jeudi 2 avril 2020
Déjà fragilisée par de nombreux facteurs d’incertitude (Brexit, tensions commerciales, échéances électorales), l’économie mondiale doit faire face à un nouveau défi : l’épidémie Covid-19. Celle-ci, dont les conséquences humaines sont lourdes, met également à mal les entreprises du monde entier. Elle perturbe les chaînes d’approvisionnement, interrompt l’activité, affecte la confiance des ménages et des marchés, et limite fortement les échanges internationaux.
Ainsi, selon Euler Hermes, la croissance économique mondiale enregistrera en 2020 un fort ralentissement, n’atteignant que +0,5% (+2,5% en 2019). Dans le même temps, les échanges internationaux se contracteront cette année de -4,5%. Enfin le risque d’impayés devrait s’accroître significativement, avec une hausse des défaillances mondiales d’entreprises de +14%. Dans ce panorama international peu optimiste, de nombreux pays et secteurs seront durement touchés en 2020.
Le risque pays comme boussole pour anticiper les risques de « sudden stop » (arrêt brutal des flux de capitaux)
Comme chaque trimestre, Euler Hermes publie ses notes de risques pays et secteurs afin de mesurer l’évolution du risque de non-paiement des créances commerciales. Au total, 242 pays et 18 secteurs sont surveillés et évalués trimestriellement, grâce au suivi en continu de 40 indicateurs économiques et financiers. Les défauts argentins et libanais de ces derniers mois confirment la nécessité de la maquette du risque pays pour mesurer les vulnérabilités qu’une crise, comme celle du Covid-19, vient révéler.
Au premier trimestre 2020, Euler Hermes a abaissé la note de 18 pays, dont l’Equateur, la Thaïlande, l’Indonésie, les Emirats Arabes Unis, le Koweït, le Maroc, le Kenya, le Ghana, l’Île Maurice, la République Tchèque, la Pologne, la Roumanie, l’Irlande, la Slovaquie et la Lettonie. On retrouve aussi le Brésil, qui paie cher la crise économique et sanitaire mondiale, alors que la dynamique de réformes laissait initialement espérer une accélération de la croissance. Le Japon également, qui a commencé 2020 avec les fragilités héritées des chocs subis à l’automne dernier, auxquelles est venue s’ajouter l’épidémie Covid-19. L’Inde fait aussi partie de la liste : le pays devait déjà faire face à de nombreux défis structurels et conjoncturels qui sont amplifiés par la situation actuelle.
« Les conséquences visibles et potentielles de l’épidémie Covid-19 entrent dans notre analyse du risque pays. Même si leur note de risque n’est pas abaissée, nous sommes très attentifs à la situation d’autres pays développés, dont l’Italie, la France, l’Allemagne, l’Espagne et les Etats-Unis. Ces pays ont à disposition les moyens nécessaires pour protéger leurs entreprises, mais leur situation pourrait rapidement devenir complexe si les mesures de confinement et le blocage de l’économie devaient durer », avertit Ludovic Subran, Chef économiste des groupes Euler Hermes et Allianz.
Un record de changements de notes sectorielles depuis la mise en place de la méthodologie
Euler Hermes a revu à la baisse la note de risque de 126 secteurs à travers le monde. Il s’agit là d’un niveau historique, jamais atteint jusqu’ici : le précédent record avait été atteint au T1 2016, avec un total de 70 notes de risques secteurs abaissées. Il est également important de noter que dans 60% des cas, ces changements entrainent un passage de la note sectorielle de « risque modéré » à « risque élevé ». Deux preuves, s’il en fallait encore, que l’économie mondiale et les entreprises traversent actuellement une période très complexe, incertaine et inédite.
Le secteur de l’automobile est le plus sévèrement touché, puisqu’Euler Hermes a abaissé sa note dans 26 pays. Viennent ensuite les transports (note de risque abaissée dans 21 pays), l’électronique (14) et la distribution (12). L’industrie pharmaceutique et les services informatiques sont quant à eux les deux secteurs les plus résilients. Côté régions, c’est l’Europe de l’Ouest qui a subi le plus de dégradations de notes sectorielles, avec 52 cas. Suivent l’Asie (29 notes de risques secteurs dégradées) et l’Europe centrale et Orientale (24).