Harvard perd 350 millions de dollars dans le fonds Sowood

En 2004, Harvard a investi 500 millions de dollars dans Sowood, un fonds créé par un de ses anciens managers, Jeffrey Larson. La crise des subprimes a causé une perte de 350 millions de dollars à l’université.

La crise du marché des "subprimes" aux Etats-Unis n’a pas épargné la prestigieuse université de Harvard. Celle-ci a en effet perdu quelque 350 millions de dollars suite à son investissement dans Sowood, un Hedge Fund qui a été victime de l’écroulement du marché des hypothèques aux Etats-Unis en juillet.

A Harvard, la HMC (Harvard Management Company) est une unité chargée de placer l’argent collecté par l’université (la dotation de Harvard ou "Endowment" se monte à 29 milliards de dollars Ndlr !). Au sein de l’unité, Jeffrey Larson, qui était l’un des Investment managers, jouissait d’une excellente réputation car ses placements pour le compte de l’université ont excédé les rendements du marché (15,2 % de retour par an sur les dix dernières années). Larson aurait ainsi lui-même été payé 17 millions de dollars par l’université en 2003 à la suite de ses performances.

En mars 2004, Larson quitte la HMC pour monter son propre Hedge Fund, Sowood et emmène avec lui une équipe de 14 personnes travaillant pour la HMC. Au vu du "track record" de Larson à la HMC, Harvard a été le premier investisseur dans Sowood avec une mise de 500 millions de dollars dans le hedge fund "Alpha" de Sowood et 200 millions de dollars dans un autre fonds de Sowood spécialisé dans les matières premières. Sowood a levé au total 2,4 milliards de dollars avant de commencer ses activités courant 2004.

Le patron de Larson, Jack Meyer, (lui-même titulaire d’un MBA de Harvard) qui dirigeait depuis 10 ans la HMC et dont la stratégie de placement avait fait passer la dotation de Harvard de 12,2 milliards de dollars à 22 milliards s’est lui-même mis à son compte en quittant la HMC. Meyer a lui-même créé Convexity Capital Management, un fonds qui a récolté rapidement 6 milliards de dollars de la part d’investisseurs.

A Harvard, Meyer était considéré comme efficace, mais fortement critiqué à cause de la rémunération jugée excessive qu’il donnait aux directeurs de son équipe. Par contraste, les salaires des professeurs, qui font la réputation de la prestigieuse université, apparaissaient bien modestes en regard des salaires versés aux financiers. Le remplaçant de Jack Meyer, Mohammed El-Erian, ancien de Pacific Investment Management, a ainsi touché 2,3 millions de dollars de salaire en 2006, ainsi qu’un bonus lié aux performances réalisées. Si dans les grandes salles de marché de Wall Street ce salaire paraît banal, dans une université, même aux Etats-Unis, il est beaucoup moins courant.

La dégringolade de Sowood a entraîné quelques critiques, et va peut-être attirer davantage l’attention sur la gestion de la HMC. Quelques anciens de l’université estiment en effet que la vocation de Harvard n’est pas d’être un simple fonds de placement, et que les salaires des financiers doivent être limités. Sowood a perdu 1,6 milliards de dollars cette année et a été dissous après avoir été fermé le 30 juillet. Un des amis de Larson a dit de lui que "jusqu’à ces six dernières semaines, il avait une carrière impeccable". Larson n’a pas souhaité répondre aux questions des journalistes sur la déconfiture de son fonds.

Reste que cette perte si elle incitera sans doute Harvard à plus de prudence, n’ébranle en rien les fondations de l’université qui reste la plus riche du monde. Harvard fait figure de propriétaire forestier d’envergure et possède des participations dans des sociétés comme Infosys, un des géants de l’informatique en Inde, ou Pétrobras, la compagnie nationale pétrolière du Brésil. Avant la crise, les 53 universités américaines les plus riches avaient investi près de 18% de leur dotation dans des Hedge Funds.

Paul Monthe , Août 2007

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