Une nouvelle analyse de la duration

Compte tenu des rendements actuels et des anticipations de marché (qui a bien intégré les relèvements de taux de la Fed), nous estimons moins pertinents les arguments en faveur d’une sous-exposition en duration sur les bons du Trésor américain, alors qu’ils restent d’actualité pour l’Europe et le Japon...

Évaluation globale

Alors que les fondamentaux économiques mondiaux restent solides malgré quelques signes de décélération, l’incertitude liée aux élections à venir, aux actions des banques centrales et aux négociations commerciales va continuer de prévaloir. Les rendements souverains de référence (États-Unis, Allemagne) devraient poursuivre leur évolution dans une fourchette étroite, dans la mesure où la demande d’actifs réputés sûrs devrait contrebalancer la pression haussière sur les taux favorisée par le contexte économique. Selon nous, les investisseurs doivent se concentrent sur la qualité et la liquidité de manière générale, tout en restant à l’affût des opportunités possibles après une période agitée, telles que certaines obligations émergentes par exemple.

Obligations d’État des marchés développés

Compte tenu des rendements actuels et des anticipations de marché (qui a bien intégré les relèvements de taux de la Fed), nous estimons moins pertinents les arguments en faveur d’une sous-exposition en duration sur les bons du Trésor américain, alors qu’ils restent d’actualité pour l’Europe et le Japon.

En Europe, nous anticipons toujours une baisse du différentiel de rendement entre les obligations à 5 et 10 ans (aplatissement), dans la mesure où la pentification de la courbe est trop importante aux niveaux actuels. Certains pays périphériques offrent par ailleurs certaines opportunités tactiques.

Obligations d’entreprise des marchés développés

Alors que les perspectives de croissance à court terme semblent favorables, les préoccupations liées à la politique future de la Fed et les valorisations de marché plaident en faveur d’un positionnement prudent sur le crédit en privilégiant la liquidité. Il est recommandé d’exploiter les opportunités tant inter - qu’intra secteurs. Sur l’« investment grade » américain, nous privilégions les valeurs bancaires, les titres d’assurance et d’énergie au vu de leurs valorisations et de leur positionnement dans le cycle de crédit. Nous sommes plus prudents sur des matériaux de base et la technologie en raison des valorisations, ainsi que sur les groupes pharmaceutiques en raison d’inquiétudes liées à leur modèle économique. Les prêts continuent également d’offrir des opportunités dans un contexte de fondamentaux solides, de hausse des bénéfices et du faible niveau de défaut. En Europe, nous conservons un positionnement défensif axé sur les émissions à court terme et continuons de rechercher des opportunités sélectives sur le segment de la dette subordonnée du secteur financier.

Nous estimons qu’il est temps de réduire le biais court sur la duration américaine et de continuer à se concentrer sur la qualité et la liquidité sur les marchés du crédit

Obligations des marchés émergents

La volatilité devrait rester élevée à l’approche des élections de mi-mandat aux États-Unis qui pourraient alimenter une rhétorique hostile sur le commerce, les taxes douanières et les sanctions économiques. La réduction de l’appétit au risque en phase de resserrement de la liquidité a entraîné une correction de certains marchés émergents, qui présentent aujourd’hui des valorisations attractives. C’est le cas du Mexique par exemple, dont la valeur de la dette souveraine en monnaie locale est très attractive avec un rendement de près de 8 % sur l’obligation 10 ans en monnaie locale pour un pays investment grade (au 18 septembre 2018).

Selon nous, le Mexique devrait bénéficier d’une accalmie d’ici la fin de l’année lorsque le président élu prendra ses fonctions, le sujet de l’ALÉNA devient moins prégnant.

En revanche, nous restons prudents sur la dette turque en monnaie locale. La récente faiblesse de la lire impacte les anticipations d’inflation et, en dépit de la hausse des taux par la banque centrale, le marché aura les yeux rivés sur le budget à venir, dans l’attente d’un resserrement budgétaire significatif.

Marché des changes

Les préoccupations croissantes liées aux différends commerciaux continuent de soutenir le dollar à court terme et d’accroître la volatilité des devises des marchés émergents dont les politiques locales ne font que renforcer l’incertitude. Nous sommes favorables au dollar, qui est soutenu par la croissance mondiale et la hausse de l’inflation. Concernant les marchés émergents, nous restons prudents sur les monnaies des marchés émergents asiatiques, plus vulnérables aux guerres commerciales, et sur le Brésil à l’approche des élections.

ÉRIC BRARD , KENNETH J. TAUBES , YERLAN SYZDYKOV , Octobre 2018

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