Pour une diversification intelligente

Dans cet entretien, Giles Keating, responsable Private Banking Research au Credit Suisse, et David Strebel, responsable Investment Advisory & Strategies au sein de Private Banking Investment Services and Products, abordent le thème de la diversification intelligente...

Sur les marchés volatils actuels, les bénéfices d’un portefeuille bien diversifié sont cruciaux. La diversification s’obtient en répartissant les risques sur des classes d’actifs, améliorant ainsi le rapport risque/rendement du portefeuille. Les placements alternatifs sont ainsi un atout majeur dans les stratégies modernes de portefeuille. Dans cet entretien, Giles Keating, responsable Private Banking Research au Credit Suisse, et David Strebel, responsable Investment Advisory & Strategies au sein de Private Banking Investment Services and Products, abordent le thème de la diversification intelligente...

Pourquoi est-il temps d’investir davantage dans les placements alternatifs ?

Giles Keating : Les placements alternatifs sont un bon moyen de diversification au sein d’un portefeuille traditionnel. Notre portefeuille de référence avait une corrélation aux actions de 0,6 seulement ces 17 dernières années, et la théorie financière stipule que l’introduction d’actifs à faible corrélation réduit la volatilité, quel que soit le niveau de rendement attendu, ou améliore le rendement prévu tout en conservant la volatilité. La grande incertitude pesant sur les actions et les obligations, que ce soit en termes d’émissions de la zone euro, d’encours de la dette ou de craintes géopolitiques en matière d’approvisionnement en pétrole, rend cette faible corrélation très utile.

En période de turbulences, les placements alternatifs contribuent à réduire les « drawdowns ». Ainsi, alors que l’indice S&P 500 cédait du terrain en juillet et en août 2011 (-7,7%) et que l’indice d’actions mondial (MSCI World) chutait de 9%, l’indice Credit Suisse Investable Hedge Fund perdait 2,9%. En outre, un investisseur concentré sur le style « global macro » dans l’univers des hedge funds aurait pu gagner 2,5% sur ces deux mois en se basant sur l’indice Investable Credit Suisse AllHedge pour les hedge funds. Dans un portefeuille diversifié, ces mouvements de hedge funds auraient compensé l’impact des pertes des actions. Il en est de même pour les autres actifs alternatifs, y compris l’or.

Que recommande le Credit Suisse en termes d’allocation sur les placements alternatifs ?

David Strebel : Ces placements devraient faire partie des réflexions des investisseurs concernant l’allocation d’actifs, car ils offrent diversification, protection du drawdown et potentiel de rendement. Il est donc naturel que ces derniers soient essentiels dans le cadre des allocations d’actifs du Credit Suisse. Dans l’idéal, nous recommandons de détenir au total 15% de placements alternatifs pour nos stratégies à revenu fixe et actions, et 20% pour nos stratégies orientées revenus, pondérée et orientée gains en capital. De plus, nous suggérons un fractionnement égal entre hedge funds, private equity, immobilier et matières premières/or. Pour des clients investissant moins de 5 mio. CHF ou équivalent, ou ceux disposant d’une capacité limitée à supporter les risques de liquidité, les placements en private equity devraient être remplacés par des hedge funds.

Afin de préserver son orientation claire, notre stratégie actions n’englobe pas de placements immobiliers et les investisseurs de la stratégie à revenu fixe devraient s’abstenir d’une exposition au private equity. L’allocation d’actifs du client doit bien correspondre à ses objectifs de placement, à son profil de risque et à sa situation financière. C’est pourquoi un avis professionnel est si important.

Vous parlez de long terme. Où nous situerons-nous dans les six mois à un an ?

David Strebel : Si nous considérons nos perspectives à moyen terme, nous surpondérons les actions et donc les placements alternatifs dans l’allocation stratégique des actifs, mais aussi l’immobilier et l’or, potentiellement intéressants dans les six à douze mois.

Certains investisseurs craignent de s’engager dans des placements alternatifs. Comment la dernière crise boursière a-t-elle affecté ces placements ?

Giles Keating : Ils ne sont jamais une valeur refuge et ils ne sont pas dénués de risques. Le contexte financier a été confronté à un défi de taille l’an dernier, ce qui a affecté les placements alternatifs. 2011 a connu une période de ralentissement économique, mais également des problèmes dans le système bancaire. Certains emprunteurs étrangers ont même rencontré des problèmes de liquidité et de solvabilité.

Pourtant, ces placements ont démontré qu’ils étaient intéressants pour des portefeuilles traditionnels.

Giles Keating : Oui, dans la mesure où un choix judicieux a été fait. L’immobilier a ainsi généré des rendements difficiles à obtenir ailleurs. Et bien que certains des grands indices de matières premières aient eu une année 2011 difficile, les investisseurs ayant renforcé leur portefeuille en actions et obligations traditionnelles avec une exposition aux matières premières basées sur des stratégies de momentum auraient pu fortement améliorer les performances.

De plus, l’or a été l’un des rares actifs à afficher des risques faibles et des rendements positifs décents. Quant aux hedge funds, les stratégies moins sensibles aux liquidités, telles que les « global macro », ont affiché une solide performance. Aussi, si les placements alternatifs ne sont pas à l’abri des conditions de marché difficiles, ils ne réagissent pas comme les catégories traditionnelles d’actifs. Résultat : l’introduction de placements alternatifs améliore le compromis global risque/rendement des portefeuilles de placements. Dans un contexte difficile, c’est particulièrement appréciable. Le choix des bonnes stratégies et des instruments judicieux est crucial.

Comment le Credit Suisse s’assure-t-il que les clients savent ce qu’ils reçoivent en matière de placements alternatifs ?

David Strebel : Notre processus de conseil garantit la pertinence et l’adéquation de nos recommandations. Nous veillons à ce que l’expérience du client lui permette de comprendre les caractéristiques et les risques du produit de placement et les risques. A cette fin et pour améliorer la qualité de nos conseils, nous avons publié une documentation relative aux classes de produits et des formulaires améliorés. Au-delà des connaissances, un produit adapté doit correspondre au portefeuille en termes de risques et d’objectifs recherchés. Ces trois éléments constituent le socle d’un placement alternatif judicieux.

Quelles sont les meilleures opportunités pour des investisseurs alternatifs, selon vous ?

Giles Keating : Les placements alternatifs sont dans notre top ten des idées de placement pour 2012 : sur les matières premières, nous recommandons des stratégies de valeur, ce qui change totalement des stratégies de momentum privilégiées en 2011. Actuellement, les stratégies de valeur favoriseraient le cuivre et d’autres métaux industriels, qui ont subi de fortes pressions à la vente en raison des craintes liées au désendettement et à la conjoncture au second semestre de l’année dernière, et qui semblent désormais bon marché. L’or paraît aussi bien se comporter dans un contexte de taux d’intérêt bas, mais la hausse est plus limitée.

Et comme stratégie de couverture pour lutter contre l'instabilité géopolitique au Moyen-Orient, nous proposons d'acheter des options d'achat de pétrole en dehors de la monnaie. Dans l'immobilier, les titres sélectionnés de sociétés civiles immobilières et de fonds de placement ouverts avec une exposition directe au marché présentent un intérêt.

Pour des investisseurs spécialisés, nous recommandons une exposition aux immeubles commerciaux en Australie, en Chine, en Allemagne, en France, au Canada et dans des marchés sélectionnés d’Amérique du Nord et d’Amérique latine.

Kathleen Karius , Next Finance , Juin 2012

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