Grèce : quels impacts sur le marché obligataire ?

Des arbitragistes et hedge funds avaient repéré la vulnérabilité du marché et ont déclenché un mouvement fort sur les CDS...

La situation de la Grèce et les commentaires relayés depuis quelques jours dans les médias ont eu des répercussions sur les marchés obligataires. Si une dégradation de notation de la Grèce avait déjà été anticipée, elle est intervenue plus rapidement que prévu [1].
Des arbitragistes et hedge funds avaient repéré la vulnérabilité du marché et ont déclenché un mouvement fort sur les CDS [2]. Des flux vendeurs sur les titres obligataires, surtout initiés par des market-maker [3] ne souhaitant certainement pas détenir de positions en bilan en fin d’année, ont parallèlement engendré des écartements très importants, surtout sur les maturités courtes.

Les niveaux de CDS de la Grèce ont ainsi rejoint ceux du Kazakhstan et de la Croatie (220bp), anticipant alors une probabilité de défaut de paiement et/ou une possible sortie de la Grèce hors de la zone Euro.

Ces craintes font écho à celles survenues, il y a quelques jours, alors que le gouvernement avait demandé aux banques grecques de réduire leur exposition à la BCE en ne participant pas à l’opération de LTRO [4] qui se déroulera le 16 décembre.

« Ces mouvements de marché sont excessifs », selon Olivier de Larouzière, Responsable de la Gestion taux d’intérêts et de change au sein de Natixis Asset Management. « La Grèce n’a aucun intérêt à sortir de la zone Euro puisque que l’appartenance à la zone est une protection de taille pour le secteur financier. De plus, il n’y a pas de problème de refinancement pour les banques grecques auprès de la BCE, car le rating minimum pour qu’un actif soit éligible est BBB- ».

Enfin, la révision à la baisse des anticipations sur l’Espagne a déclenché de nouvelles ventes sur l’ensemble des pays périphériques, comme le Portugal et l’Italie, malgré sa note de AA+ (Standard & Poor’s) [5]. Cela augmente donc la pression sur les « PIIGS » (acronyme anglais désignant l’ensemble Portugal, Italie, Irlande, Grèce et Espagne),

« Nous assistons véritablement à des prises de profits sur des pays périphériques qui ont incroyablement performé depuis le début de l’année, avec une surperformance de 2 % des titres grecs contre dette allemande à 2 ans au 15 novembre 2009 », explique Olivier de Larouzière. « Nous maintenons notre surexposition sur la Grèce, très ciblée sur les maturités courtes. Cette conviction est renforcée par les premières annonces du gouvernement grec, qui table sur un retour d’un déficit à 10 %, et par les propos tenus hier par Angela Merkel sur la solidarité de la zone Euro ».

Next Finance , Décembre 2009

Notes

[1] Notation dégradée de A- à BBB+ par Fitch Ratings le 8/12/2009.

[2] CDS : marché des dérivés sur les défauts d’émetteurs.

[3] market-makers : teneurs de marché.

[4] LTRO : opération de refinancement à long terme.

[5] Notation Standard & Poor’s : ratings échelonnés de AAA à BBB sur 10 niveaux.

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