Dette émergente : de Pékin à l’Amérique latine

Les obligations des pays émergents offrent un surcroît de rendement de 5,65% [1] par rapport aux obligations d’Etat européennes. Leurs devises sont très largement dépréciées. Parallèlement, l’économie mondiale ralentit, la Chine inquiète et le résultat des négociations commerciales entre Pékin et les Etats-Unis demeure incertain.

Faut-il réinvestir dans les obligations des pays émergents ?

La réponse se trouve entre Pékin et l’Amérique latine.

La Chine : rebond de la croissance au deuxième semestre

La croissance du PIB réel a ralenti au dernier trimestre de 2018 et le premier trimestre pourrait être encore plus faible. Toutefois, les autorités chinoises mettent en place de vigoureuses mesures de relance en faveur des ménages et des entreprises.

L’activité immobilière bénéficie du relâchement des mesures coercitives.

Trains, métros, aéroports, centrales nucléaires, les dépenses en infrastructures ont déjà augmenté au cours du dernier trimestre de 2018 sous l’impulsion du gouvernement.

Les investissements privés, déjà en phase de reprise, seront renforcés par la baisse du taux de réserves obligatoires, très favorable aux petites et moyennes entreprises. La croissance du crédit publiée pour le mois de janvier a d’ailleurs largement dépassé les attentes.

CHINE : VOLUMES DE CRÉDIT (TSF)

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Source : Datastream, Pictet Asset Management

Les ventes de détail hors automobile restent vigoureuses. Et si les ventes de voitures se sont effondrées, c’est principalement en raison de l’attente de mesures fiscales favorables. Justement, la Commission nationale pour le développement et la réforme a publié à la fin du mois de janvier d’importantes mesures visant à stimuler la consommation automobile. Le redémarrage des ventes de voitures en 2019 paraît donc probable.

Le commerce extérieur reste une zone d’incertitude. Mais, afin de se préparer à une dégradation de ses relations commerciales avec les Etats-Unis, le gouvernement chinois a préparé des mesures de relance budgétaires. Ces mesures nous paraissent suffisantes pour stabiliser l’économie en cas d’échec des négociations.

Au total, la croissance économique chinoise devrait rebondir au second semestre pour atteindre 6,4% sur l’année 2019, soit 0,2% de moins que 2019, suivant ainsi la tendance naturelle d’une économie en voie de maturation [2].

VENTES DE DÉTAIL EN CHINE : TOTAL ET HORS AUTOMOBILES

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Source : Pictet Asset Management, CEIC, Datastream

L’Amérique latine : de meilleures bases

Depuis la récession de 2015-2016, la croissance en Amérique latine accélère chaque année. L’année 2017 a vu le retour à une croissance positive, de 1,7%. Portée notamment par l’amélioration des conditions de l’emploi, l’année 2018 confirme le redémarrage avec une croissance estimée de 2,1%. 2019 devrait hisser ce chiffre à 2,6%. Ceci reste largement inférieur au potentiel de long terme et laisse place à une accélération supplémentaire dans les années qui viennent [3].

Les banques centrales ont agi prestement lorsque les devises ont perdu du terrain et l’inflation devrait se réduire de 4,2% à 3,7% [4] de 2017 à 2019. Et s’il est probable que le Brésil et le Chili connaissent une légère remontée de l’inflation, cette dernière devrait se maintenir dans une fourchette très acceptable pour les banques centrales. Les taux directeurs devraient donc rester stables ou légèrement baisser en 2019 [5].

Légère accélération de la croissance, baisse de l’inflation et banques centrales sereines, voici un excellent soutien aux obligations.

Enfin, le risque politique, habituel trouble-fête de la région, devrait demeurer en retrait. Il n’y aura pas d’élections importantes en 2019 et les réformes de Bolsonaro, plutôt libérales, sont appréciées du marché.

AMÉRIQUE LATINE : HAUSSE DE L’EMPLOI

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Source : Pictet Asset Management, CEIC, Datastream

Les projets de nationalisation et les hausses de salaires du gouvernement AMLO, très ancré à gauche, pourraient inquiéter les marchés. Notons toutefois que la demande intérieure mexicaine, portée par un très faible taux de chômage à 3,35%, est forte et qu’elle devrait permettre à la croissance d’accélérer [6]. Le resserrement monétaire des dernières années a été plutôt sévère et l’inflation devrait baisser cette année.

Le Dollar US : trop cher

Le resserrement monétaire de la Réserve fédérale arrive à son terme. Si nous sommes plus sévères que le consensus - nous anticipons une hausse des taux en 2019 – il est clair pour nous que le resserrement résiduel sera très modeste et ne sera pas susceptible de porter la monnaie américaine à des niveaux plus élevés.

La survalorisation du dollar par rapport aux devises émergente atteint un niveau record : selon nos modèles, de 24%. Et par rapport à l’ensemble des partenaires commerciaux, pays développés inclus, le dollar est monté de plus de 30% depuis 2011 [7].

Une appréciation supplémentaire du dollar nous semble donc improbable.

VALORISATION DES DEVISES ÉMERGENTES PAR RAPPORT AU DOLLAR US

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Source : Datastream, Pictet Asset Management

Frédéric Rollin , Février 2019

Notes

[1] Bloomberg, taux actuariels du JPM GBI EM index et du Barclay’s EuroAgg Government bond index, 18.02.2019

[2] Pictet Asset Management, janvier 2019

[3] Pictet Asset Management, janvier 2019

[4] Pictet Asset Management, janvier 2019

[5] Bloomberg, taux actuariels du JPM GBI EM index et du Barclay’s EuroAgg Government bond index, 18.02.2019

[6] Bloomberg, taux actuariels du JPM GBI EM index et du Barclay’s EuroAgg Government bond index, 18.02.2019

[7] Bloomberg, taux actuariels du JPM GBI EM index et du Barclay’s EuroAgg Government bond index, 18.02.2019

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