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Actions : des portes d’entrée dans les creux des marchés

Selon les économistes et analystes du Credit Suisse qui viennent de présenter leurs prévisions pour 2013, les liquidités abondantes dans le système financier finiront par être investies – de préférence en actions – car le contexte de taux d’intérêt zéro devrait s’étendre tout au long de l’année...

Selon les économistes et analystes du Credit Suisse qui viennent de présenter leurs prévisions pour 2013, le moment est idéal pour entrer sur les marchés des actions, alors que de nombreux acteurs sous-estiment leur potentiel et restent sur la touche. Les liquidités abondantes dans le système financier finiront par être investies – de préférence en actions – car le contexte de taux d’intérêt zéro devrait s’étendre tout au long de l’année.

« Nous abordons 2013 avec un optimisme teinté de prudence », a résumé Giles Keating, responsable Global Research for Private Banking and Wealth Management. La croissance mondiale ne sera vraisemblablement pas spectaculaire, mais devrait néanmoins rester correcte. Les indicateurs à court terme affichent une modeste réaccélération de la conjoncture dans de nombreux pays, après le ralentissement subi mi-2012. Et les fondamentaux s´améliorent également. Aux Etats-Unis, l´immobilier a franchi le creux de la vague, le système de crédit se redresse alors que les banques sollicitent les emprunteurs et que les dépôts augmentent, et les entreprises disposent de liquidités abondantes. La dynamique qui en résulte devrait faire plus que compenser le durcissement budgétaire qui est susceptible de survenir après février.

Ajustement économique en cours en Europe

En Europe, non seulement la BCE veille à soutenir l´Espagne et d´autres pays, mais la Grèce reçoit également une aide officielle. Tout aussi important, un ajustement économique endogène est en cours, et bien avancé. Les prix des logements évoluent à la baisse vers des niveaux soutenables en Irlande et en Espagne. De manière cruciale, les coûts salariaux nominaux chutent en Grèce, en Espagne et en Italie, tandis qu´ils augmentent modérément en Allemagne, concrétisant le rééquilibrage essentiel à la survie de l´euro. La croissance européenne devrait être insignifiante en 2013, mais le risque extrême d´effondrement a reculé. En Chine, une réaccélération modérée est en cours après le ralentissement de l´année dernière, et la grande faiblesse du Japon est contrée par de nouvelles mesures. Bien sûr, les risques ne manquent pas, avec plusieurs élections qui se tiendront en février, des incertitudes concernant la prochaine étape des négociations budgétaires américaines, des événements géopolitiques incessants et des inquiétudes persistantes quant à la transformation de l´actuelle reflation contrôlée en une inflation difficile à maîtriser. Mais dans l´ensemble, le monde semble parti pour connaître une année de croissance sans doute guère spectaculaire, mais du moins solide, qui devrait s´associer aux liquidités disponibles pour offrir un contexte favorable aux marchés des capitaux.

Acheter des actions dans les phases de creux

« Nous sommes optimistes pour 2013 et décelons différentes opportunités de placement malgré les facteurs de risque existants. Les opportunités présentes et le potentiel du marché financier demeurent sous-estimés par un grand nombre d´acteurs du marché. Un repositionnement stratégique de la part de nombreux groupes d´investisseurs reste nécessaire, a résumé Stefan Keitel, Global Chief Investment Officer (CIO). Les fondamentaux économiques ne sont pas spectaculaires, mais néanmoins corrects. Les risques existants, tels que les défis considérables qui attendent la zone euro, les problèmes géopolitiques ou la récession mondiale, nous semblent déjà partiellement pris en compte dans la mesure où ils constituent des inconnues bien connues. Et la probabilité de les voir réellement survenir a visiblement diminué, à l´exception des risques géopolitiques. » Les actions présentent toujours des évaluations attrayantes.

