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Stratégie
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Les choses se sont accélérées au niveau de la parité EURUSD en fin d’année face à la multiplication des nouvelles négatives avec la persistance des pressions déflationnistes en zone euro renforçant l’appel à une réaction de la BCE et le risque politique lié aux élections anticipées grecques apportant son lot d’incertitudes.
Sur fond de faible liquidité, l’EURUSD a donc franchi des niveaux techniques importants pour s’établir en dessous de 1,19. Compte tenu d’incertitudes monétaires et politiques plus importantes qu’initialement prévu, nous avons revu nos prévisions sur la parité EURUSD avec un point bas à 1,12 juin 2015 et un niveau de 1,15 en fin d’année.
Dans le détail, l’accélération baissière de l’euro résulte de pressions déflationnistes plus importantes que prévu.
Le cours du brent est tombé bien au-delà de nos prévisions à 52 USD/b et devrait demeurer faible court/moyen terme, ce qui entretient davantage la nécessité d’une action de la BCE.
Les prix à la consommation forward 5 ans dans 5 ans s’affichent en dessous de 1,7% à 1,67%, un niveau historiquement bas. A ce titre, M.Draghi s’est exprimé ces derniers jours en soulignant que la probabilité que la stabilité des prix ne soit pas respectée à moyen terme est plus importante qu’il y a 6 mois. Il a de nouveau indiqué que la BCE était en « préparation technique pour ajuster l’ampleur, le rythme et la nature des mesures qui seraient à prendre début 2015 s’il devient nécessaire de réagir à une trop longue période de faible inflation ». Cette dernière devrait être négative plus longtemps que prévu. Aussi, le marché va se concentrer sur la réunion de la BCE du 22 janvier.
L’autre risque, pas complètement intégré dans les cours, est la crise grecque qui pourrait s’éterniser après les élections du 25 janvier en l’absence de coalition avec le parti Syriza en tête des sondages qui appelle à une réduction de la dette et à la fin de l’austérité. Même si les risques systémiques sont limités, cela devrait irriter l’Allemagne, le FMI et l’UE et entretenir une certaine volatilité. De même, de telles incertitudes devraient gêner le travail de la BCE, notamment son programme d’achat d’obligations souveraines, si la Grèce débute l’année par demander une forte réduction de sa dette. Aussi, une action de la BCE dès le 22 janvier juste avant les élections grecques du 25 janvier n’est pas certaine. Si la BCE ne fait rien le 22 janvier, on peut observer des rachats de positions vendeuses d’euro et par là un rebond technique de l’euro comme en décembre. Mais cela ne durera pas comme en décembre aussi en particulier si la situation grecque reste très incertaine. De plus, les positions vendeuses d’euro (18Mds actuellement) peuvent encore augmenter sachant qu’elles ont diminué en décembre.
Il y a en revanche toujours des facteurs positifs pour l’euro comme l’excédent courant de la zone euro très important et la difficulté de recycler cet excédent via des sorties de capitaux comme au Japon. Les investisseurs finaux européens ont plus de difficultés à acheter des actifs en devises face au durcissement de la réglementation. Pour autant, l’euro va rester mal orienté face à des taux courts les plus bas au monde. Au-delà des positions prises via les contrats futures euro (données CFTC), l’euro va servir de plus en plus de devise d’emprunt pour les stratégies de carry trade et le dollar comme une devise d’emprunt. Compte tenu de taux d’intérêt négatifs sur la partie courte de la courbe des taux européenne, les trésoriers d’entreprise, qui ont une trésorerie en dollar, pourraient, par ailleurs, conserver leur dollar dont les rendements sont plus élevés au lieu de les convertir automatiquement en euro.
Côté dollar, la situation économique s’améliore de mois en mois et renforce la probabilité d’une action de la Fed dès le mois de juin, un scénario qui n’est pas complètement intégré par le marché aussi, ce qui suggère que le dollar a du potentiel à la hausse au cours de cette année et en particulier d’ici le mois de juin. Dès ce vendredi, les chiffres de l’emploi américains de décembre confirmeront l’amélioration du marché du travail et la réunion de la Fed du 27/28 janvier pourrait pousser la Fed à être plus « hawkish » qu’elle ne l’était jusqu’à présent, de quoi renforcer le dollar en particulier si les incertitudes globales restent importantes (Grèce, pétrole, Russie, …). Clairement la divergence des politiques monétaires va jouer en faveur du dollar qui a encore du potentiel à la hausse.
Nous avons de ce fait revu notre scénario et anticipons maintenant un EURUSD bien plus bas vers 1,12 à horizon juin avant un léger rebond vers 1,15 en fin d’année, une fois passée les incertitudes européennes et en réaction à l’amélioration de la situation économique européenne.
Nordine Naam , Janvier 2015
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