Reports et annulations des IPO face à une croissance mondiale incertaine

Durant cette période, de nombreuses entreprises désireuses de s’introduire en bourse se sont finalement abstenues au vu des inquiétudes de plus en plus fortes quant à la croissance économique mondiale, en particulier en Chine, mais également en raison de la crise de la dette qui se poursuit dans la zone euro. Les indices de volatilité ont ainsi atteint leur plus haut niveau depuis novembre 2011.

D’après les conclusions de l’étude « IPO Watch Europe » [1] de PwC, alors que le marché européen des IPO présentait des signes encourageants au premier trimestre, l’activité a considérablement ralenti au cours du deuxième trimestre. En effet, les 80 opérations réalisées ont levé seulement 0,7 milliard d’euros, le nombre d’IPO et les fonds levés ont chuté respectivement de 40 % et 95 % en glissement annuel. Pour mémoire, au deuxième trimestre 2011, 134 opérations avaient généré 13,4 milliards d’euros (dont 6,9 milliards d’euros grâce à l’introduction en bourse de Glencore). Ce ralentissement résulte non seulement de la conjoncture difficile mais également du fait qu’un grand nombre d’entreprises ont reporté leur IPO de 6 à 12 mois en raison de la dégradation des conditions de marché qui a marqué le second semestre de 2011.

Le marché européen des IPO a été le plus durement touché parmi les principaux marchés et risque de demeurer atone pendant une bonne partie du second semestre en attendant un regain de confiance de la part des investisseurs et des marchés.

Selon Philippe Kubisa, associé PwC spécialiste des marchés de capitaux, « Compte tenu de la rigueur de la conjoncture, les entreprises désireuses de poursuivre leur introduction en bourse - elles sont encore nombreuses - seront confrontées à d’importants obstacles à court terme. Les émetteurs doivent être patients, réalistes quant à leur valorisation, et bien préparés à entrer sur les marchés lorsque la conjoncture économique mondiale s’améliorera. Cependant, à l’aube de la traditionnelle accalmie de l’été, il est difficile d’imaginer une reprise significative avant la fin de l’année. »

En Europe, les deux opérations les plus importantes au cours de ce trimestre ont été réalisées par Brunello Cucinelli, fabricant italien de pulls en cachemire, et par NMC Healthcare, fournisseur de services de santé situé à Abu Dhabi, dont les introductions sur le Borsa Italiana et le Main Market de Londres ont respectivement levé 158 millions d’euros et 142 millions d’euros.

Seules 3 IPO ont été réalisées à Paris au cours de ce trimestre, levant 42,8 millions d’euros, soit une hausse de 31 % en valeur par rapport au deuxième trimestre 2011 pour un volume équivalent, lorsque 3 IPO avaient levé 29,7 millions d’euros.

Selon Thierry Charron, associé PwC spécialiste des marchés de capitaux, « L’activité des IPO est pour le moins morose. Toutefois, l’intérêt manifesté par les entreprises désireuses de s’y introduire est toujours aussi grand, en particulier de la part d’entreprises issues des marchés émergents. Les opportunités étant de plus en plus rares sur les marchés, les entreprises se préparent plus que jamais à réaliser des IPO dès que l’occasion se présentera à nouveau. »

Aux États-Unis, le deuxième trimestre a très bien démarré avec 27 IPO rien qu’au cours des deux premiers mois. Cependant, l’activité a stagné en mai en raison des inquiétudes actuelles sur le plan macroéconomique, tant au niveau national qu’international. L’introduction en bourse de Facebook a généré 12,5 milliards d’euros, portant ainsi à 16,5 milliards d’euros le total des fonds levés au deuxième trimestre 2012, soit une augmentation de 66 % en glissement annuel. Ce montant se classe en troisième position parmi les meilleurs résultats trimestriels enregistrés depuis 2007.

Les marchés asiatiques, en particulier celui de Hong Kong, ont été sensiblement affectés par un grand nombre de retraits d’IPO (Graff Diamonds, China Nonferrous Metal Mining et China Yongda Automobile Services). Au cours du premier semestre 2012, 117 IPO ont été réalisées sur les marchés de la Grande Chine, levant ainsi 10,5 milliards d’euros, soit une chute de 49 % en volume et de 74 % en valeur par rapport à la même période l’année dernière (229 IPO pour un montant total de 40,2 milliards d’euros). En ce qui concerne les autres marchés asiatiques, le Malaysian Stock Exchange a été le théâtre de la deuxième IPO la plus importante de l’année après celle de Facebook, Felda ayant levé 2,4 milliards d’euros en juin 2012.