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La pyramide mondiale des richesses

Le rapport sur la richesse mondiale du Credit Suisse, lorsqu’il examine, au travers du prisme que constitue la « pyramide des richesses », le schéma de propriété de la richesse au sein de la population mondiale adulte, n’analyse pas seulement les échelons supérieurs des détenteurs de richesse, mais aussi les sections « moyenne » et « inférieure » de la pyramide, ce que les autres études ont tendance à ne pas faire.

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La pyramide mondiale des richesses

De nombreux facteurs contribuent aux inégalités de richesse personnelle constatée entre les individus. A une extrémité, on trouve les personnes en début de carrière, qui n’ont pas eu beaucoup d’occasions ni d’incitations à accumuler des avoirs, les personnes ayant essuyé des revers professionnels ou personnels, ainsi que les personnes qui, tout simplement, vivent dans des parties du monde où les occasions de créer de la richesse sont très limitées. A l’autre extrémité, on trouve les personnes qui ont acquis une fortune importante grâce à leur talent et à un travail acharné, ou tout simplement parce qu’elles étaient au bon endroit au bon moment.

La pyramide des richesses

La pyramide des richesses illustrée par le graphique détaille de façon saisissante ces différences de richesse. Elle comporte une base large constituée des personnes détenant peu de richesses, tandis que ses échelons supérieurs comportent progressivement de moins en moins de personnes. Les données de la pyramide proviennent de nos estimations pour le milieu de l’année 2012 et nous fournissent ainsi une image instantanée de la répartition de la richesse entre les membres de la population adulte. Alors que les caractéristiques générales se modifient plutôt lentement au cours du temps, les différentes strates sont très fluides et leurs différents occupants sont extrêmement mobiles, restant rarement au même endroit toute leur vie. Ainsi, tandis que la strate supérieure de la pyramide reste le principal vecteur des flux d’actifs privés et des tendances d’investissement, les détenteurs de richesse émergeant dans les segments moyen et inférieur sont considérés, à juste titre, comme des sources de fort dynamisme, à l’origine de nouvelles tendances de consommation et de mutations industrielles.

Potentiel pour de nouveaux produits de consommation visant la base et le milieu de la pyramide

En 2012, nous estimons que 3,2 milliards de personnes (plus des deux-tiers de la population mondiale adulte) disposent d’une fortune inférieure à 10’000 USD et qu’un milliard de personnes (23% de la population adulte) possèdent une fortune comprise entre 10’000 et 100’000 USD. Alors que la détention moyenne de richesse est modeste dans les segments inférieur et moyen de la pyramide, la richesse totale représente 39’000 milliards USD, ce qui souligne le potentiel pour de nouveaux produits de consommation et pour le développement de services financiers visant ce segment souvent négligé. Les 373 millions de personnes restantes (soit 8% de la population adulte mondiale) possèdent une fortune supérieure à 100’000 USD.

La composition de la pyramide des richesses de 2012 est en grande partie similaire à celle de l’année précédente, hormis le fait que la diminution globale de la richesse totale augmente le pourcentage des adultes se trouvant dans le segment de base, qui passe ainsi de 67,6% à 69,3% et réduit du même pourcentage la part de la population se trouvant dans les segments supérieurs de la pyramide.

La base de la pyramide

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Répartition régionale des strates de la richesse mondiale

Les différentes strates de la pyramide des richesses présentent des caractéristiques distinctes. Bien que la présence des occupants du niveau de base soit largement attestée dans chacune des régions, on observe une représentation élevée et disproportionnée de l’Inde et de l’Afrique, tandis que l’Europe et l’Amérique du Nord sont, de ce fait, sous-représentées. La tranche inférieure est celle qui présente la distribution la plus régulière parmi les différentes régions et pays, mais c’est aussi la tranche la plus hétérogène car elle couvre toute une série de situations familiales. Dans les pays développés, seuls 30% de la population environ relèvent de cette catégorie et, pour la plupart de ces personnes, l’appartenance à cette tranche est un phénomène transitoire ou de leur cycle de vie, lié à la jeunesse, à la vieillesse ou à des périodes de chômage. A l’inverse, plus de 90% de la population adulte indienne et africaine se trouvent dans cette tranche. Dans de nombreux pays africains à faible revenu, le pourcentage de la population concernée avoisine 100%. De ce fait, pour de nombreux habitants des pays défavorisés, l’appartenance, pendant toute leur vie, à la tranche inférieure constitue la norme plutôt que l’exception.

