BCE : le poids des mots

Selon Gaëlle Mallejac, Directrice de la Gestion de Taux chez Groupama AM, la rhétorique de la BCE est un frein à la hausse des taux core en zone euro. Seule, l’amélioration attendue des données économiques outre-Atlantique au cours des prochains mois constitue une force de rappel à la hausse des taux…

Taux longs

Les Banques Centrales, FED et BCE, continuent d’animer les marchés avec leurs interventions verbales.

La FED a poursuivi le ralentissement de ses achats d’actifs et a modifié sa politique de pilotage des taux courts en se tournant davantage vers des données qualitatives, en particulier concernant l’emploi. Elle a également adopté un ton plutôt optimiste en affirmant qu’une hausse de taux 6 mois après la fin du tapering était envisageable.

En zone euro, l’inflation reste orientée à la baisse, ce qui accroît la pression sur la BCE et alimente les spéculations sur une possible mise en place d’actions non conventionnelles.

Ces anticipations d’interventions de la BCE sont par ailleurs entretenues par M. Draghi qui a précisé qu’il y a unanimité au sein du Conseil des Gouverneurs sur l’utilisation potentielle d’instruments non conventionnels.

Ces anticipations ont poussé les taux de la zone euro vers le bas, accentuant le différentiel de taux entre les US et la zone euro.

La rhétorique de la BCE est un frein à la hausse des taux core en zone euro. Seule, l’amélioration attendue des données économiques outre-Atlantique au cours des prochains mois constitue une force de rappel à la hausse des taux. Ceux-ci devraient donc être tiraillés entre la pression exercée par l’attente du passage à l’acte de la BCE et l’amélioration conjoncturelle aux US.

Nous attendons désormais une évolution des taux dans une fourchette, sans tendance, au cours des prochains mois.

Les pays périphériques, quant à eux, continuent de bénéficier d’un repli de leur prime de risque alimenté la recherche de rendement des investisseurs et par le soutien attendu de la BCE. Dans ce contexte, la Grèce parvient même à faire son retour sur le marché.

La possible intervention de la BCE reste un facteur très favorable aux dettes risquées, les dettes périphériques devraient donc continuer d’en bénéficier et le mouvement de convergence des taux en zone euro se poursuivre.

Crédit

Qui dit soutien possible de la BCE, dit soutien aux dettes privées. Le marché du crédit affiche donc une nouvelle fois une belle performance et particulièrement les dettes les plus « risquées ». L’environnement de taux bas, le rebond conjoncturel et l’action attendue de la BCE constituent des facteurs très favorables au marché du crédit. Nous restons positifs sur la classe d’actifs.

Un mot sur la stratégie de gestion

Notre stratégie de gestion fait toujours la part belle à l’allocation sur les dettes périphériques sur lesquelles nous restons en surexposition (principalement Italie et Espagne), au détriment des dettes des pays coeur de la zone euro.

Au sein des pays périphériques, nous allégeons notre surexpostion sur l’Irlande CT, compte tenu des niveaux de taux atteints, au profit de la dette portugaise.
D’un point de vue directionnel taux, dans un marché attendu sans grandes tendances, nous adoptons un positionnement neutre.
En termes de positionnement de courbe, nous privilégions les maturités court et moyen termes sur les pays périphériques.
Sur le crédit, la stratégie sur la classe d’actifs est conservée, que ce soit sur la cible de sensibilité crédit, à 115% ou encore au niveau de l’allocation sectorielle, séniorité des titres et ratings.

Gaëlle Mallejac , Avril 2014

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