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Chine : Les valeurs et secteurs porteurs dans ce contexte de marché

Certes, les données économiques récemment publiées de la Chine sont décevantes, mais Raymond Ma, gérant actions chinoises chez Fidelity Worldwide Investment, reste optimiste quant aux perspectives de croissance de la consommation intérieure du pays à moyen et long terme.

Il relativise également l’impact de la nouvelle épidémie de grippe aviaire en Chine.

La moindre croissance des ventes de détail en chine mérite d’être mise en perspective

Les chiffres publiés pour le premier trimestre 2013 se sont révélés bien inférieurs au rythme de croissance de près de 15 % (en glissement annuel) enregistré au quatrième trimestre 2012. En valeur nominale, les ventes de détail en Chine ont progressé de 12,3 % en glissement annuel en janvier et février 2013, et de 12,6 % (toujours en glissement annuel) en mars 2013. Si ces chiffres sont effectivement décevants, car ils se rapprochent de nos pires prévisions, il faut néanmoins s’attarder sur les facteurs de ce ralentissement pour comprendre que l’avenir de ce secteur reste prometteur.
Ces principaux facteurs sont :
i) la campagne de lutte contre la corruption engagée par les autorités chinoises ;
ii) l’exclusion des ventes en ligne du calcul.

La campagne anti-corruption a permis de contenir les dépenses effrénées des hauts dirigeants chinois et des entreprises publiques. Or, elles ont représenté aux alentours de 10 à 15 % de la consommation totale chinoise au fil des ans. Le recul des ventes de services de traiteur haut de gamme et d’articles de luxe a donc pesé sur la croissance du commerce de détail. Néanmoins, malgré un ralentissement prévisible de la consommation des plus aisés dans l’immédiat, la demande du reste de la population devrait se maintenir, les revenus progressant plus vite que le PIB. Ainsi, la croissance des marges bénéficiaires de la plupart des acteurs du marché de consommation de masse, tels que Belle International, devrait toujours se situer entre 12 et 15 %, aidant donc à soutenir la croissance à moyen et long terme.

Enfin, malgré la démocratisation accélérée du commerce en ligne, qui affiche un rythme de croissance annuel de plus de 100 %, la formule de calcul de la croissance des ventes de détail ne le prend pas en compte. Autrement dit, le résultat est amplement sous-représentatif.

Des prévisions d’inflation stabilisée pour la chine

L’IPC chinois a chuté plus que prévu, à 2,1 % en glissement annuel en mars (contre 3,2 % en février), tandis que l’IPP s’est replié à -1,9 % en mars (il était de -1,6 % en février).

Cette hausse de février, suivie d’un recul en mars, s’explique par les dates des vacances du Nouvel An lunaire, qui ont commencé le 9 février cette année (en 2012, c’était le 22 janvier). En règle générale, le prix des denrées alimentaires s’envole avant les congés pour se stabiliser ensuite. Cela a entraîné des mouvements exacerbés des effets de base et de l’inflation globale (IPC). Par ailleurs, la contraction plus prononcée de l’IPP trahit un surplus de capacités de production.

L’apparition de cadavres de cochons dans les cours d’eau de Shanghai laisse à penser que le cheptel chinois est trop abondant. Face aux difficultés rencontrées pour rentabiliser l’élevage de cochons, certains agriculteurs se débarrassent à moindre coût de leurs bêtes en les jetant dans les rivières, une pratique pourtant illégale. L’excès de l’offre devrait contribuer à maintenir le cours à un niveau faible dans les mois à venir. Le cours de la viande de porc représentant un tiers de l’inflation des denrées alimentaires et cette dernière ayant une influence déterminante sur l’IPC, le taux d’inflation global de la Chine est susceptible de se stabiliser dans une fourchette de 2 à 4 % dans les prochains mois.

Tant que l’IPC restera inférieur au niveau toléré par le gouvernement central (4 %), la Banque populaire de Chine (PBoC) sera en mesure de maintenir sa politique d’assouplissement quantitatif. Si la reprise économie continue de montrer des signes de faiblesse, une réduction des taux d’intérêt deviendra de plus en plus probable.

