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Opinion
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Nous écrivons régulièrement que les marchés financiers ne fonctionnent plus normalement et surtout librement. Cela signifie qu’il existe des distorsions de concurrence et que les bulles d’actifs financiers sont devenu es une vraie banalité.
Dans un tel contexte, l’épargnant particulier et l’investisseur professionnel se posent des questions auxquelles très franchement il est difficile de répondre
Nous tentons de répondre dans cet article à ces questions en distinguant les krachs traditionnels du passé et ce nouveau monde de mini-krachs vite absorbés et vite digérés par les investisseurs.
Nous verrons alors que, en dépit de fondamentaux qui peuvent être défavorables, il faut rester investi sur toutes les classes d’actifs financiers. A condition d’en avoir les moyens : résistance psychologique, marges de manoeuvre comptables, prudentielles et réglementaires.
Lors des krachs traditionnels, les banques centrales apportaient des réponses rapides et relativement efficaces
Aujourd’hui, les krachs ne peuvent plus durer compte tenu des effets dévastateurs qu’ils pourraient provoquer sur les épargnants, les banques et l’économie en général.
En effet, l’on sait que ce qui a drivé et continue à driver la hausse des marchés toutes classes d’actifs confondues, c’est la croyance unanime des marchés depuis septembre 2012 en une mise à disposition « éternelle » et « inconditionnelle » de liquidité par achat d’actifs des banques centrales.
Le problème c’est que cette déconnexion entre fondamentaux et liquidité peut provoquer des chocs violents sur les marchés.
Rappelons-nous deux épisodes récents de mini-krachs.
On pense à la période du printemps 2013 avec une mise en perspective de la déconnexion fondamentaux-liquidités : craintes sur la poursuite de l’expansion de la liquidité par la FED (minutes FOMC du 22/05/2013) mais perception inchangée par les marchés sur les fondamentaux de l’économie. Cette situation va entraîner des baisses des actifs financiers, toutes classes d’actifs confondues, et un renversement temporaire de la psychologie des marchés. De la même façon que les marchés avaient été euphoriques en dépit des fondamentaux et à cause de l’abondance de liquidité, ils vont alors provoquer des mini krachs ponctuels sur toutes les classes d’actifs en dépit des fondamentaux (ni meilleurs, ni pires qu’auparavant) et à cause de craintes plus ou moins fondées de reprise de liquidité.
On peut aussi citer la folle journée du 15 Octobre 2014 avec là aussi une mise en perspective de la déconnexion fondamentaux-liquidités. Mais cette fois-ci les craintes portent sur une détérioration brutale des fondamentaux (accident statistique sur les ventes de détail US, craintes du retour systémique en zone Euro…) ; et non sur la situation de la liquidité mondiale créée par les banques centrales : on sait à l’époque que la FED va arrêter son QE fin octobre, que la Bank of England est neutre, que la BCE va poursuivre son expansionnisme monétaire et que la Bank of Japan s’apprête à accroitre également son assouplissement quantitatif (les marchés l’anticipent pour la fin janvier 2015 et cet assouplissement interviendra dès le 31 octobre 2014).
Il faut cependant mentionner que la violence de ces mini-krachs est accentuée par les nouveaux modes de négociation des instruments financiers, lesquels nouveaux modes génèrent une baisse globale de la liquidité de certains marchés et donc des décalages de prix aussi brutaux qu’inexpliqués (c’est ce que l’on appelle désormais les flash cracks à l’image de ce 15 octobre et des 0,40% de variation des taux des emprunts d’état US à 10 ans en quelques minutes – soit une variation de près de 3% des prix de ces actifs).
A chaque fois que la déconnexion fondamentaux-liquidité (qui est pourtant une évidence) sera mise en lumière sous une forme ou sous une autre, il faudra s’attendre à de violentes secousses sur les marchés et à des mini-krachs qui seront cependant vite absorbés par une communication ultra-accommodante des banquiers centraux (remise en cause d’une hausse des taux directeurs anticipée, création d’anticipations d’assouplissements monétaires, discours laissant entrevoir des actions non conventionnelles encore plus agressives : montants, diversité des actifs financiers devant faire l’objet de futurs QE,…)
Surveillez donc ces risques de déconnexion qui seront à l’origine des mini-krachs de demain
En tout cas, dans ces moments de krach violent mais éphémère, ceux qui en profiteront seront ceux qui ont du cash et qui peuvent se renforcer en actifs financiers et ceux qui sont des investisseurs de long terme pouvant tenir leurs positions
Par contre, ceux qui ont des contraintes réglementaires et prudentielles fortes seront obligés de s’abstenir d’investir durant ces fortes corrections voire de couper des positions.
Ce qui est dramatique en tout cas, c’est que dans un sens comme dans l’autre les marchés (indistinctement géographiquement, sectoriellement, par type de classe d’actif) dépendent aujourd’hui quasi-exclusivement de la liquidité banque centrale et qu’il n’y aura pas de demi tendances. Soit ils continuent à monter en dépit du bon sens en se « shootant » avec leur EPO Banque centrale ; soit ils chutent encore plus violemment avec l’idée que l’EPO sera brutalement supprimé … Il ne semble donc pas compte tenu de leur nature excessive qu’ils puissent évoluer de manière plus ordonnée dans un scénario de désintoxication progressive. Il faut aussi avoir en tête la forte mondialisation de la finance et la corrélation des portefeuilles : les premières grosses pertes matérialisées sur certains actifs par des investisseurs les obligeraient à vendre en catastrophe d’autres types d’actifs pour compenser des moins-values.
C’est la raison pour laquelle l’aléa moral va persister et qu’à chaque anticipation de krach ou matérialisation de début de krach, les banques centrales seront malheureusement (pour l’équilibre économique et financier) ou heureusement (pour les traders, hedge funds et autres investisseurs) contraintes d’intervenir par la communication directe ou indirecte de nouvelles actions d’agressivité monétaire (cf la communication Draghi de juillet 2012 pour « sauver » la zone Euro : « à l’intérieur de son mandat, la BCE est prête à faire toute ce qui est nécessaire pour sauver l’euro. Et croyez-moi, ce sera suffisant. » ; ce que l’on appelle désormais sur les marchés le « whatever it takes ? »).
Mory Doré , Mai 2015
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