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Le marché européen du high yield demeure hésitant

Selon Pictet, la volatilité pourrait persister au cours des prochaines semaines, tout en générant des opportunités. La prime de liquidité a également été rétablie. Globalement, la situation macroéconomique, associée à des fondamentaux convenables, plaide en faveur de l’investissement high yield en Europe...

Un environnement favorable au crédit

Le marché high yield a connu un mois d’octobre en dents de scie. Les chiffres macroéconomiques ont confirmé la stagnation de la croissance européenne. En octobre, des rumeurs – immédiatement démenties – laissaient entendre que la BCE achèterait des obligations d’entreprise. La Banque centrale a par contre lancé un programme d’achat d’obligations sécurisées d’un montant maximum de 1,7 milliard d’euros, revenant ainsi sur le marché pour la troisième fois en six ans. L’examen de la qualité des actifs a fait ressortir la faiblesse des banques italiennes. En revanche, toutes les banques espagnoles et allemandes ont passé l’examen avec succès. La banque la plus ancienne du monde, Monte Paschi di Sienna, notée B+, a échoué au test de résistance. Globalement, malgré l’échec de quelques banques au test, les primes de risque du secteur bancaire se sont réduites à la suite de ces nouvelles. Le climat économique actuel encourage les autorités de la zone euro, et plus particulièrement la BCE, à poursuivre leurs mesures accommodantes, afin de prévenir la déflation.

L’actualité des entreprises

Les risques spécifiques ont dominé l’actualité en octobre. La société italienne Manutencoop et l’agence de voyage espagnole Luxgeo ont été en première ligne. Le siège de Manutencoop a été perquisitionné par les autorités anticorruption italiennes, événement qui a fait plonger la dette senior garantie de la société à 70. Dès le lendemain, elle était revenue à 88. Luxgeo, qui exploite l’agence de voyage en ligne Opodo, est pressé par British Airways et Iberia d’assurer la transparence de ses prix. A la suite de la publication de cette information par un journal espagnol, la dette subordonnée de la société est tombée à des niveaux sinistrés en quelques heures, avant de rebondir fortement.

Ces deux événements ont rappelé que le risque spécifique constituait un aspect essentiel dans le domaine du high yield. Ils ont également illustré l’intensité de l’inquiétude régnant parmi les investisseurs, malgré des fondamentaux solides.

Notations

S’agissant des notations, Nokia a été mis sous surveillance positive par Moody’s après des résultats meilleurs que prévu en 2014 et une révision à la hausse de ses prévisions pour l’année. Le constructeur automobile français Peugeot a été, lui aussi, mis sous surveillance positive par Fitch après la publication de ventes de véhicules meilleures que prévu. La Chine représente désormais un quart du chiffre d’affaires de la société. Parmi les nouvelles émissions – dont le nombre a diminué – figuraient quelques opérations de refinancement comme Schaeffler, Grand City Properties et New Europe Property Investments. Les primo-émetteurs ont été absents au cours du mois. Malgré ce ralentissement, le montant total émis depuis le début de l’année a atteint un plus haut historique en Europe, à 75 milliards d’euros, dont environ 45% de dette senior garantie. Au Royaume-Uni, le producteur de poulets Moy Park a été relevé à B+ par Standard & Poor’s fin octobre. Tesco a été rétrogradé à BBB- et mis sous surveillance négative par Moody’s. Quelques investisseurs anticipent déjà un prochain passage en high yield de cette société, dont les pratiques comptables antérieures permettaient de surévaluer certains actifs.

Perspectives

Le taux de défaut devrait rester faible tant que la politique de la BCE continuera de soutenir la zone euro.

Les risques spécifiques demeurent un aspect central en high yield. La saison des résultats a tout juste commencé, ce qui devrait améliorer la liquidité à court terme. Au cours des prochaines semaines, les moteurs de performance relèveront davantage de facteurs liés au marché comme les flux, les émissions, la volatilité et les mesures des banques centrales. Ces dernières domineront également l’actualité, car la Fed s’apprête à réduire le QE vers la fin de l’année et la Banque d’Angleterre pourrait être la première banque centrale à relever ses taux. Quant à la BCE, elle pourrait être obligée de réagir plus fortement aux récentes évolutions macroéconomiques négatives. Cette situation devrait maintenir les taux à un niveau bas pendant de nombreux mois en Europe. La volatilité pourrait persister au cours des prochaines semaines, tout en générant des opportunités. La prime de liquidité a également été rétablie. Globalement, la situation macroéconomique, associée à des fondamentaux convenables, plaide en faveur de l’investissement high yield en Europe.

Pictet , Novembre 2014

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