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Changement Climatique : aux investisseurs d’agir face à ce nouveau risque

En perspective des négociations pour un nouvel accord global sur le climat qui doivent se dérouler à Paris fin 2015, Mercer s’est penché sur le lien possible entre changement climatique et investissements. Le premier cabinet en conseil en investissement institutionnel alerte ainsi les investisseurs sur le fait qu’ils ne peuvent plus ignorer l’impact des évolutions environnementales sur le rendement financier.

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En perspective des négociations pour un nouvel accord global sur le climat qui doivent se dérouler à Paris fin 2015, Mercer s’est penché sur le lien possible entre changement climatique et investissements. Le premier cabinet en conseil en investissement institutionnel alerte ainsi les investisseurs sur le fait qu’ils ne peuvent plus ignorer l’impact des évolutions environnementales sur le rendement financier. Dans son rapport intitulé « Investir par les temps qui changent », Mercer met en avant les mesures qui s’offrent aux investisseurs pour gérer les principaux risques liés aux changements climatiques et identifier les opportunités.

Issu d’un projet de recherche lancé en septembre 2014, le rapport révèle que, pour gérer leur risque au mieux, les investisseurs doivent examiner de près leur portefeuille d’actifs et intégrer le changement climatique dans leur modèle de risque, ce qui pour la plupart constitue un changement conceptuel important. La modélisation financière exposée dans le rapport Mercer vise à estimer l’effet potentiel du changement climatique sur le rendement des portefeuilles, des classes d’actifs et des secteurs industriels entre 2015 et 2050, à partir de quatre scénarios de changement climatique et quatre facteurs de risque climatique. Les quatre scenarios traduisent une élévation globale de la température au-delà des niveaux de l’ère préindustrielle de 2°C, 3°C et 4°C pour deux scénarios (avec différents niveaux d’impact physique potentiel).

Le rapport est le fruit de la collaboration entre Mercer et 16 partenaires dans le secteur de l’investissement, représentant collectivement plus de 1 500 milliards de dollars US. Le travail de recherche a été soutenu par l’IFC, membre du Groupe de la Banque Mondiale dédié au secteur privé, en partenariat avec le Ministère Fédéral de la Coopération Economique et du Développement en Allemagne, et avec le Département pour le Développement International au Royaume-Uni. L’étude a également bénéficié de contributions venant de compagnies sœurs de Mercer au sein du groupe Marsh & McLennan Companies, à savoir NERA Economic Consulting et Guy Carpenter, et de l’apport des 13 membres du groupe consultatif.

La modélisation financière a permis de faire les constatations clés suivantes :

  • Face au changement climatique, il y aura des stratégies d’investissement gagnantes et des stratégies perdantes Sur la base des scénarios modélisés, le changement climatique devrait bel et bien avoir un impact sur le rendement financier. Les investisseurs doivent agir pour comprendre et atténuer les risques, et pour maximiser la création de valeur au niveau des classes d’actifs, des secteurs industriels et de l’ensemble de leur portefeuille.
  • Le risque est d’abord lié au secteur industriel La différentiation la plus nette entre stratégies gagnantes et stratégies perdantes se rapporte au secteur industriel. Par exemple, en fonction du scénario climatique qui se dégagera et contre une hypothèse d’évolution neutre, le rendement annuel moyen des actifs du sous-secteur du charbon pourrait baisser de 18% à 74% sur les 35 prochaines années, avec un effet plus prononcé sur la décennie à venir (baisse de rendement annuel moyen entre 26% et 138% sur les 10 prochaines années). En revanche, le sous-secteur des énergies renouvelables pourrait voir son rendement annuel moyen augmenter de 6% à 54% à l’horizon 2050 (ou entre 4% et 97% sur 10 ans).
  • L’impact sur le rendement d’une classe d’actifs sera significatif, mais très variable en fonction du scénario climatique Les actifs de croissance sont plus sensibles aux risques climatiques que les actifs défensifs.Un scénario de réchauffement de 2°C pourrait être bénéfique au rendement des actions des pays émergents, des infrastructures, de l’immobilier, de la filière bois et de l’agriculture. A l’inverse, un scénario de réchauffement de 4°C serait nettement moins porteur pour les actions des pays émergents, l’immobilier, la filière bois et l’agriculture.
  • Un scénario de réchauffement de 2°C n’a pas d’incidence négative sur le rendement jusqu’en 2050, pour les investisseurs de long terme dont le portefeuille est globalement diversifié. Au-delà de cette date, la confiance dans les hypothèses de rendement devrait encore être renforcée.