Le manque d´opportunités de placement favorise les actions

Les liquidités présentes dans le système financier et sur les comptes des investisseurs, combinées au manque d´alternatives de placement, devraient stimuler les marchés des actions pendant le courant de l´année — avec une progression potentielle de 10 à 15 points de pourcentage. « Nous sommes modérément surexposés aux actions, malgré la possibilité d´un regain de volatilité sur ces marchés au vu des risques politiques et des débats autour du mur budgétaire (fiscal cliff). Néanmoins, nous distinguons clairement une tendance à la stabilisation. Nous recommandons de profiter des creux pour renforcer l´exposition aux actions, a ajouté Stefan Keitel. Le Credit Suisse surpondère les actions de la zone euro, qui restent visiblement sous-évaluées alors que le consensus sur la zone demeure orienté vers la sous-pondération », a-t-il remarqué. En outre, la Banque centrale européenne (BCE) adopte une attitude appropriée et très agressive. Le Credit Suisse est également surexposé aux actions des marchés émergents, avec un accent sur l´Asie et notamment sur la Chine. « De nombreux facteurs négatifs tels que les incertitudes politiques et les revers de croissance ont déjà été anticipés sur ces marchés à la traîne, tandis que le redressement massif de la croissance des exportations chinoises, le rebond de la croissance en général, le recul de l´inflation en Chine et le renversement des flux devraient profiter aux actions chinoises en 2013 », a expliqué Stefan Keitel.

Prudence maintenue à l´égard des emprunts d´Etat

Les emprunts d´Etat refuges demeurent très chers malgré la toute récente progression des rendements, ce qui offre aux investisseurs un contexte de taux réels négatifs. « Nous tablons sur une hausse modérée des rendements à moyen terme, après une nouvelle phase de consolidation. Nous anticipons un taux de 6 à 7 points de pourcentage pour les titres secondaires à revenu fixe, tels que les obligations à haut rendement et des marchés émergents, qui devraient encore profiter des effets des opérations de portage en 2013 », a précisé Stefan Keitel. Concernant les autres classes d´actifs, les améliorations visibles au niveau macro-économique plaident toujours en faveur des matières premières. L´or reste enfermé dans sa fourchette de négoce et ne devrait pas franchir la résistance établie à 1900 dollars l´once, mais il bénéficie d´un bon support à 1600 dollars. En ce qui concerne les monnaies, le Credit Suisse table sur un négoce confiné dans une marge étroite pour les principales parités, car on n´observe pour l´instant aucun écart de taux sensible. « En un mot, il faut acheter des actions dans les phases de creux et adopter une surpondération. Profiter des regains de vigueur pour réduire les positions en emprunts d´Etat, parallèlement à une sous-pondération et à une réduction de la duration, tout en maintenant une allocation visible aux obligations d´entreprise, des marchés émergents et à haut rendement. Les matières premières constituent des actifs attrayants à long terme, y compris l´or, malgré des interrogations à brève échéance », a conclu Stefan Keitel.

Les fondamentaux favorables aux actions

« Plusieurs facteurs fondamentaux sont actuellement favorables aux actions », a déclaré Andrew Garthwaite. Le responsable Global Equity Strategy — Equity Research, qui surpondère les actions et prévoit un indice S&P 500 à 1548 points d´ici à la fin de l´année, a souligné les points suivants : les surprises macro-économiques ont continué de s´améliorer, tandis que les actions sont restées à la traîne de cette amélioration, impliquant que le S&P devrait être plus élevé. Les liquidités excédentaires sur les marchés continuent de soutenir les actions. Les fonds obligataires ont connu des afflux d´environ 1200 milliards de dollars depuis 2008, tandis que les fonds en actions ont subi des sorties de quelque 415 milliards pendant la même période, une évolution qui n´a commencé à s´inverser qu´en 2013. La prime de risque des actions sur les prévisions de bénéfices du consensus est très élevée actuellement, à 7,6%, ou à 6,3% selon les prévisions plus prudentes du Credit Suisse. « On remarque un net déséquilibre d´allocation entre le positionnement actuel et les anticipations de croissance sur les prochaines années », a remarqué Andrew Garthwaite, ajoutant que le Credit Suisse préférait actuellement les actions aux obligations d´entreprise pour deux raisons : « D´une part, les actions tendent à battre les obligations d´entreprise lorsque les rendements des emprunts d´Etat augmentent. D´autre part, la prime de risque des actions est anormalement élevée par rapport à l´écart de crédit des titres d´entreprise. » Les évaluations relatives sont également très attrayantes à l´heure actuelle, notamment sur les marchés émergents, qui présentent une décote d´environ 18% par rapport aux marchés internationaux. « Le sentiment des investisseurs à l´égard des marchés émergents reste néanmoins prudent puisque les recommandations d´achat nettes des analystes pour ces marchés se situent actuellement à leur plus bas niveau depuis dix ans », constate Andrew Garthwaite.

