportations à la suite du ralentissement actuel de la croissance du commerce mondial, les perspectives pour la croissance chinoise ne sont pas bonnes pour les prochaines années. Alors que la croissance continuera probablement à reculer pour atteindre un niveau plus soutenable de près de 5%, les pressions s’exerçant sur le système financier continueront à augmenter. La Chine ne devrait dès lors plus constituer l’important moteur de croissance qu’il a été pour le monde émergent entre 2000 et 2010.

En dehors de la Chine, les perspectives de croissance se sont également détériorées dans les pays dont les gouvernements n’ont pas réalisé de réformes ou dont la politique a entraîné une dégradation évidente du climat d’investissement.

L’Inde, le Brésil et l’Afrique du Sud sont les principaux pays où la tendance a été négative.

Ceci explique dans une large mesure pourquoi les investisseurs en actions n’ont plus une nette préférence pour les marchés émergents. La détérioration du climat d’investissement et l’augmentation de l’intervention de l’État dans l’économie impliquent que la croissance n’entraîne pas automatiquement des rendements plus élevés pour les investisseurs privés. Une augmentation des pressions pesant sur les flux de capitaux vers les marchés émergents n’est dès lors pas à exclure.

Next Finance , Septembre 2012

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