L’épidémie de grippe aviaire en chine ne devrait avoir un impact que temporaire

Les cours des actions chinoises ont subi une correction en raison des craintes de transformation en pandémie de l’épidémie de grippe aviaire (H7N9), qui sévit actuellement dans l’est de la Chine, notamment après le signalement récent d’autres cas de contagion et d’autres décès. Nous pensons que la réaction des marchés est exagérée et il y a donc tout lieu de profiter de cet accès de faiblesse.

En effet, le dernier épisode de 2005 a eu un impact limité sur les ventes de détail de la Chine et les performances des cours des actions, puisqu’il n’y a eu aucune contagion à grande échelle. En revanche, le SARS de 2003 a entraîné un déclin moyen de 20 à 25 % des actions liées au secteur de la consommation entre février et avril 2003, mais il a fallu moins de deux mois pour qu’elles retrouvent leurs niveaux antérieurs. Neuf mois après avoir atteint leur plus bas, leurs cours avaient enregistré des rebonds situés entre 150 et 250 %.

Les autorités chinoises ont réagi promptement cette fois-ci et ont mis l’accent sur la transparence en ce qui concerne la grippe aviaire. Les marchés de volaille ont été fermés et des milliers de volatiles sacrifiés dans les régions où des cas ont été détectés. Tout ceci devrait contribuer à limiter la contagion et à atténuer les retombées négatives pour l’économie.

Si l’histoire se répète, l’effet défavorable de la grippe aviaire sur les marchés actions ne devrait être que temporaire. Les entreprises aux fondamentaux solides vont probablement enregistrer un rebond prononcé lorsque le calme sera revenu. Nous y verrons donc une opportunité pour investir dans des actions de qualité survendues, notamment dans le commerce de détail, les denrées alimentaires et produits de première nécessité, et l’assurance.

Les valeurs et secteurs porteurs dans ce contexte de marché

Bien qu’une reprise modérée de l’économie chinoise soit prévisible, la volatilité des marchés s’est amplifiée en raison d’un rebond décevant et de la réapparition de la grippe aviaire. En ces temps de volatilité, la sélection d’actions reposant sur les fondamentaux et une approche bottom-up représente notre principale source d’alpha.

Nous continuerons de privilégier : i) les entreprises qui devraient afficher une croissance soutenue au cours des 5 à 10 prochaines années et qui sont peu susceptibles de présenter des incidents de parcours à court terme, ii) les actions sous-évaluées aux fondamentaux solides et iii) les entreprises susceptibles de faire l’objet d’une fusion ou d’une acquisition.

Nous sommes toujours optimistes concernant les valeurs chinoises de l’assurance. Tout d’abord, face au vieillissement démographique, le gouvernement central a dévoilé ses projets visant l’inclusion d’au moins 60 % de la population dans le régime des retraites d’ici 2015. Ensuite, les nouvelles mesures annoncées pour encadrer les produits de gestion de patrimoine commercialisés par les banques devraient réduire la concurrence dans l’assurance-vie. Ces deux facteurs ont toutes les chances de favoriser la croissance du secteur à moyen et long terme.

Nous restons positifs concernant le secteur du jeu à Macao. La croissance soutenue du chiffre d’affaires auprès du grand public (30 % en glissement annuel) laisse augurer une progression des bénéfices. Après l’extension du réseau de chemins de fer à grande vitesse chinois et la mise en service d’un nouveau bureau d’immigration au port d’entrée de Gongbei, les visites depuis la Chine continentale devraient croître, et les revenus du secteur du jeu avec elles.

Les actions de qualité liées à Internet en Chine restent les options qui suscitent le plus notre intérêt, car elles profitent toujours de la dynamique du commerce en ligne et de l’Internet mobile. Par ailleurs, nous avons renforcé notre exposition à certaines valeurs du secteur pharmaceutique chinois, qui devraient être favorisées par une couverture plus large de l’assurance maladie en Chine. Un tel bond de l’activité dans le secteur pourrait relancer les opérations de fusion et acquisition.

Raymond Ma , Mai 2013

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