Les investisseurs institutionnels devraient se concentrer sur les risques extrêmes « qui peuvent détruire » leurs portefeuilles…

Selon Towers Watson, les investisseurs institutionnels devraient se concentrer sur les risques extrêmes qui peuvent détruire leurs portefeuilles tels que l’éclatement de l’euro, la contamination nucléaire ou encore les risques de pandémie et d’extrême longévité…

Towers Watson a établi un nouveau classement de risques extrêmes où les trois premières places sont dans l’ordre :

  • une crise dans le domaine de l’alimentation / eau / énergie,
  • un risque de stagnation économique,
  • un changement de température au niveau mondial

Le risque de défaut souverain et celui d’une crise du marché de l’assurance ont tous les deux perdu cinq places, tandis que la menace de dépression économique perd sa première place pour la première fois depuis la mise en place de ce classement en 2009.

Alors que la crise liée à l’alimentaire / eau / énergie (c’est-à-dire la rareté des ressources) a gagné dix places pour prendre la tête du classement, d’autres risques extrêmes ont également progressé cette année, comme l’effondrement du commerce mondial (+4 places) et le changement de la température mondiale (+3 places). De l’avis de Towers Watson, les risques extrêmes – d’une moindre menace qu’en 2011 – incluent le défaut de paiement d’un pays souverain (en chute de 5 places) conduisant à une crise sur le marché de l’assurance, mais aussi une crise bancaire et une crise sur le marché des devises, qui ont perdu, respectivement, deux et trois places.

Le classement de Towers Watson, intitulé « les risques extrêmes de 2013 » [1], catégorise des événements très rares qui auraient un fort impact sur la croissance économique mondiale et le rendement des actifs, s’ils devaient se produire. Pour la première fois, les 15 principaux risques extrêmes comprennent : la stagnation économique, les effets pervers des progrès de la santé, la contamination nucléaire, la longévité extrême et le terrorisme, tandis que ceux qui ont quitté cette année le top 15 du classement sont : l’éclatement de l’euro, l’hyperinflation, une crise politique, une guerre majeure, la fin de la monnaie fiduciaire et une pandémie meurtrière.

Tim Hodgson, responsable du groupe "Thinking Ahead" chez Towers Watson, a déclaré : « Il y a eu des modifications importantes dans les 15 premières places du classement cette année. Ceci est largement dû à l’extension de notre domaine de recherche sur les risques non-financiers extrêmes, de sorte que nous avons maintenant une liste complète de 30 risques extrêmes. Malgré tout, il est intéressant de noter que les risques de pandémie meurtrière et de guerre majeure ont disparu des 15 premières places, respectivement en 17ème et 18ème position. Les nouveaux venus dans les 15 premières rangs incluent les risques de terrorisme et de longévité extrême qui gagnent des places dans notre classement soit parce qu’ils ont plus de chance de se produire d’après notre évaluation (davantage une attaque terroriste majeure qu’une troisième guerre mondiale) ou parce qu’il y a moins d’incertitudes liées à leur impact (extrême longévité contre pandémie meurtrière). Cela illustre le défi auquel sont confrontés les investisseurs institutionnels et comment ils devraient s’adapter à l’évolution des évaluations des risques extrêmes. Nous suggérons de consacrer du temps à une étude "pre mortem", réalisée à l’avance afin de déterminer à ce qui pourrait " tuer" de façon permanente la mission de l’investisseur ».

Une telle étude "pré mortem" devrait pouvoir identifier les risques extrêmes dont il faudrait tenir compte. Towers Watson affirme dans ce cas que la bonne chose à faire est d’avoir recours à une assurance (si elle disponible et abordable), étant donné que l’investisseur ne peut se permettre de s’auto-assurer.

Ensuite, l’investisseur doit faire des choses simples : s’assurer qu’un portefeuille est suffisamment diversifié via plusieurs sources possibles de rendement, mais aussi à travers différentes classes d’actifs et créer ainsi une allocation d’actifs stratégique proposant de l’optionalité.

Par la suite, une complexité plus importante peut être ajoutée, au fil du temps, en supposant que ces étapes nécessitent une analyse coût / bénéfice, tel que l’ajout de façon contrarian, de contrats dérivés portant sur une échéance éloignée, par exemple, notamment lorsqu’ils sont bon marché.

« Bien intéressant en soi, nous pensons que la prise en compte des risques extrêmes peut être utile pour aider à concevoir des portefeuilles d’investissement plus robustes et des processus de gestion des risques plus solides. Le point de départ pour construire un portefeuille d’investissement robuste et réduire ainsi (et non éliminer) les risques extrêmes est d’introduire davantage de diversification. La prochaine étape est d’étudier certaines stratégies de couverture » indique Tim Hodgson.

La recherche de Towers Watson suggère, en gros, trois types de stratégies de couverture, auxquelles ont accès les institutions financières :

détenir des liquidités : La valeur d’une option "détention de cash" augmente pendant les périodes de stress sur les marchés financiers, permettant ainsi aux investisseurs disposant de liquidités d’acheter des actifs vraiment bon marché.

les produits dérivés : Il est à noter que leur coût et leur utilité sont souvent en opposition. En effet, le coût d’une couverture utilisant des dérivés peut souvent être réduite à travers des conditions très précises - mais plus les conditions sont précises, plus il est probable que ces produits ne remplissent pas exactement leurs rôles et donc au final que cette assurance ne serve à rien.

posséder des actifs négativement corrélés : Il n’existe pas un seul actif qui puisse protéger contre toutes les crises possibles. En outre, il n’existe aucune garantie que le rendement attendu des actifs de couverture sera réellement au rendez-vous dans le futur.

« Nous pensons qu’être un adepte du "pré mortem" signifie être un meilleur gestionnaire des risques et être ainsi capable de réagir avec plus de flexibilité dans le cas de la survenance d’un événement extrême, d’autant plus que ce type d’événement est peu susceptible d’évoluer exactement comme prévu. Par conséquent, l’application évidente du raisonnement "risque extrême" se trouve dans les tests de stress ou de planification de scenarii, mais il est aussi utile de se demander si cette façon de penser peut être incorporée dans le processus de la gestion d’une institution financière.

Naturellement, nous préconisons établir une sorte de système d’alerte avancé pour suivre de près tout ce qui concerne les événements extrêmes. Alors qu’il s’agit probablement d’un des domaines où les choses sont apparemment plus faciles à dire qu’à faire, la science (et l’art) de prédire l’imprévisible a considérablement progressé au cours de la crise financière mondiale » conclut Tim Hodgson.

Next Finance , Novembre 2013

Notes

[1] Un système de notation subjective pour établir une hiérarchie de ces risques et le changement de classement reflète un changement de vue sur l’incidence et la probabilité de chaque risque.

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