Richesse de la classe moyenne

Dans la distribution mondiale de la richesse, le segment d’un milliard d’adultes dont la fortune est comprise entre 10’000 et 100’000 USD constitue la classe moyenne. La richesse moyenne détenue par cette population est proche de la moyenne mondiale pour tous les niveaux de richesse, et la richesse totale du segment, soit 32’000 milliards USD, donne à celui-ci un poids économique considérable. La composition régionale de ce niveau correspond à la structure globale, quoique l’Inde et l’Afrique soient sous-représentées. La comparaison de la Chine et de l’Inde se révèle particulièrement intéressante. 3% seulement de la classe moyenne mondiale résident en Inde et ce pourcentage n’a guère varié ces dernières années. A l’inverse, la quote-part de la Chine augmente rapidement et représente désormais plus d’un tiers des occupants du segment, soit dix fois plus que l’Inde.

Le segment « richesse élevée » de la pyramide

La composition régionale est sensiblement différente pour les 373 millions d’adultes qui, dans le monde entier, constituent le segment « supérieur » de la pyramide des richesses, c’est-à-dire les personnes disposant d’une fortune nette supérieure à 100’000 USD. L’Amérique du Nord, l’Europe et la région Asie-Pacifique totalisent 89% des personnes constituant ce groupe, l’Europe abritant à elle seule 141 millions de personnes (soit 38% du total). Ce chiffre est à comparer avec les 2,4 millions d’adultes de ce groupe résidant en Inde (0,6% du total mondial) et avec un nombre similaire de personnes résidant en Afrique.

Trois facteurs déterminent le segment de la richesse élevée dans un pays

Dans un pays donné, le nombre de personnes à la tête d’une fortune supérieure à 100’000 USD dépend de trois facteurs : la taille de la population, le niveau moyen de richesse et les inégalités des richesses dans le pays concerné. En 2012, quinze pays seulement accueillent plus de 1% des membres de ce segment. Les Etats-Unis sont en tête, avec 21% du total. Dans ce pays, les trois facteurs se renforcent l’un l’autre : une population importante, conjuguée à une richesse moyenne élevée et à une distribution inégale de la richesse. A la deuxième place, le Japon talonne les Etats-Unis, ce qui fait de lui le seul pays remettant en cause l’hégémonie américaine dans le classement des pays les plus riches. Bien que la position relative du Japon ait diminué au cours des vingt dernières années en raison des médiocres performances de ses marchés boursiers et immobiliers, ce pays abrite 18% des personnes dont la fortune est supérieure à 100’000 USD, soit 2% de plus que l’année précédente.

Progression spectaculaire de la Chine, déclin des pays européens

Les pays les plus peuplés de l’UE (Italie, Royaume-Uni, Allemagne et France) représentent chacun entre 6% et 8% du segment de la richesse élevée, la part des occupants de ce segment ayant légèrement baissé dans chacun de ces pays au cours de l’année. Pendant de nombreuses années, ces pays ont occupé les places trois à six des classements mondiaux ; cette année toutefois, la Chine a délogé la France de la sixième place, ce qui représente une progression spectaculaire de ce pays par rapport à sa situation de 2000, où sa représentation dans les groupes supérieurs de richesse était trop faible pour être comptabilisée. D’autres nouveaux pays industrialisés, à savoir le Brésil, la Corée et Taïwan, dénombrent au moins quatre millions d’habitants à la tête d’une fortune nette supérieure à 100’000 USD. Le Mexique représentait plus d’1% du groupe en 2011 mais est passé sous ce chiffre en 2012.

Haut de la pyramide

Pour les millionnaires du monde entier occupant le haut de la pyramide, on constate de nouveau une modification du schéma de répartition. Par comparaison avec les personnes dont la fortune dépasse 100’000 USD, la proportion des résidents des Etats-Unis est presque double, avec 39%, tandis que les pourcentages de la plupart des autres pays sont en baisse. Il y a cependant des exceptions. La France se hisse à la troisième place du classement, tandis que la Suède et la Suisse rejoignent le groupe des pays abritant plus d’1% des millionnaires mondiaux.

Changement de la répartition au sein du « groupe des millionnaires »

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Evolution du nombre de millionnaires par pays entre 2011 et 2012

Les évolutions des niveaux de richesse intervenues depuis le milieu de l’année 2011 se répercutent sur le schéma de répartition de la richesse. La diminution générale de la richesse moyenne a entraîné une hausse du pourcentage d’adultes dont la fortune est inférieure à 10’000 USD (de 67,6% mi-2011 à 69,3% mi-2012), ainsi qu’une baisse d’un peu plus d’un million du nombre de millionnaires. On a enregistré 962’000 nouveaux millionnaires aux Etats-Unis et 460’000 au Japon, mais aucune hausse significative dans les autres pays. En revanche, l’Europe a perdu près de 1 800’000 millionnaires en USD, plus particulièrement en Italie (–374’000), en France (–322’000), en Allemagne (–290’000), au Danemark (–179’000), en Suède (–142’000) et en Espagne (–87’000). Dans le groupe des dix principaux perdants, on compte aussi l’Australie, le Canada, le Brésil et Taïwan.

