L’eau : la grande tendance prépondérante de notre époque

La crise de l’approvisionnement en eau pourrait être la plus grave menace pesant sur notre société dans les dix années à venir. Dans cette perspective, les gouvernements et les entreprises s’engagent dans un dialogue toujours plus intense.

En raison de l’augmentation de la demande en eau et des conséquences du changement climatique sur son approvisionnement, les deux tiers de la population mondiale pourraient être exposés à des conditions de stress hydrique d’ici à 2025. Le Forum économique mondial affirme que, selon les résultats de son enquête sur les risques mondiaux, une crise de l’approvisionnement en eau constitue la menace la plus probable et la plus grave à laquelle notre société pourrait être confrontée au cours des dix prochaines années. Les gouvernements reconnaissent de plus en plus que l’utilisation non durable de l’eau pèse sur la croissance économique. En Chine, par exemple, la Banque mondiale a estimé qu’un approvisionnement inefficace en eau pourrait d’ores et déjà réduire le PIB de plus de 2%.

Capacité de gestion et pratique durable

Face à la pénurie, les entreprises prennent conscience de la nécessité de s’adapter. Dans les industries grandes consommatrices d’eau, telles que l’agriculture, l’alimentaire et les boissons ou les semi-conducteurs, leur capacité à optimiser l’utilisation de l’eau par rapport à leurs concurrents est aujourd’hui largement considérée comme un avantage compétitif qui permettra d’inscrire les bénéfices dans la durée. Ainsi, la branche de l’alimentaire et des boissons s’engage de plus en plus dans un dialogue multi-acteurs : par le biais de sa Société financière internationale, la Banque mondiale a récemment créé le « Water Resources Group », qui intègre de grandes multinationales comme Coca-Cola et SABMiller. Selon MSCI ESG, Anheuser Busch et Diageo (boissons), Bunge, Danone, Heinz et Kraft Foods (alimentation), Intel (semi-conducteurs) et Centrica (approvisionnement énergétique) comptent parmi les sociétés présentant une bonne capacité de gestion de l’eau.

Par rapport aux sociétés publiques exposées à la technologie de l’eau, qui sont souvent de grandes sociétés diversifiées actives dans l’industrie ou dans l’approvisionnement énergétique, le financement en capital-risque peut offrir une exposition plus directe à ce thème.

Des applications technologiques pour réduire le stress hydrique

Le dessalement et le traitement des eaux usées sont les principales technologies futures pour faire face à la pénurie d’eau. Selon l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), le dessalement, qui en est encore à ses débuts, représente seulement 0,13% de tous les prélèvements d’eau dans le monde. En comparaison, la réutilisation des eaux usées se chiffre à 2,4%. Le traitement de l’eau pour l’irrigation et pour les applications industrielles implique d’éliminer les matières organiques et les déchets solides. Les techniques de pointe couvrent des besoins qui vont de la production d’eau potable à des solutions hautement purifiées pour le secteur des semi-conducteurs.

Les membranes font partie intégrante des méthodes de dessalement et de traitement. En outre, le marché de la gestion de l’eau couvre également les infrastructures (résistance à la corrosion, canalisations, vannes et pompes) et des solutions de technologies de l’information et de la communication (TIC) pour la gestion et la distribution de l’eau. Dans le secteur de la chimie spécialisée, BASF mène des projets de recherche-développement et de développement de produits. Cependant, bien que la société estime actuellement qu’elle détiendra une part de 800 millions d’euros dans un marché évalué, selon elle, à 20 milliards d’euros pour les solutions en matière d’eau d’ici 2020, le segment ne représentera qu’une faible part des revenus totaux, même d’ici là. Dans le secteur agricole, principale consommateur d’eau douce, les cultures résistantes peuvent améliorer efficacement les rendements dans des régions déficitaires en eau et connaissant des conditions météorologiques difficiles.

Exposition pure : private equity et capital-risque

Par rapport aux sociétés publiques exposées à la technologie de l’eau, qui sont souvent de grandes sociétés diversifiées actives dans l’industrie ou dans l’approvisionnement énergétique, le financement en capital-risque peut offrir une exposition plus directe à ce thème. Les placements en phase initiale présentent le potentiel de croissance le plus élevé : les placements profitables sont souvent sortis par le biais d’un IPO ou d’une vente à un acheteur stratégique. Néanmoins, les investisseurs doivent être conscients des risques liés à ce type de placement.

Bien que le sujet fasse l’objet d’un débat animé, les clients finaux, qui sont généralement des sociétés publiques d’approvisionnement, se montrent généralement peu enclins à porter les risques élevés d’un placement dans des technologies qui n’ont pas fait leurs preuves et hésitent à investir dans de tels projets à long-terme et coûteux. L’adoption d’une nouvelle technologie dans le secteur de l’eau est un processus fastidieux. Plusieurs années peuvent s’écouler entre la phase de conception et la première utilisation commerciale de la technologie en question. Plus le stade du cycle de vie est précoce, plus le risque d’échec est élevé, entraînant souvent une perte totale du capital. Le placement dans un fonds de capital-risque constitue un moyen efficace de réduire ce risque par le biais de la diversification.

Marina Stoop , Markus Stierli , Septembre 2012

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