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Les marchés financiers confrontés à la mauvaise surprise du Brexit

Les marchés n’ont pas subi un tel bouleversement depuis la crise financière de 2008. Ils vont maintenant devoir faire face à plusieurs mois d’incertitudes, selon les gérants de Robeco pour les principales classes d’actifs.

  • L’allocation d’actifs de Robeco vise à limiter les risques et à maîtriser la volatilité
  • Le fonds Robeco Global Total Return Bond se positionne pour des courbes de rendement plus plates
  • Le fonds en actions phare recherche des opportunités post-Brexit spécifiques aux actions détenues

Les Britanniques ont créé la surprise dans le monde entier en votant à 52 % en faveur du départ de l’Union européenne lors d’un référendum historique, qui entraîne la démission du Premier ministre David Cameron. La livre a décroché pour atteindre son niveau le plus bas par rapport au dollar depuis 1985. Motifs : les craintes concernant les transactions commerciales après la sortie du Marché unique, la possibilité d’une récession et des années de discorde et d’incertitudes.

A 8h ce matin, heure de Londres, la livre Sterling avait chuté de plus de 8 % contre le dollar américain, à 1,33 USD, et de plus de 7 % contre l’euro, à 1,21 EUR. Le rendement du Gilt britannique à 10 ans a perdu 30 points de base et l’indice FTSE-100 des principales valeurs a chuté de 9 % à l’ouverture.

Correction sur les marchés

« Les marchés prévoyaient que le maintien dans l’UE l’emporterait. Ils se retrouvent donc face à une mauvaise surprise », explique Lukas Daalder, Directeur de l’investissement de Robeco Asset Allocation. « Ce résultat va entraîner une forte volatilité et beaucoup d’incertitudes dans les jours et les semaines à venir, avec dans un premier temps peu de prises de risque. »

« Au lieu de nous concentrer sur cette volatilité à court terme, nous préférons envisager l’évolution de la situation une fois que le choc initial sera passé. » Pour Lukas Daalder, une récession semble probable au Royaume-Uni, en raison des baisses des investissements et des incertitudes qui limitent les dépenses des consommateurs. Concernant l’Europe, les conséquences dépendront surtout des tensions liées à cette séparation, ainsi que de l’impact négatif de la confiance des producteurs. Le scénario le plus probable est une baisse de la croissance, mais pas une récession. Quant aux États-Unis, les effets devraient rester limités.

« Les marchés ont tendance à surréagir, donc il n’est pas souhaitable de vendre à tout prix »

« D’après ces hypothèses, nous pensons qu’une correction à moyen terme de 10 % sur les titres européens est à prévoir, ainsi qu’une baisse de la livre d’environ 15 % contre le dollar américain. Mais à court terme, il ne fait aucun doute que les marchés vont aller beaucoup plus loin. Malgré un environnement à faible rendement, nous pensons que les emprunts d’État vont servir une fois de plus de valeur refuge, tandis que les spreads de crédit vont augmenter. »

« Nous cherchons à limiter cette position risquée, mais pas à tout prix : les marchés ont tendance à surréagir, donc il n’est pas souhaitable de vendre à tout prix. Nous restons légèrement surpondérés en termes de risques dans nos portefeuilles, mais cette surpondération est couverte par une position courte sur la livre britannique. Au final, nous prévoyons que l’impact sur nos portefeuilles multi-actifs ne sera pas perceptible. »

Possibilité de contagion

Sur les marchés obligataires, l’attention va se tourner vers la contagion possible du Brexit à d’autres pays de l’UE, selon Kommer van Trigt, gérant du fonds Robeco Global Total Return Bond et directeur de Global Fixed Income Macro.

« Les marchés réagissent violemment au vote britannique en faveur du départ de l’UE : les rendements des emprunts d’État ont chuté, les spreads de crédit augmentent et la livre britannique connaît sa plus forte baisse depuis 30 ans », explique-t-il. « La principale question est de savoir quelles conséquences aura le Brexit sur le paysage politique en Europe. Quel sera le prochain pays à partir ? Quels seront les effets sur les élections à venir en Espagne ? »

« Nous ne prévoyons pas une nouvelle crise de la dette souveraine comme en 2011/2012 »

Pour Kommer van Trigt, la Banque centrale européenne et la Réserve fédérale américaine vont certainement faire des déclarations et mettre en place des mesures pour soutenir les marchés. « Alors que la BCE est déjà active sur le marché, nous ne prévoyons pas une nouvelle crise de la dette souveraine comme en 2011/2012, mais cela m’empêche pas un fléchissement sur les marchés périphériques », poursuit-il.

