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Opinion
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Selon Lukas Daalder, Directeur de l’investissement de Robeco Investment Solutions, les promesses de campagne véhémentes pourraient ne pas être respectées. Pour lui, six sujets restent incertains, des migrants aux infrastructures et augurent peu de bonnes nouvelles pour les obligations...
Le Président Trump aura affaire à de nombreux acronymes connus lorsqu’il prendra ses fonctions, y compris les acronymes ALENA et OTAN. Mais en voici un qui est plus difficile à prononcer, et qui suscitera encore davantage les craintes des marchés : NNSTSPCQFT.
« Nous Ne Savons Tout Simplement Pas Ce Que Fera Trump » sera probablement la principale inquiétude des investisseurs à l’approche de son investiture au poste de 45ème Président des États-Unis le 20 janvier, explique Lukas Daalder, Directeur de l’investissement de Robeco Investment Solutions.
Les marchés ont déjà réagi de manière contrastée à sa victoire surprise, les actionnaires lui accordant finalement le bénéfice du doute, alors que les obligations se sont repliées en raison du risque de hausse de l’inflation et de l’endettement, souligne Lukas Daalder. Les décisions qui vont être prises conditionneront les performances des prochains mois.
Promesses à la portée considérable
Donald Trump a fait de nombreuses promesses à la portée considérable durant ces 12 derniers mois, d’une refonte du système fiscal actuel à la renégociation des relations commerciales, et de l’expulsion de millions d’étrangers en situation irrégulière à l’engagement en faveur d’une nette augmentation des dépenses d’infrastructures.
D’après Lukas Daalder, le problème est le suivant : autant Donald Trump a été véhément et sans détour durant la campagne, autant il est devenu très calme une fois la victoire obtenue. Bien qu’il ait répété certaines de ses promesses (la non-mise en œuvre du Partenariat Transpacifique et la plus forte réduction d’impôt depuis Ronald Reagan), il n’a pas apporté davantage de détails sur ses projets. « Nous nous posons toujours la question de savoir quel sera son programme réel. »
Lukas Daalder cite six domaines dans lesquels nous constaterons des divergences entre le discours et la réalité :
Impôts : Une réduction de l’impôt sur les sociétés de 35 à 15 % sera-t-elle conjuguée à la suppression des éléments fiscalement déductibles, au point d’annuler l’effet de la première ?
Migrants : L’expulsion des étrangers sans papiers (ce qui pénaliserait le PIB) portera-t-elle sur les trois millions de personnes dont a parlé Donald Trump, ou sur seulement 800 000 personnes ?
Infrastructures : Les nouvelles dépenses seront-elles financées par le gouvernement par le biais d’une banque de financement des infrastructures, ou par le biais de partenariats public-privé fiscalement avantageux ?
Commerce : S’est-il agi de mots durs, ou les États-Unis accuseront-ils réellement la Chine de manipuler sa devise, avec la perspective d’une guerre commerciale et diplomatique ?
Déficits : Donald Trump deviendra-t-il un Ronald Reagan moderne qui stimulera l’économie par des mesures fiscales creusant le déficit, ou réduira-t-il les dépenses dans d’autres domaines ?
Fed : Les nouveaux membres qu’il désigne actuellement seront-ils plus agressifs comme le consensus le pense, ou Donald Trump optera-t-il pour un comité de politique monétaire plus accommodant ?
« Les détails sont importants, or nous en manquons actuellement », souligne Lukas Daalder. Nous Ne Savons Tout Simplement Pas Ce Que Fera Trump, soit l’acronyme le moins facile à prononcer de l’histoire : NNSTSPCQFT. « Il s’agit de la phrase qui s’applique actuellement à l’ensemble de nos prévisions concernant l’économie et les marchés financiers. »
Il ajoute que s’il est possible d’établir des estimations fondées, il convient de noter que la plupart, si ce n’est la totalité, d’entre elles dépendent des détails apportés à ces projets qui ne devraient pas être publiés à court terme.
Une rare divergence
Lukas Daalder indique que les marchés sont également dans le flou, ce qui crée des incertitudes qui se sont manifestées par une déconnexion inhabituelle entre les marchés actions et obligataires. La meilleure manière de le démontrer est d’examiner les indices de volatilité du marché actions (indice VIX) et du marché obligataire (indice MOVE) dans les jours qui ont suivi les résultats des élections.
L’indice VIX a fortement chuté à l’annonce des résultats, tandis que l’indice MOVE a bondi, donnant ainsi lieu à une divergence très rare. En règle générale, c’est le marché actions qui est beaucoup plus sensible à l’actualité politique et économique, alors que les marchés obligataires sont stimulés par un mouvement de fuite vers la sécurité qui agit comme facteur de soutien des obligations.
D’après Lukas Daalder, la seule fois où cette divergence s’est produite dans l’histoire récente a été durant l’épisode dit « taper tantrum » au milieu de l’année 2013 ; même durant la correction des obligations en 1994, une telle divergence importante et durable n’a pas été observée.
« Bien entendu, l’évolution des indices de volatilité est simplement le reflet de la situation sur les marchés sous-jacents. Les actions américaines ont dans l’ensemble à peine réagi (en mettant de côté la correction asiatique lors du jour des résultats) et ont en réalité atteint un nouveau record historique dans les semaines qui ont suivi les élections, tandis que les rendements obligataires américains ont fortement augmenté, la « réflation » devenant le nouveau mot à la mode sur les marchés financiers. »
Lukas Daalder explique que nous observons peu de facteurs positifs pour les obligations, alors que les actions peuvent évoluer à la hausse comme à la baisse.
Positionnement actuel
Pour Lukas Daalder, ces incertitudes ont donné lieu à des changements dans le fonds multi-actifs de Robeco Investment Solutions. « Si l’on examine notre positionnement actuel, il apparaît clairement que le principe NNSTSPCQFT domine le portefeuille, » tient-il à préciser. « Nous sommes neutres à l’égard des actions, avec cependant une préférence régionale, et nous sommes dans l’ensemble neutres à l’égard des obligations, avec une sous-pondération des obligations d’État associée à une surpondération des crédits.
Et nous détenons seulement une petite position sur la paire de devises dollar/yen. Cela peut surprendre compte tenu de nos prévisions de nouvelle dépréciation de l’euro, mais cela tient au fait que nous avons clôturé temporairement notre position courte. Le marché intègre désormais un relèvement des taux par la Fed à la mi-décembre avec une probabilité de 95 %, ce qui signifie que les surprises seront rares dans ce domaine. »
Lukas Daalder , Décembre 2016
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