https://www.next-finance.net/fr
Gestion de Patrimoine

Doublement du plafond du Livret A et du LDD !

Un enjeu de transfert d’épargne de 50Mds€ avec un coût de 480 à 730M€ pour les banques…

- Une analyse du cabinet Roland Berger évalue de 40 à 60Mds€ les transferts d’épargne résultant du doublement des plafonds du Livret A et du LDD ; avec un surcoût de 480 à 730M€ pour les banques qui devront lever de nouvelles ressources à moyen terme pour maintenir leur capacité de financement de l’économie
- Le cabinet préconise d’étaler dans le temps le doublement des plafonds au fil de l’accroissement des besoins de financement du logement social et de la politique de la ville
- La perspective de ramener à 0,3% la commission perçue au titre de la collecte centralisée représenterait pour les banques une perte de 540M€, soit un enjeu de 1 à 1,25Mds€ en ajoutant cette perte au surcoût de financement lié au doublement des plafonds

Dans le contexte actuel marqué par l’incertitude économique et la faiblesse des rendements financiers, il y a peu de doutes sur le succès que devrait rencontrer le doublement des plafonds du Livret A et du LDD, du moins auprès des ménages les plus aisés (les actuels détenteurs des 9% des Livrets A et des 25% des LDD au plafond qui représentent respectivement plus de 40 et 50% des encours totaux). "Nous estimons que 40 à 60Mds€ pourraient être transférés, ce qui reviendrait à annuler les efforts des banques françaises sur 2011 pour renforcer leurs encours de dépôts et d’épargne non réglementée dans le cadre de Bâle 3", indique Fabrice Asvazadourian, Senior Partner chez Roland Berger.

Si les ambitions du gouvernement de dotations complémentaires au fonds d’épargne de la CDC devraient être au rendez-vous, elles entraîneraient un surcoût pour les banques françaises. Celles-ci devront en effet lever de nouvelles ressources de marché à moyen terme afin de maintenir leur ratio de liquidité long et leur capacité de financement de l’économie. "Au regard de leurs conditions de financement actuelles sur les marchés, le surcoût à prévoir atteindrait de 480 à 730M€", précise Jérôme Barrué, Partner chez Roland Berger.

Au-delà des montants de transfert d’épargne et de surcoût de financement en jeu, c’est la vitesse à laquelle les banques seront impactées qui pose question. On peut s’attendre à ce que les transferts d’épargne s’opèrent en quelques mois puisque les sommes en jeu sont aujourd’hui investies sur des supports liquides ou court terme. Or, il ne semble pas y avoir urgence à doter le fonds d’épargne de ressources complémentaires :"On reste encore assez loin du ratio minimum de 125% introduit par la Loi de Modernisation de l’Economie entre ressources centralisées et prêts dédiés au logement social et à la politique de la ville. Le ratio était de 140% à fin 2011, soit un buffer de ressources additionnelles pour le fonds d’épargne de près de 20Mds€, qui correspond à plus d’une année de financement du nouvel objectif annoncé de 150.000 logements sociaux", indique Jérôme Barrué. Il semblerait dès lors judicieux, d’étaler le doublement des plafonds dans le temps au fil de l’accroissement des besoins de financement du fonds et de la capacité de mobilisation du foncier public.

Ces derniers jours ont vu également apparaître un nouvel élément déstabilisant pour les banques et qui impacterait directement leur résultat d’exploitation : la perspective d’une diminution de 20 points de base de la commission qu’elles perçoivent au titre de la collecte centralisée à la CDC (passage de 0,5% à 0,3% de l’encours). Cette baisse représenterait pour les banques françaises une perte de résultat de 380M€ sur les encours existants et atteindrait 540M€ en prenant en compte l’impact du doublement des plafonds. En ajoutant cette perte au surcoût de financement, ce sont de 1 à 1,25Mds€ qui sont en jeu.

"A un moment où les banques sont en train d’intégrer les nouvelles contraintes de liquidité liées à Bâle 3 et où elles sont attendues dans leur soutien au financement de l’économie, il nous semble important de ne pas introduire trop brutalement de nouvelles tensions et veiller également à encourager le développement d’une capacité d’épargne longue", conclut Fabrice Asvazadourian.

Next Finance , Juin 2012

tags
Partager
Envoyer par courriel Email
Viadeo Viadeo

© Next Finance 2006 - 2024 - Tous droits réservés