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Interview
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Lombard Odier a été une des premières sociétés de gestion à lancer des fonds réplicant des hedge funds. Nous en faisons le bilan avec Jérôme Teiletche, responsable des stratégies d’investissement systématiques...
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Next Finance : Vous avez lancé le fonds LO Funds - Alternative Beta, qui cherche à répliquer des stratégies de hedge funds. Quel bilan faîtes-vous de ce type de fonds et comment se sont-ils comportés pendant la crise ?
Jérôme Teiletche : Le lancement des premiers réplicants remonte à l’année 2007. A l’époque, certains investisseurs avaient accueilli avec scepticisme ce concept. Selon eux, il était impossible de répliquer des stratégies aussi dynamiques que celles suivies par les gérants de hedge funds. La crise a permis d’atténuer ces doutes. Les réplicants ont, tout d’abord, bien fait leur travail affichant un bon niveau de corrélation. Ensuite, ils se sont distingués au plus fort de la crise notamment par leur liquidité. Quelles que soient les conditions de marché, ils ont continué à servir leurs clients.
Quel intérêt aurait un investisseur à investir dans ce type de fonds au lieu de se positionner directement dans un hedge fund ou même dans un ETF répliquant une stratégie de hedge funds (produits bientôt lancés par DB-X Trackers) ?
Il importe, tout d’abord, de ne pas considérer un réplicant, à l’exemple du LO Funds - Alternative Beta, comme un concurrent frontal des hedge funds traditionnels. Il s’agit d’un complément liquide à un portefeuille de hedge funds traditionnels. Dans ces conditions, toute comparaison entre eux n’est pas pertinente.
Ensuite, à propos des indices "investissables", ces véhicules ne vont pas aussi loin que la réplication synthétique en termes de liquidité et de transparence. Ils se concentrent également sur des univers plus restreints alors que les réplicants se destinent à des univers plus larges composés plus particulièrement de hedge funds fermés.
En conclusion, les réplicants sont complémentaires aux hedge funds traditionnels ainsi que plus liquides et transparents que les indices "investissables". Des arguments qui convainquent de plus en plus d’investisseurs.
Les indices investissables se concentrent sur des univers plus restreints alors que les réplicants se destinent à des univers plus larges composés plus particulièrement de hedge funds fermés.Jérôme Teiletche
Vous êtes Responsable des stratégies systématiques chez Lombard Odier ; un des principaux griefs adressés à ce style de gestion est le manque de transparence. Les fonds systématiques s’apparentent souvent à des « black box ». Comment relevez vous ce défi de la transparence au près des investisseurs ?
De manière générale, la gestion quantitative souffre d’un problème de perception. Elle est victime d’un mauvais procès qui repose sur la peur de l’univers mathématique et statistique. Alors même qu’un cerveau humain ressemble, certainement, davantage à une boîte noire qu’un algorithme.
Prenez un univers d’investissement d’environ 1000 titres, la gestion systématique a la capacité à travers ses outils d’analyse d’appréhender de manière plus efficace et régulière pareil environnement (analyse PE, dividend yield, free cash-flow). A l’inverse, la gestion discrétionnaire offrira une analyse plus fine mais sur un univers plus étroit.
Au niveau des fonds systématiques, on distingue deux types d’approches : les "high frequency trading", qui reposent sur le traitement de signaux (arbitrage statistique), et, les "fondamentaux" qui s’appliquent à systématiser des règles de décision basées sur des modèles fondamentaux (valorisation des titres, analyse du cycle économique...).
Chez Lombard Odier, nous privilégions la seconde approche. Dans le cadre du LO Funds - Alternative Beta, notre travail implique de comprendre la structure des rendements dégagés par les hedge funds afin de reproduire leurs paris. Plus le nombre de hedge funds suivi est important, plus la corrélation sera avérée, et cela jusqu’à un certain plafond (30-50 hedge funds). Concrètement, le portefeuille du LO Funds - Alternative Beta est totalement transparent dans sa composition (positions longues et courtes dans des instruments financiers) et dans l’explication de son modèle sous-jacent.
D’un point de vue technique, sur quels critères vous basez-vous pour déterminer si une stratégie systématique est « performante » par rapport à son marché sous-jacent et sur quels critères s’effectue la remise en cause d’une stratégie ayant donnée de bons résultats dans le passé mais qui s’avère non rentable une fois en production ?
La réalisation de "back tests" offre la possibilité d’analyser les performances d’un modèle dans différentes conditions de marché. Le comportement de la stratégie en pratique permet ensuite, en comparaison des résultats obtenus en "back-test", de juger de la valeur d’un modèle. Dans tous les cas, les règles de décision sont amenées à évoluer dans le temps.
De manière générale, la gestion quantitative souffre d'un problème de perception. Elle est victime d'un mauvais procès qui repose sur la peur de l'univers mathématique et statistique. Alors même qu'un cerveau humain ressemble, certainement, davantage à une boîte noire qu'un algorithme.Jérôme Teiletche
Au quotidien, quelles sont les plus grandes difficultés auxquelles font face les gérants systématiques, l’appréhension des frais de "slippage" d’une stratégie avant sa mise en pratique ? La gestion du « timing » ? La mise en place d’un système informatique efficace ?
Il faut clairement distinguer les types de gérants selon les approches préconisées. Ceux qui se consacrent à une approche de type "high frequency trading" agissent à très court terme. Ils pratiquent le trading algorithmique où la vitesse d’exécution est essentielle. A l’inverse, les gérants "fondamentaux" ont un horizon d’investissement plus long. Dès lors la gestion du "timing" est moins centrale pour eux même s’ils restent sensibles à la question du coût de transaction. Dans tous les cas, le développement de plateforme et l’optimisation de la gestion de données sont essentiels.
Quels types d’investisseur peuvent être intéressés par des fonds à stratégies systématiques ?
Notre Maison considère les stratégies systématiques comme une approche complémentaire aux hedge funds ou aux fonds de hedge funds. Elles ont leur place aussi bien dans les portefeuilles de clients privés ou institutionnels. Elles permettent de traiter un environnement plus large de manière déterminée.
Quels sont les fonds systématiques lancés par Lombard Odier ?
Lombard Odier dispose d’une gamme complète de fonds systématiques. Ces fonds investissent sur des univers d’actions globaux ou plus spécialisés au niveau sectoriel ou géographique, sur des univers obligataires et dans la gestion "mutli assets", dont la réplication. Ils reposent sur des modèles quantitatifs mis au point par nos équipes de stratégie de gestion systématique en collaboration avec d’autres compétences internes (équipe de hedge funds, par exemple). Au niveau global, la gestion quantitative figure parmi les approches suivies par notre Maison mais elle n’est pas la seule. Elle se veut efficace dans le cadre d’une gestion "enhanced".
Next Finance , Juin 2010
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