Les valeurs décotées ont la cote

L’environnement de marché actuel plaide à la fois pour une gestion flexible du risque et pour la sélection de titres fortement décotés...

Depuis le début de l’année, les marchés sont sans tendance et fluctuent, parfois de manière brutale, au gré des nouvelles macro-économiques. Qu’il s’agisse des interrogations sur l’essoufflement de la croissance économique mondiale, des risques de dérapages inflationnistes ou de l’impact de la fin de l’assouplissement quantitatif de la Fed, la Bourse est incapable de prendre une direction franche et durable. Cette situation semble appelée à durer tant que les investisseurs n’auront pas le sentiment d’avoir plus de visibilité sur l’évolution future de l’économie.

Dans ce contexte, malgré des niveaux de valorisation raisonnables et des publications de résultats globalement bien orientées au cours du premier trimestre, la prime de risque sur les actions est élevée. Du coup, les investisseurs doivent piloter au mieux le couple risque-rendement de leurs portefeuilles, en combinant une sélection attentive des titres et une gestion appropriée du risque, avec l’objectif d’éviter ou de limiter toute perte en capital.

Adopter une approche patrimoniale dans un tel environnement de marché peut s’avérer une bonne solution qui peut être mise en oeuvre de deux façons complémentaires : le stock picking et la gestion du taux d’investissement en actions.

La sélection de titres décotés de sociétés ayant une stratégie claire et un management de qualité permet d’avoir en portefeuille des actions moins volatiles que le reste du marché. S’ils sont achetés avec une marge de sûreté suffisante, ces titres offrent un potentiel d’appréciation significatif du capital, pour peu que les catalyseurs d’une revalorisation boursière soient correctement identifiés.

Les opportunités d’investissement sont encore nombreuses, tant dans l’univers des valeurs petites et moyennes que des grandes capitalisations, le marché ayant parfois du mal à apprécier à leur juste valeur certains titres ou secteurs d’activité. On peut citer à titre d’illustration des valeurs « défensives » dans le secteur des télécoms (Telefonica, Téléperformance), mais également d’autres secteurs comme la technologie (Parrot, Store Electronic Systems, Bull), l’hôtellerie (Pierre &Vacances), la santé (Sanofi-Aventis) ou l’énergie (Total, Eni).

Pierre & Vacances est un cas intéressant. Depuis l’arrivée d’un nouveau dirigeant, cet opérateur de centres de loisirs s’est engagé dans un effort de repositionnement de ses marques, de rationalisation de ses outils de commercialisation et de ses systèmes d’information. Il devrait générer 50 millions d’euros d’économies et plus de 100 millions additionnels de chiffres d’affaires. En l’absence de nouveaux projets immobiliers, Pierre & Vacances dispose d’un potentiel conséquent de redressement de ses résultats aujourd’hui encore mal pris en compte par le marché.

Le secteur de la santé est lui aussi emblématique de la vision excessivement pessimiste que peut parfois avoir le marché. Celui-ci estime, à tort, qu’à cause de la concurrence croissante des génériques, les groupes pharmaceutiques vont perdre une part significative de leurs profits sans pouvoir combler ce manque à gagner. Le risque générique est une réalité, mais la réduction de chiffre d’affaires qu’il provoque est en partie réalisée. Or, depuis plusieurs années maintenant, certaines sociétés, comme Sanofi, ont réagi. Le français s’est engagé dans une stratégie de développement assise sur plusieurs relais de croissance (vaccins, génériques, OTC, santé animale et marchés émergents). Le rachat de Genzyme est une autre piste de redressement de la profitabilité.

Ces éléments ne justifient que le titre se traite aujourd’hui sur un ratio de bénéfice de 7-8x. Idem pour les majors européennes du pétrole et du gaz, dont les cours actuels intègrent un prix du baril de pétrole de 45-50 dollars, quand celui-ci cote actuellement plus de 100 dollars et devrait, sur longue période, évoluer autour de 80 dollars.

L’analyse rigoureuse, à la fois qualitative et quantitative des sociétés, permet de mettre en évidence de telles anomalies de valorisation. Cette démarche de stock-picking peut être utilement complétée par une approche top-down permettant de déterminer, au gré de l’évolution des différentes classes d’actifs, un taux d’investissement du portefeuille dans la poche actions. Ce deuxième levier permet de faire évoluer la prise de risque et de préserver ainsi le capital géré.

Cyril Charlot , Emeric Préaubert , Mai 2011

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