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Les conditions d’un rebond durable des marchés actions se réunissent

L’horizon s’est dégagé pour les investisseurs, après un été enthousiasmant sur les marchés d’actions. Des politiques monétaires massives, adaptées aux particularités des trois principales zones économiques mondiales expliquent les forts mouvements de hausse des actifs risqués en général...

L’horizon s’est dégagé pour les investisseurs, après un été enthousiasmant sur les marchés d’actions. Des politiques monétaires massives, adaptées aux particularités des trois principales zones économiques mondiales expliquent les forts mouvements de hausse des actifs risqués en général, et de détente des obligations des pays périphériques européens les plus fragiles en particulier. Sur ce dernier point, l’action de la BCE est clairement un succès.

L’activisme monétaire « reflationniste » assumé par les banques centrales démontre toute leur volonté de stimuler une économie globalement fébrile. Car plusieurs facteurs de crainte demeurent bien réels, qu’il ne faudrait surtout pas négliger. Une économie européenne en récession, un marché chinois local structurellement baissier et, enfin, des doutes quant à l’impact de la politique monétaire américaine sur l’économie réelle.

Les programmes d’assouplissement monétaire mis en œuvre par les grandes banques centrales constituent une action sinon coordonnée, en tous cas simultanée et de grande ampleur. Qu’il s’agisse de la Banque Centrale Européenne, de la Réserve Fédérale américaine, de la Banque d’Angleterre ou de celle du Japon, toutes ont mis en œuvre une politique accommodante ces dernières semaines, afin de relancer l’économie de leur zone respective.

Il faut noter que chacun des dispositifs comporte ses propres outils, adaptés sur mesure au contexte de chaque marché. La BCE a frappé fort en engageant un programme de rachats sur le marché secondaire, certes conditionnels mais « illimités », sur des titres d’Etat d’échéance 1 à 3 ans. Outre-Atlantique, la Fed a finalement annoncé un nouvel assouplissement quantitatif, le fameux « QE III », ciblé sur le marché immobilier, consistant en rachats de titres adossés à des créances immobilières (MBS) émis par des organismes de financement hypothécaires parapublics. Les acquisitions par la Banque Centrale s’élèveront à 40 milliards de dollars par mois. Cela permettra par ailleurs de soulager le bilan des banques américaines encore chargées de ces titres de créances immobilières. Car l’objectif indirectement poursuivi est également que celles-ci puissent ainsi rediriger leurs risques auprès des ménages, qui leur reprochent de ne pas prêter assez. Parallèlement, la Fed maintiendra des taux à des niveaux proches de zéro jusqu’en 2015 au moins. La Banque du Japon a elle aussi assoupli sa politique monétaire en relevant le montant de ses rachats d’actifs à 80.000 milliards de yens (775 milliards d’euros) : 55.000 milliards de yens seront consacrés aux rachats d’obligations d’État et 25.000 milliards à l’extension des crédits bancaires. En Chine enfin, ce n’est pas directement la Banque Populaire de Chine qui a procédé à un assouplissement monétaire, -encore que celle-ci ait abaissé à deux reprises ses taux d’intérêt au cours de l’été- mais c’est le gouvernement qui a décidé d’un plan de relance assez massif, de 1.000 milliards de yuans (125 milliards d’euros), destiné principalement à des projets d’infrastructures.

Les conséquences de l’ensemble de ces décisions monétaires, objectivement salutaires, vont continuer d’entretenir le rallye des marchés d’actions occidentaux à moyen terme. Le retour de volumes d’échanges significatifs et la normalisation des indicateurs de volatilité militent en faveur d’un cycle haussier durable des actifs dits risqués. En toute logique, les valeurs financières devraient rester bien positionnées pour profiter de ce mouvement de revalorisation.

Néanmoins, ces perspectives positives ne doivent pas éclipser plusieurs facteurs préoccupants, et non des moindres. Au premier rang desquels la situation au sein de la zone euro, où la résolution des problèmes macroéconomiques est toujours rendue très compliquée par la faiblesse des marges de manœuvre budgétaire dont disposent les Etats. A court terme, l’Espagne demeure le principal point d’incertitude. Aujourd’hui, l’Etat temporise avant de demander l’aide de la BCE, condition nécessaire au déclenchement du MES pour un plan de rachats de titres espagnols. Cette attente pourrait susciter le retour de séquences de crispation sur les marchés obligataires.

Le ralentissement de la croissance chinoise est un deuxième sujet d’inquiétude. L’activité a décéléré pour le onzième mois consécutif (indice PMI HSBC), donnant un peu plus de poids à l’hypothèse d’un nouveau trimestre de ralentissement. A +7.6% au deuxième trimestre, l’évolution du PIB chinois reste naturellement excellente, mais elle affiche tout de même la plus mauvaise performance depuis quatre ans. « L’atterrissage » de la croissance pose des questions. Alors qu’il souhaitait un changement d’orientation économique, davantage axée sur la consommation des ménages que sur les investissements publics et les exportations, le gouvernement chinois doit revoir ses ambitions. Une hypothèse est que la demande interne a effectivement progressé assez fortement, mais c’est le déstockage massif des entreprises qui impacterait les chiffres de croissance. Quoi qu’il en soit, alors que l’ensemble des indices boursiers internationaux ont fortement progressé ces derniers mois, le SSE Composite chinois a littéralement plongé depuis le mois de mai (-15%). Au cours de l’envol de l’économie chinoise ces vingt dernières années, rares ont été les situations de découplage boursier comparables.

Aux Etats-Unis, n’oublions pas que si le « quantitative easing » est aujourd’hui porteur pour les actions, l’efficacité réelle de ces plans sur l’économie n’est pas toujours avérée. Le QE I avait été unanimement salué. Le QE II avait inspiré quelques critiques. Celles relatives au QE III seront encore plus acerbes. En effet, il est très difficile d’évaluer les effets positifs d’une injection de liquidité dans l’économie réelle. S’agissant du taux de chômage américain, on peut pour l’instant parler d’effets mitigés. En revanche, on constate très facilement l’impact haussier direct sur le prix des matières premières. La hausse des prix des matières premières agricoles et du pétrole affecte ainsi directement les ménages qui ne voient pas en contrepartie se détendre le marché de l’emploi. Si l’action de la Fed se révélait finalement inefficace sur l’emploi et la demande intérieure, la croissance américaine pourrait bien se retrouver au point mort.

Trois risques bien réels donc, qui nuancent un point de vue de long terme plutôt positif sur les marchés. Car les efforts réalisés en zone euro, couplés à la mise en œuvre d’une politique monétaire encore inimaginable il y a quelques mois, et alors que les Etats-Unis sortent progressivement de la crise, devraient créer les conditions d’une reprise assez forte des marchés actions. Au premier titre desquels le marché le moins chers, c’est-à-dire celui des actions européennes.

Hugues Le Maire , Septembre 2012

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