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La prudence semble la seule recette face aux multiples facteurs de risque

Guido Barthels, CIO et Gestionnaire de Portefeuille d’Ethenea Independent Investors S.A. et Yves Longchamp, Head of Research d’Ethenea Independent Investors (Schweiz) AG analysent les effets du ralentissement de la croissance chinoise. Ils estiment qu’il y a un risque de crise de la dette émergente...

Guido Barthels, CIO et Gestionnaire de Portefeuille d’Ethenea Independent Investors S.A. et Yves Longchamp, Head of Research d’Ethenea Independent Investors (Schweiz) AG analysent les effets du ralentissement de la croissance chinoise. Ils estiment qu’il y a un risque de crise de la dette émergente ainsi qu’un attentisme des investisseurs à la veille d’un resserrement de la politique monétaire aux Etats-Unis.

Nous sommes dans un scénario où la menace provient de la Chine et met en péril la reprise économique du monde entier. De 1979 à aujourd’hui, soit pendant presque 40 ans, le PIB chinois a été multiplié par plus de 35. Le même calcul donne une multiplication par 6 pour les Etats-Unis et par 4 pour l’Allemagne, en dollars et à prix constants. La transition de la Chine d’une économie émergente vers une économie dite développée -une évolution toujours en cours- peut donc être considérée comme une réussite, non seulement pour le pays lui-même mais aussi pour le monde entier dans la mesure où la croissance économique mondiale découle directement ou indirectement de la Chine.

Effets collatéraux de la dévaluation de la monnaie chinoise

Tout le monde est au fait de l’évolution du pays, dont la croissance estimée au cours des prochaines années va reculer de 6,3% environ à 4%. Certains argueront qu’une perte de croissance de 2% n’est pas très grave, mais le poids économique du dragon chinois est tel que cette baisse équivaut à près de la moitié du PIB des Pays-Bas. L’éventualité d’une diminution du taux de croissance a donné aux autorités chinoises l’idée que de nombreux dirigeants du monde ont en pareille circonstance : dévaluer la monnaie afin de stimuler la croissance intérieure. C’est ce que les Chinois ont fait. Le renminbi a effectivement été dévalué d’un peu plus de 2% vers la mi-août. Cette décision a surpris le marché. Malgré l’intervention massive des autorités chinoises, la capitalisation boursière a été réduite de moitié depuis le mois de juin.

La dévaluation de la monnaie chinoise s’inscrit dans la logique du gouvernement qui estime pouvoir contrôler le marché. Jusqu’à présent, cette logique semble démentie par les faits : la chute des valeurs chinoises se poursuit et les dommages collatéraux résultant de la dévaluation sont considérables. Si le taux de change USDCNY n’a varié que de 2,6%, d’autres devises ont été plus affectées, notamment le ringgit malais et la livre turque, tandis que l’euro a lui-même progressé de 5 % vis-à-vis du dollar américain. (…)

La dévaluation pose d’ores et déjà un problème significatif à certains de ces pays. Nous y observons également une hausse des coûts de financement dans leurs monnaies locales. La combinaison de ces deux effets pourrait conduire à une crise de la dette émergente, d’autant plus que l’endettement du secteur privé dans certains de ces pays est significatif.

Si le fléchissement des devises et des marchés d’obligations libellées en devise locale perdure, il se peut que la prochaine crise se prépare. (…)

Le secteur des obligations à haut rendement libellées en USD enregistre par ailleurs la deuxième moins bonne performance de l’été. Si la part importante des compagnies pétrolières au sein du haut rendement américain (environ 20%) en est la cause principale, l’explication ne saurait se réduire à la faiblesse du marché de l’or noir qui a atteint au cours de l’été de nouveaux plus bas depuis plusieurs années. Le goût pour le risque des investisseurs s’est réduit, probablement en raison de la crainte, ou plutôt de la prise en compte, d’une possible inversion de la période de neuf ans de politique monétaire expansionniste menée par la Réserve Fédérale aux États-Unis. (…)

Prudence à l’égard des marchés à risque tels que les actions mondiales et les obligations à haut rendement

Un ralentissement économique en Chine, une crise potentielle sur les marchés émergents et un resserrement de la politique conduite par la Banque centrale la plus influente au monde pourraient être un peu trop difficiles à digérer pour la majeure partie des investisseurs.

Aussi, nous nous montrons prudents à l’égard des marchés à risque tels que les actions mondiales et les obligations à haut rendement sur lesquelles nous avons allégé nos positions au cours des dernières semaines. (…)

Pour l’instant, la prudence semble être la seule recette pour faire face à ce dilemme – prudence et anticipation des mouvements du marché. Pour cela, il vaut mieux pouvoir s’appuyer sur un esprit critique et une expérience éprouvée au fil du temps.

Guido Barthels , Yves Longchamp , Septembre 2015

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