Des stress tests pour rien ?

De nouveau, il serait ainsi question de ne regarder que les trading book des banques. Or si on ne stress pas les banking books, cela revient à ne pas stresser les dettes souveraines à problème...

On devrait connaitre le 18/03 les critères du 2e stress tests européen lancés par l’EBA (European Bank Authority qui a remplacé le CEBS en début d’année). Les résultats devraient être connus en juin.

La qualité d’un scénario à risque tient d’une part au choix des paramètres que l’on fait bouger et d’autre part au périmètre auquel on l’applique.

Il est à craindre que le 1er élément soit ambitieux mais que le second rate de nouveau sa cible si de nouveau on appliquait les (bons) critères à une partie seulement des portefeuilles bancaires.

De nouveau, il serait ainsi question de ne regarder que les trading book des banques. Or si on ne stress pas les banking books, cela revient à ne pas stresser les dettes souveraines à problème. En effet la plupart des dettes périphériques à risque ont été transférées dans les banking books (sans doute à plus de 80% pour la Grèce).

En 2010 seules 7 banques sur les 90 testées avaient échoué avec 5 en Espagne, une en Grèce et une en Allemagne et donc aucune banque irlandaise. Ce qui n’avait pas empêché l’écroulement du système irlandais (la seule Anglo Irish, certes nationalisée, a ainsi perdu près de 18mds en 2010...) entrainant un prêt de 85mds de l’Europe et du FMI dont 35mds pour les seules banques....

Cette fois ci donc 88 banques devraient être concernées soit 65% des actifs. Des scénarios spécifiques à chaque pays pourraient être envisagés avec un scénario central et un scénario à risque définis an accord avec la BCE.

Parmi les critères on aurait notamment :
- une baisse du PIB de 0.5% (et 0.2% en 2012),
- une hausse des taux souverains de 75pbs avec des hairs cuts spécifiques à chaque pays (par exemple 3.5% sur la dette allemande, 7.6% sur les Gilts). La vraie question étant surtout le haircut à appliquer aux titres grecs voire irlandais....
- une forte baisse du marché immobilier
- une chute du dollar de 4%
- une baisse des marchés actions de 15%
- des tensions sur l’interbancaire (+125pbs).

Ce dernier critère est sans doute important alors que globalement la situation des banques européennes actuellement n’est pas normalisée et qu’il faudrait juger de leur capacité à faire face à une crise de liquidité audelà des seuls besoins de recapitalisation.

En effet, les banques des pays périphériques continuent de faire montre d’une très forte dépendance à la BCE pour leur refinancement.

La situation est ainsi loin d’être normalisée en particulier pour les banques irlandaises. Elles continuent d’emprunter 126mds sur le mois de janvier auprès de la BCE (96mds pour les banques purement domestiques soit 1.5md de plus qu’en décembre).

En revanche les banques espagnoles confirment qu’elles arrivent à se refinancer par des canaux plus « normaux ». Ainsi, prises dans leur ensemble les banques ibériques empruntent 53mds à la BCE (contre 126 mds au plus haut en juin 2010), ce qui correspond à la situation qui prévalait en 2008 juste avant Lehman. Le refinancement des banques portugaises auprès de la BCE n’a pas explosé à la hausse récemment malgré les tensions sur les OT. Elles empruntent ainsi 40mds ce qui est historiquement très élevé (en février 2008 elles empruntaient ...2mds à la BCE sur le mois) et autant que le système bancaire italien mais correspond aux niveaux de cet été.

Enfin les banques italiennes après quelques grippages autour du passage de fin d’année n’ont emprunté que 40mds sur le mois de février (-7mds par rapport à décembre) ce qui reste toujours assez nettement cependant au-dessus des niveaux d’avant crise (16mds en février 2008).

On notera dans ce contexte que la hausse des taux annoncée par la BCE ne va pas arranger une situation déjà problématique. Avec un MRO à taux fixe et des LTRO indexés sur le taux moyen du repo, des taux 25pbs voire 50pbs plus élevés seront d’autant plus couteux pour les banques européennes.

La BCE pourrait ainsi annoncer dans les prochains mois un plan d’aide au refinancement des banques pour le moment tenues à bout de bras par la BCE qui après tout est là tout à fait dans son rôle de Banque des banques...

Direction Recherche Economique Natixis AM , Mars 2011

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