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Remise en question de la ‘nouvelle norme’

Personne n’avait prévu, au plus fort de la crise financière mondiale, qu’il faudrait autant de temps pour que l’économie mondiale se remette et que les banques centrales allaient devoir mettre en place des mesures sans précédent pour soutenir les marchés de capitaux.

L’aversion au risque, le renforcement des conditions de crédit et la réticence des sociétés à engager des capitaux ont contribué au maintien des taux de croissance à des niveaux relativement bas.

Il semble évident, après sept ans de contexte économique difficile et de politiques réactives, que les choses ne seront jamais les mêmes et la baisse irréversible de la croissance tendancielle apparait désormais comme la ‘nouvelle norme’.

De nombreux éléments ont contribué à ces prévisions négatives. La dette publique est montée en flèche et la viabilité du fardeau de la dette est remise en question : les pays devront enregistrer une croissance solide pour corriger la situation ou réduire la valeur réelle de leurs dettes en encourageant une inflation modeste (le défaut n’est pas une option intéressante et un remboursement est peu probable). De plus, les cycles successifs d’achats d’actifs agressifs, prises par la plupart des banques centrales des pays développés, ont contribué à la détérioration de leurs bilans et il est difficile de déterminer de quelle façon ils vont pouvoir les ramener à leurs niveaux d’avant crise (pour autant qu’ils y réussissent). Aux Etats-Unis, le bilan de la Fed affiche 4 300 milliards de dollars US d’actifs.

A l’opposé, les sociétés ont remboursé leurs dettes ou conservé leurs liquidités. La réticence des sociétés à investir ou à engager leur fonds propres a conduit à une chute de la productivité, ce qui affecte généralement les pays développés à économie de marché. Elles ont commencé à faire preuve de prudence au cours de la crise financière mondiale qui a détruit de façon rapide le capital humain et matériel.

Les disciples de la ‘nouvelle norme’ montrent également du doigt les changements à long-terme survenus au sein des pays émergents.

Les modèles de croissance des pays émergents, basés sur une croissance solide alimentée par les exportations et sur des capitaux bon marché et abondants, ont évolué en raison de circonstances particulières. La demande extérieure pour les produits asiatiques a chuté, le secteur chinois de la construction a atteint sa maturité et il semble que le super-cycle des matières premières soit terminé. Les pays émergents ont principalement besoin de se restructurer et de chercher des solutions alternatives, plus axées sur le marché intérieur, pour pousser la croissance à la hausse.

De même, ceux qui s’attendent à une ‘stagnation séculaire’ à long-terme de l’économie mondiale prédisent également que les politiques monétaires des banques centrales enregistreront un changement plus permanent : la croissance mondiale s’affaiblissant et devenant plus modeste, leur théorie repose sur le fait que les taux d’intérêt des banques centrales resteront bloqués en dessous de leur niveau d’avant crise. Ce thème de ‘plus faible pour plus longtemps’ va encore plus loin dans la notion de la ‘nouvelle norme’ et est appelé la ‘nouvelle référence neutre’.

Bien que ces arguments soient convaincants et s’appuient sur une analyse et une recherche ingénieuse, nous ne pouvons pas nous empêcher de penser que cette thèse est en fin de compte relativement unilatérale.

Les nouvelles récentes publiées au sujet de la confiance, du sentiment, de l’emploi, du logement, de la construction, de la production et des flux financiers, suggèrent qu’une partie de l’économie et des marchés financiers fonctionnent parfaitement. L’avenir ne sera peut-être pas aussi morose.

Patricia Kaveh , Août 2014

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