›  Opinion 

To be or not to be ?

Les investisseurs sur les marchés financiers prêteront une grande attention à la Grande-Bretagne lorsque sa population disputera la prochaine manche qui doit déterminer l’avenir de l’Europe. Guido Barthels, gérant d’ETHENEA Independent Investors S.A. et Yves Longchamp, Head of Research d’ETHENEA Independent Investors (Schweiz) AG, donnent leur point de vue sur le contexte de marchés actuel.

Juin est un mois à forts enjeux pour l’Europe et pas seulement au niveau du championnat de football...

« William Shakespeare, avec son penchant pour le tragique, se réjouirait sans nul doute de la situation actuelle en Europe. Le referendum sur le Brexit, qui se tiendra le 23 juin 2016, si l’on en croit les sondages actuels, a peu de chance d’aboutir au but controversé qui verrait l’Angleterre porter son statut d’île tant sur le plan géographique qu’au niveau politique. Jacques Delors et Helmut Kohl, pères fondateurs de l’Union européenne, doivent certainement ravaler leurs larmes. Où sont donc passées les valeurs européennes de solidarité et de subsidiarité ? »

Plans de sauvetage : un peu moins de 10 milliards d’euros restés en Grèce

Et désormais au sein de la zone euro elle-même, encore plus de difficultés sont à venir. Presque 70 ans après la fin de la Deuxième Guerre mondiale, les partis d’extrême droite connaissent un second souffle. Les partis populaires (encore) au pouvoir ne sont plus aujourd’hui que l’ombre d’eux-mêmes et ne font que battre en retraite.

Les soi-disant plans de sauvetage apportés à la Grèce, qui ont atteint la somme aberrante de presque 250 milliards d’euros, font tout sauf aider le pays. Les estimations optimistes indiquent que seuls un peu moins de 10 milliards d’euros sont réellement restés en Grèce, soit 4 % du montant total. Le reste plutôt conséquent de ce supposé plan de sauvetage a été porté au bilan de la BCE et d’autres créanciers étrangers, à la minute où l’argent a été débloqué, afin de retarder le plus possible l’inéluctable faillite de l’État. Dans les affaires, nous appelons ça du détournement de fonds. Selon moi, c’est un délit. Mais sans plaignant, pas de procès.

Et en Allemagne, pays le plus influant de la zone euro, les élections au Bundestag ne doivent avoir lieu que dans 17 mois. Dans le cas contraire, les partis au pouvoir perdraient sans doute encore un nombre beaucoup plus important de leurs sympathisants au profit du parti populiste AfD (Alternative für Deutschland) si les responsables devaient reconnaître l’insolvabilité réelle de la Grèce et l’échec de la politique de sauvetage.

La possibilité d’une réduction de la dette attiserait également les éventuelles convoitises d’autres pays européens plus importants. Imaginez ce qui arriverait si des pays de la taille de l’Italie commenceraient à exiger le même traitement.

« Nous évitons d’investir dans des obligations européennes »

Un tel contexte politique défavorable n’est pas de nature à attirer les investisseurs internationaux. Au contraire, ils semblent éviter autant que faire se peut les obligations et actions européennes. En effet, ce sont la plupart du temps des mouvements spéculatifs qui sont à l’origine de rallye temporaire sur les marchés actions non (encore) manipulés. En raison des différents programmes de rachat de la BCE, les marchés obligataires européens sont tombés à des niveaux de rendements qui ne reflètent plus les risques encourus.

C’est pourquoi nous évitons d’investir dans des obligations européennes. Les valeurs européennes de la poche actions de nos fonds jouent également un rôle secondaire.

Etats-Unis, une alternative difficile

Avoir recours à la zone américaine en tant qu’alternative à nos investissements s’avère également de plus en plus difficile. Les annonces des membres du comité de la Fed, qui veulent (bientôt) relever les taux, donnent mal à la tête au marché et aux investisseurs. Les relèvements des taux visent-ils à compenser les mesures introduites tardivement par la Réserve fédérale dans son combat contre l’inflation ? Si oui, cela veut dire que la Fed est à la traîne et que l’inflation pourrait donc grimper davantage que prévu, avec les conséquences négatives que cela implique pour les investissements sur la partie longue de la courbe des taux américains. Au contraire, si les relèvements de taux ne représentent qu’un pas vers la normalisation de la politique monétaire, la partie longue de la courbe des taux réagirait positivement, signifiant que la Fed contrôle la situation et que les investissements en produits de taux US conserveraient leur attractivité par rapport à leurs homologues internationaux.

Temporiser le jeu

La réflexion est la même pour les devises et les marchés actions. […] Dans notre premier Commentaire de Marché de cette année, La Tempête, […] nous exposions [en effet] les risques considérables qui se présentent pour cet exercice. Dans ce contexte, les investissements stratégiques devraient être surveillés de près et le budget risque ne devrait pas être dépassé. Toutes nouvelles données conduisent à réviser la situation et se traduisent souvent par un ajustement des prix synonyme de volatilité qui, selon la Loi de Murphy, a au final un effet négatif. Au regard de l’Euro 2016, il ne reste plus qu’une chose à faire : temporiser le jeu.

Guido Barthels , Yves Longchamp , Juin 2016

Partager
Envoyer par courriel Email
Viadeo Viadeo

Focus

Opinion Les contrats à terme « Total Return » devraient poursuivre leur croissance compte tenu de l’engouement des investisseurs

En 2016, Eurex a lancé les contrats à terme « Total Return Futures (TRF) » en réponse à la demande croissante de produits dérivés listés en alternative aux Total return swaps. Depuis, ces TRF sont devenus des instruments utilisés par une grande variété d’acteurs à des fins (...)

© Next Finance 2006 - 2024 - Tous droits réservés