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Opinion
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La semaine dernière, la Chine a annoncé une baisse surprise de ses taux d’intérêt de 25 points de base, les ramenant ainsi à 6,31 %. Il s’agit de la première baisse de taux depuis 2008. Celle-ci ayant eu lieu avant même la publication des prochaines statistiques économiques mensuelles, cela traduit peut-être une volonté de traiter un problème économique fondamental grandissant.
Les plus cyniques d’entre nous évoqueraient sans doute cette fameuse leçon académique du Professeur George Akerlof à propos du marché des voitures d’occasion. Dans un tel marché, l’avantage tiré de l’information est tellement biaisé d’un côté que l’information tirée du prix recèle une information essentielle quant à la qualité du produit sous-jacent. Sur cette base, la baisse des taux d’intérêt intervenue avant la publication des chiffres mensuels ne prête guère à l’optimisme. Le consensus (jusqu’alors incroyablement optimiste) anticipait une série de baisses du taux de réserves obligatoires, mais avec peu ou pas de chance de baisse des taux d’intérêt. La presse (citant des stratégistes), a considéré qu’il s’agissait certes d’une « surprise, mais une surprise positive ». Une autre interprétation consisterait à dire que cette décision relève davantage de la panique.
Dans le sillage de cette baisse de taux, un des stratégistes les plus suivis du « sell-side » est devenu « positif au maximum » sur l'Asie et les marchés d'actions émergents, considérant que cette baisse de taux est un réel catalyseur militant pour investir sur des niveaux de valorisation très bas.David Shairp
S’agit-il pour autant d’un conseil avisé ?
Toute la question est de savoir si cette baisse de taux sera efficace. Tout le monde sait que la Chine subit un ralentissement plus marqué que ce qui était anticipé par le consensus (jusqu’alors excessivement optimiste). Aussi les investisseurs doivent-ils se demander si la PBoC agit de manière à se positionner « en amont de la courbe des taux ».
Pour pouvoir y répondre, nous devons passer en revue l’ensemble des conditions monétaires afin de voir dans quelle mesure elles ont été suffisamment assouplies.
La dernière mise à jour de notre indicateur des conditions monétaires en Chine, constitué de quatre variables permettant de suivre l’évolution de la politique monétaire (les taux réels de crédit, le taux de change réel, la croissance de l’excédent de monnaie et la croissance réelle du crédit), suggère que la politique monétaire est encore bien trop restrictive pour assurer une reprise de la croissance économique.
De surcroît, compte tenu de la décélération rapide de l’inflation – l’inflation des prix à la consommation a reculé de 6,5 % sur un an (son pic atteint en juillet 2011) à 3,4 % actuellement, le consensus (jusqu’alors incroyablement optimiste) anticipant même une nouvelle baisse à 3,2 % – les taux d’intérêt réels ont augmenté et les conditions monétaires se sont en réalité durcies et ont atteint leur niveau le plus restrictif depuis 2008.
David Shairp , Juin 2012
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