Surpondération des marchés émergents

Le Credit Suisse est toutefois surexposé aux marchés émergents. Andrew Garthwaite a ainsi désigné la Russie, la Hongrie, la Chine, la Corée du Sud et l´Egypte comme les meilleurs choix. Les ratios élevés de l´épargne des ménages devraient chuter dans les marchés émergents, tandis que la croissance de la consommation discrétionnaire est attendue à près de 9% dans les quatre pays de la zone BRIC. Cette progression de la consommation devrait favoriser les actions de certaines entreprises des pays développés qui sont exposées aux marchés émergents. Le Credit Suisse se montre plus prudent à l´égard de l´Europe continentale, où il maintient sa recommandation de sous-pondération, notamment de par la vigueur de l´euro et du fait que la région ne semble avoir parcouru que 60% du chemin vers la sortie de crise. Andrew Garthwaite a mentionné les sociétés européennes réalisant leurs bénéfices en dollars, l´indice DAX, ainsi que les actions domestiques allemandes et italiennes comme des possibilités d´achat dans la région. D´autres opportunités plus générales sont offertes par les actions de croissance, notamment dans les secteurs suivants : l´eau, les automatismes industriels, les logiciels, la consommation dans les marchés émergents, les voyages et le commerce mondial, l´efficacité énergétique… ainsi que les actions cycliques évoluant en parallèle de la conjoncture et des surprises macro-économiques, et les actions américaines exposées aux dépenses des entreprises (services informatiques, entreprises de travail temporaire, logiciels, publicité, hôtellerie, etc.). Andrew Garthwaite a conclu avec le tabac, qui représente un secteur à éviter du fait d´une dynamique de bénéfices extrêmement défavorable et d´évaluations qui ne sont pas assez bon marché pour compenser les risques.

Des similitudes avec les années 1890

Jonathan Wilmot, Chief Global Strategist du Credit Suisse, a souligné que les forces qui influencent actuellement l’économie mondiale ont davantage en commun avec l’ère victorienne des années 1850-1914 qu’avec l’après-guerre de 1945-1980. « Le monde n’est pas une version légèrement modifiée de la norme de l’après-guerre que nous connaissons. Cette crise nous a rapprochés d’une structure sous-jacente similaire à celle du XIXe siècle, entraînant notamment des inégalités en tant que contreparties inévitables aux avantages de la mondialisation. La question consiste à savoir si nous nous dirigeons maintenant vers une période d’accélération de la tendance, similaire aux années 1890. » Actuellement, on note le sentiment selon lequel une grande partie du risque extrême a été brillamment maîtrisée, ce qui favorise l’optimisme à l’égard de l’année à venir. « Pour la première fois depuis longtemps, nous pourrions renouer avec l’euphorie en 2013. Cette évolution de reflation modeste devrait se maintenir au cours des deux prochaines années », prévoit Jonathan Wilmot. Les marchés des actions sont parvenus à briser la tendance baissière observée depuis 2007. La moyenne mobile à cinq ans de la propension au risque mondiale commence tout juste à repartir à la hausse, après avoir atteint son plus bas niveau. La reprise actuelle de la production industrielle mondiale est très similaire à celle des années 1890. Il est à noter que les bénéfices réels par action (BPA) sont généralement corrélés avec cet indicateur. Commentaire de Jonathan Wilmot : « Les marchés financiers se comportent déjà comme si nous étions au début d’une nouvelle tendance, alors que la plupart d’entre nous ne sont pas positionnés pour cela. Il est temps d’évoluer vers des portefeuilles plus équilibrés, de s’exposer davantage aux actions et aux cash-flows analogues aux actions, sans générer d’exposition à la volatilité. »

Next Finance , Janvier 2013

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