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Opinion
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En période d’inflation et d’incertitudes, l’or reste une valeur refuge. La volonté de certains pays de réduire leur exposition au dollar explique également la progression de son cours.
Ces derniers jours, l’once d’or s’échangeait à plus de 2 000 dollars l’once quand son cours ne dépassait pas 1 300 dollars en 2018. En période d’inflation et d’incertitudes, l’or reste une valeur refuge. La volonté de certains pays de réduire leur exposition au dollar explique également la progression de son cours.
Par sa rareté, sa densité, son éclat et sa pérennité, l’or a toujours occupé une place à part dans les échanges. Il y a plus de 6 000 ans, les Égyptiens exploitaient déjà l’or du Nil. Les premières mines ont été ouvertes il y a plus de 5 000 ans. L’utilisation de l’or comme monnaie intervient six siècles avant notre ère, entre 561 et 546 av. J.-C. (dates de début et de fin de règne du roi Crésus sur la Lydie, pays d’Asie Mineure). Il tenait ses richesses du Pactole, la rivière qui cachait une multitude de paillettes d’or.
Depuis cette époque, l’or est un symbole de richesse et de puissance. Le métal précieux est également une source de fantasmes. Par sa rareté, l’or permettait une régulation assez facile par les autorités. Sa résistance et sa densité sont deux caractéristiques clés qui lui ont permis de jouer le rôle d’étalon et de réserve.
177 200 tonnes d’or auraient été extraites depuis les origines. Ce volume se répartit entre la bijouterie (85 900 tonnes), l’épargne (35 500 tonnes), les réserves des banques centrales ainsi que des autres institutions officielles comme le FMI (30 500 tonnes) et les applications industrielles (21 600 tonnes). Les réserves des gisements encore à exploiter sont évaluées à 54 000 tonnes d’or (source : World Gold Council).
Malgré la fin de la convertibilité du dollar en or, le 15 août 1971, et les Accords de la Jamaïque des 7 et 8 janvier 1976 qui ont supprimé officiellement son rôle d’étalon, l’or demeure un des éléments de réserve des grandes banques centrales. Il est un marqueur de puissance. Les États émergents ont, à ce titre, acquis de l’or ces dernières années afin de se mettre au niveau de leur nouveau statut économique et financier. Les réserves de change atteignent 12 000 milliards de dollars. Le stock d’or des banques centrales représente de son côté 1 850 milliards de dollars.
Depuis trois ans, le métal précieux bénéficie de la succession des crises en jouant son rôle de traditionnelle valeur refuge. La hausse de son cours est avant tout la conséquence des achats opérés par certaines banques centrales. Ainsi, en janvier, selon le FMI, elles ont acquis, en valeurs nettes, 31 tonnes d’or. Depuis un an, les achats mensuels varient entre 20 et 60 tonnes, ce qui est élevé au regard de la tendance observée avant la crise sanitaire. Les banques centrales mondiales ont ainsi acheté 1 136 tonnes d’or en 2022. Ce chiffre, qui représente la plus grande quantité achetée par les banques centrales en 55 ans, est supérieur de 152 % aux 450 tonnes qu’elles ont achetées en 2021. Les pays émergents continuent à être les principaux acheteurs. Ils placent ainsi une partie de leurs réserves de change en or afin de crédibiliser leur politique monétaire et d’être moins dépendant du dollar qui est la première monnaie de réserve au monde (60 %). Le plus gros acheteur déclaré en 2022 a été la Turquie dont la banque centrale possède 565 tonnes d’or. La Banque populaire de Chine (BPoC) reste très présente sur ce marché, son stock d’or dépassant 2 025 tonnes. La Banque nationale du Kazakhstan est également active et possède un stock de 356 tonnes.
Philippe Crevel , Mai 2023
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