La Directrice de l’équipe Investissement Responsable au sein de Mercer, Jane Ambachtsheer, a déclaré : « Le défi était de taille, mais nous avons essayé de quantifier les effets potentiels du changement climatique sur les investissements. Nous avions bien en tête que les prix de marché ne reflètent pas toujours bien les changements attendus ; que les marchés sont même plutôt mal avisés lorsqu’il s’agit d’anticiper des changements structurels et des risques de rupture à long terme.
Notre rapport traite de l’impact du changement climatique sur les investissements et se place résolument du point de vue de l’investisseur – ‘de quoi s’agit-il ?’, ‘quelles conséquences ?’, ‘que faire ?’…Cette approche doit permettre aux investisseurs de construire des portefeuilles plus résistants face aux incertitudes. »

« Ce rapport peut servir de guide pour un plan d’actions. Qu’il s’agisse de définir des objectifs cibles en matière de décarbonisation, d’investir dans des solutions de gestion des risques et des opportunités, ou d’instaurer davantage de dialogue avec les gérants délégataires et les sociétés émettrices, notre rapport donne aux investisseurs des clés pour agir. Dialoguer avec les représentants politiques est également crucial et constitue pour les investisseurs une autre façon de se saisir de la question et de réellement contribuer à faire bouger les lignes », conclut-elle.

Le Directeur des Investissements Actions et Taux de Mercer, Russell Clarke, a complété en ajoutant que, en termes de construction de portefeuille, « cette étude nous permet de mieux naviguer face à ce qui s’annonce avec le changement climatique, qu’il s’agisse de phénomènes structurels ou de phénomènes systémiques. Nous pensons qu’il est question d’un risque potentiellement important, et que les investisseurs doivent en être conscients et en capacité d’agir en étroite collaboration avec leurs gérants délégataires. ».

Le Directeur Changement Climatique au sein de l’IFC, Christian Grossman, a commenté de son côté : « Cette nouvelle étude menée par Mercer ne pouvait être plus opportune avec la perspective de la conférence Paris Climat 2015, dans le cadre de la convention-cadre des Nations-Unies.
En cette période d’évolution climatique, cette étude peut aider les investisseurs à gérer l’incertitude en leur indiquant comment mesurer leur exposition au risque et comment améliorer la résistance de leurs portefeuilles. Elle permet également d’envoyer un message clair aux responsables politiques : avancer sur les dispositions visant à donner un prix au carbone sera une première étape importante dans la transition vers une économie bas-carbone »
.

D’autres partenaires du secteur de l’investissement ont apporté un commentaire sur leur implication dans le projet :

« Les investisseurs institutionnels ont besoin d’une approche pragmatique pour que leur allocation d’actifs reflète correctement les risques et opportunités liés au climat. Alors que le réchauffement climatique est un fait, nous sommes face à une énorme incertitude sur les prochaines années en ce qui concerne les réponses politiques et les impacts financiers, ainsi que la façon dont ces questions seront comprises. L’étude Mercer est un pas important vers l’intégration de la démarche scientifique et des évolutions réglementaires dans les processus d’investissement. Elle pourrait faire partie de la boîte à outils standard pour la détermination de l’allocation stratégique d’actifs. » - Karsten Löffler, Dirigeant, Allianz Climate Solutions GmbH

« L’approche à la fois multi-scénarios et prospective de cette étude la rend unique. Les investisseurs pourraient par exemple aborder l’optimisation de leur allocation à partir du scénario qui leur semble le plus probable, se donnant les moyens d’atténuer le risque et de préserver leurs rendements financiers. » - Brian Rice, Gérant de Portefeuille, CalSTRS

