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Le vieillissement de la population influe sur l’évolution des prix avec des répercussions directes sur nos finances personnelles

Yves Longchamp, Head of Research d’ETHENEA Independent Investors (Schweiz) AG, estime que le vieillissement de la population est susceptible d’influer sur l’évolution des prix. Ce phénomène démographique entrainera à long terme une baisse de la demande en biens de consommation et un report des dépenses vers les services ; un recul de l’investissement ; une baisse du prix des actifs due aux cessions par une population plus âgée. Les solutions passeront notamment par une augmentation de la productivité et un accroissement de la population active.

Voici des extraits du Commentaire d’ETHENEA :

Le spectre de la déflation ne semble pas planer sur nos économies dans l’immédiat. Mais l’euphorie liée à l’assouplissement quantitatif de la Banque Centrale Européenne occulte le fait que, dans certains pays industrialisés, l’inflation était déjà faible, voire négative, bien avant le repli des prix du pétrole (…). Outre la politique des banques centrales, les prix des matières premières et l’inflation salariale, les mutations sociétales, particulièrement le vieillissement, sont susceptibles d’avoir une influence sur l’évolution des prix. Ce phénomène a des répercussions directes sur nos finances personnelles (…).

La population en âge de travailler doit en effet économiser une part plus importante de son revenu du travail pour assurer sa retraite, ce qui réduit les moyens disponibles pour la consommation immédiate. Par ailleurs, de plus en plus de personnes âgées étant tributaires des systèmes sociaux, les impôts augmentent également, ce qui ampute encore le budget consacré à la consommation. Enfin, on assiste à une modification des comportements de consommation et d’épargne (…).

Baisse de la demande en biens de consommation et recul du prix des actifs

La baisse de la demande globale de biens de consommation se traduit par une pression déflationniste sur les prix à la consommation. Le vieillissement signifie qu’une part croissante de la population âgée finance sa consommation à l’aide de son épargne, via la liquidation de placements ou la vente d’actifs. Le nombre de vendeurs augmentant, les prix des actifs devraient en conséquence reculer. (…).

Ces deux premiers vecteurs auront pour effet de modifier les prix relatifs, la demande globale se déplaçant vers d’autres catégories de biens. Il faut s’attendre à un déplacement de la demande de biens de consommation vers la demande de services (santé et services à la personne). La demande accrue dans le secteur tertiaire ne permettra pas de compenser la diminution des investissements dans la production de biens de consommation et les investissements devraient globalement s’inscrire en repli (…).

Ces vecteurs sont mesurables d’un point de vue statistique. Les évolutions démographiques que connaissent actuellement l’Europe, le Japon et la Chine ont un impact déflationniste. En Europe de l’Ouest, la population en âge de travailler devrait reculer de 11 % d’ici 2050, sur fond de stagnation de la population totale. En Allemagne, la population en âge de travailler a atteint son plus haut niveau en 2003. Sur la même période, le repli attendu du groupe démographique des 14-65 ans s’élève à 22 %, contre une diminution d’environ 9 % de la population totale. La société japonaise enregistre le vieillissement le plus marqué : la population active nippone a reculé de 9 % depuis 1990 et diminuera encore d’un tiers d’ici 2050 (…).

Le fait que la déflation bénéficie aux consommateurs vieillissants qui ont épargné pour leur retraite doit néanmoins être jugé comme positif. En revanche, pour ceux qui sont endettés, la situation se révèle désastreuse.

À cet égard, il ne faudrait pas trop compter sur les mesures des banques centrales, mais davantage miser sur des réformes structurelles visant à renforcer la productivité (formation, infrastructure informatique, recherche et développement) et à accroître la population active (participation des femmes à la vie active, immigration, politique familiale) ainsi que sur une politique plus créative, disposée et apte à traiter le problème à sa source. Ainsi, Singapour offre une prime allant jusqu’à 3.250 USD pour chacun des deux premiers enfants, qui passe ensuite à environ 5.000 USD pour le troisième et le quatrième enfant. À méditer…

Yves Longchamp , Mai 2015

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