Personnes fortunées

Il faut une grande ingéniosité pour évaluer le schéma de détention d’un patrimoine supérieur à 1 million USD, car au niveau des grandes fortunes, les sources habituelles de données, à savoir les statistiques officielles et les enquêtes par sondage, deviennent de moins en moins complètes et de moins en moins fiables. Nous surmontons ce déficit de données en exploitant les régularités statistiques bien connues des sections supérieures de distribution de la richesse de telle sorte que le segment extrême des grandes fortunes soit cohérent avec le classement annuel Forbes des milliardaires du monde entier et avec des données similaires issues de « listes de riches » publiées ailleurs. Ceci aboutit à des estimations plausibles du schéma général de répartition des actifs dans la catégorie des grandes fortunes (de 1 million à 50 millions USD) et des très grandes fortunes (plus de 50 millions USD).

Les personnes fortunées (HNW) et très fortunées (UHNW) ont un mode de vie similaire

Alors que la base de la pyramide des richesses se compose de personnes issues de tous les pays se trouvant à des étapes diverses de leur cycle de vie, les personnes fortunées et très fortunées se concentrent fortement dans des régions et pays donnés et ont tendance à partager le même mode de vie, participant aux mêmes marchés mondiaux de biens de consommation haut de gamme, même lorsqu’elles résident sur des continents différents. Les portefeuilles d’actifs de ces personnes ont également tendance à se ressembler : ils comportent surtout des placements financiers, plus particulièrement des actions de sociétés publiques cotées sur des marchés internationaux.

L’Amérique du Nord redevient la région avec le plus de personnes fortunées

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L’apex de la pyramide

Nous estimons qu’au milieu de l’année 2012, il y avait 28,5 millions de personnes fortunées, c’est-à-dire avec une richesse comprise entre 1 million et 50 millions USD, la grande majorité d’entre elles (25,6 millions) détenant une richesse comprise entre 1 et 5 millions USD. Il y a un an, l’Europe avait dépassé l’Amérique du Nord dans le classement des régions comptant le plus grand nombre de personnes fortunées ; la tradition est toutefois rétablie cette année, avec 11,8 millions de ces personnes (42% du total) résidant en Amérique du Nord et 9,2 millions d’entre elles (32% du total) résidant en Europe. Les pays de la région Asie-Pacifique, en excluant la Chine et l’Inde, recensent 5,7 millions de personnes fortunées (20% du total) et nous estimons que le nombre de personnes fortunées résidant en Chine est de moins d’un million (3,4% du total). Les 753’000 personnes restantes de ce segment (2,6% du total) résident en Inde, en Afrique ou en Amérique latine.

Personnes très fortunées (UHNW)

Il ressort de nos estimations qu’il y a dans le monde 84’500 personnes très fortunées, celles-ci se définissant comme les personnes à la tête d’un patrimoine net supérieur à 50 millions USD. Parmi celles-ci, 29 300 détiennent une fortune d’au moins 100 millions USD et 2700 une fortune de plus de 500 millions USD.
L’Amérique du Nord domine le classement des régions, avec 40’000 personnes très fortunées (47%), tandis que l’Europe compte 22’000 personnes (26%) et que les pays d’Asie-Pacifique (hors Chine et Inde) recensent 12 800 personnes (15%). Au niveau des pays, les Etats-Unis sont largement en tête, avec 37,950 personnes très fortunées, soit 45% du groupe. Les fortunes récemment bâties en Chine ont propulsé ce pays à la deuxième place, avec 4700 personnes très fortunées (5,6% du total mondial) ; les places suivantes sont occupées par l’Allemagne (4000 personnes), le Japon (3400 personnes), le Royaume-Uni (3200 personnes) et la Suisse (3050 personnes). Le nombre de ces personnes progresse également rapidement dans les autres pays BRIC : on recense ainsi 1950 personnes très fortunées en Russie, 1550 en Inde et 1500 au Brésil ; on constate également d’importantes fortunes à Taïwan (1200), à Hong Kong (1100) et en Turquie (1000). Bien qu’on dispose de très peu de données comparables pour les périodes précédentes, il est presque sûr que le nombre de personnes très fortunées est beaucoup plus important qu’il y a dix ans.

Michael O’Sullivan , Richard Kersley , Octobre 2012

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