« Les Instances Financières Nationales de l’Eglise d’Angleterre ont adopté une politique reconnaissant qu’en matière de changement climatique les questions éthiques posées sont pressantes, avec des implications financières importantes. Dans notre politique, nous déclarons vouloir être au premier rang des investisseurs institutionnels souhaitant répondre au défi de la transition vers une économie bas-carbone. Notre participation à cette étude nous a permis de mieux appréhender les implications financières du changement climatique et de voir comment, en tant qu’investisseur travaillant avec les autres, nous pouvons aider à ce que des changements climatiques néfastes puissent être évités. » - Edward Mason, Directeur de l’Investissement Responsable, Church Commissioners for England

« Cbus voit dans le changement climatique une question sérieuse posée pour notre stratégie d’investissement à long terme. Nous croyons que notre participation à cette étude nous donne une meilleure information sur la nature des effets que le changement climatique est susceptible d’avoir sur nos investissements, et nous permet de mieux nous préparer aux défis qui nous attendent. » - Kristian Fok, Responsable Stratégie d’Investissement, Cbus

« En tant qu’investisseur de long terme, le Fonds de Pension Actif de l’Agence de l’Environnement reconnaît que le changement climatique pose un risque financier réel. Nous avions intégré les résultats de la précédente étude Mercer dans l’établissement de la stratégie d’investissement actuelle du Fonds, et participer à la nouvelle étude nous permet d’approfondir notre approche actuelle pour la gestion du risque climatique. En adoptant une allocation stratégique d’actifs robuste intégrant à la fois la dimension risque et les opportunités liées au changement climatique, nous continuerons à agir dans le meilleur intérêt à long terme de nos bénéficiaires. » - Dawn Turner, Responsable Gestion Fonds de Pension, EAPF

« Les résultats de l’étude 2011 sur le changement climatique à laquelle nous avions participé avaient montré que le changement climatique pouvait avoir des effets importants sur notre portefeuille d’investissement. C’est donc naturellement que nous avons participé à la nouvelle étude pour approfondir nos connaissances, améliorer nos méthodes et notre gestion du risque face au changement climatique. » - Mikael Angberg, Directeur des Investissements, AP1

« Comme investisseur de long terme, intergénérationnel, nous nous devons de comprendre les risques d’investissement et les opportunités associés au changement climatique. Cette étude nous aidera à calibrer nos stratégies d’investissement en conséquence. » - Adrian Orr, Directeur Général, NZ Super

« State Super Financial Services reconnait l’importance de comprendre les risques liés au changement climatique pour nos portefeuilles d’investissement et nous avons perçu cette étude comme une opportunité d’atteindre cet objectif et de développer davantage notre approche ESG au bénéfice de nos clients. » - Damian Graham, Directeur des Investissements, State Super Financial Services

« Le changement climatique pousse les investisseurs du 21ème siècle à revoir leur compréhension des risques économiques et financiers. Cette étude offre au New York Common Retirement Fund des informations de grande valeur qui nous permettront de mieux gérer le risque climatique et de construire notre portefeuille dans un sens qui protège, voire améliore nos rendements financiers. » - Thomas P. DiNapoli, Contrôleur chez New York State, Administrateur du New York State Common Retirement Fund

« Ce rapport met en évidence le fait que les investisseurs devraient non seulement mieux appréhender les risques liés au changement climatique, mais également pouvoir saisir les opportunités. Nous nous acheminons vers un futur bas-carbone en laissant derrière nous une situation de statu quo intenable. Il faut investir pour accélérer cette tendance inévitable et ceux qui sont en avance, le rapport l’indique clairement, peuvent finalement mieux protéger leur trajectoire financière. Il est temps pour nous de nous assurer que nos investissements sont bien positionnés pour le long terme, financièrement et pour sauver notre précieuse planète. » - David Nussbaum, Dirigeant, WWF-UK.

Next Finance , Juin 2015

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