« Le fonds Robeco Global Total Return Bond se positionne pour des courbes de rendement plus plates. Les rendements des emprunts d’État sur les marchés matures sont en baisse, ce qui aura selon nous un effet positif sur le fonds. Le fonds est orienté vers les titres de créance subordonnés, dont certains proviennent du Royaume-Uni. Ces positions ont été atteintes, mais nous ne pensons pas que les banques britanniques rencontreront de graves problèmes de financement. Le fonds n’est pas exposé à la dette souveraine périphérique, ce qui devrait soutenir la performance globalement. »

Anti-conformiste sur les marchés de crédit

Le vote surprenant en faveur du Brexit souligne l’importance d’être anticonformiste sur les marché de crédit, expliquent Victor Verberk et Sander Bus, co-directeurs de l’équipe Crédits. « A l’ouverture ce matin, les marchés de crédit étaient très faibles après le vote en faveur du Brexit. Les indices Itraxx Main et Crossover ont ouvert respectivement à 30 et 100 points de base supplémentaires. Après quelques heures de transactions, nous observons progressivement des acheteurs qui agissent tous de la même façon. »

« Nous sommes convaincus qu’il est préférable de se montrer anti-conformiste face à ce type d’événement. Vendre après un résultat inattendu comme celui-ci n’est jamais une bonne idée. La valeur de l’actif net des fonds va diminuer, mais Robeco a des procédures de juste valeur pour protéger nos investisseurs. Les marchés de crédit bénéficient toujours du solide soutien des politiques des banques centrales, qui pourrait être renforcé par une nouvelle action coordonnée. »

« La volatilité peut créer des opportunités induites par le comportement irrationnel des investisseurs »

« L’environnement de marché actuel a des conséquences importantes sur nos fonds Investment Grade et High Yield. Concernant le rendement total, les fonds de Robeco qui seront les plus touchés sont les suivants : Financial Institutions Bonds, Global Credits, Global et European High Yield. La volatilité peut créer des opportunités induites par le comportement irrationnel des investisseurs. Les gérants de Robeco sont prêts à repérer toute anomalie d’investissement si elle se présente. »

Éviter les actions

Pour les actions, la sélection des futurs gagnants sera cruciale lorsque les marchés plongeront à l’annonce du Brexit, explique Mark Glazener, gérant du fonds en actions Robeco NV.

« Le Brexit se produit à une période où l’économie mondiale connaît déjà une faible croissance. La variation des taux de change ne fera qu’aggraver la situation. La hausse du dollar américain va freiner la croissance aux États-Unis, tandis que la hausse du yen japonais freinera la croissance au Japon. Les incertitudes en Europe et au Royaume-Uni entraîneront une baisse de la croissance dans ces régions. En Europe, les marchés pourraient bien commencer à refléter les risques de voir d’autres pays quitter l’UE, voire l’euro. Les événements vont aussi entraîner une baisse de la croissance des bénéfices dans le monde entier. »

« Il ne s’agit pas pour nous d’une opportunité d’achat pour les actions »

« Par conséquent, il ne s’agit pas pour nous d’une opportunité d’achat pour les actions. Dans le portefeuille, nous sommes bien ancrés aux États-Unis et au Canada, qui seront relativement moins touchés. Nous avons vendu une position à terme au Royaume-Uni afin de neutraliser le risque pays. Au Royaume-Uni, nous n’avons pas de banque locale ni d’immobilier. Les titres que nous possédons au Royaume-Uni réalisent une grande partie de leurs ventes à l’étranger, si bien que dans ce cas, la dépréciation de la livre britannique devrait être un facteur positif. Nous détenons également des positions dans des sociétés financières européennes comme ING et Intesa, qui devraient être particulièrement touchées en termes de cours des actions. »

« Comme toujours, ces dislocations de marché stressent les participants et fragilisent donc les opportunités, en particulier pour les titres individuels. Nous allons rechercher toutes les opportunités possibles de ce type. »

Next Finance , Juin 2016

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