Rebond spectaculaire de l’activité des Business Angels dans le secteur internet.

Après un premier trimestre décevant, le second trimestre 2015 révèle un rebond spectaculaire de l’activité des Business Angels dans le secteur internet d’après le rapport du FIBAMY.

Après un premier trimestre décevant, le second trimestre 2015 révèle un rebond spectaculaire de l’activité des Business Angels dans le secteur internet :

  • a) Comparé à 2014, qui avait été extrêmement terne, le montant total investi au premier semestre 2015 progresse de 53% ;
  • b) Sur la même période, le nombre d’opérations progresse de 42% révélant une augmentation du tour de table moyen de 372 K€ à plus de 400 K€.

La saisonnalité observée sur le semestre avec un premier trimestre très « morne » et un second trimestre très « actif » est atypique comparée aux années précédentes. Les trimestres suivants permettront de savoir s’il s’agit d’une embellie passagère ou plus durable.

Alors que la France accuse toujours un retard très important en matière de financement des start-ups du numérique par les Business Angels (à PIB égal, environ 25 fois moins que les Etats-Unis et 10 fois moins que le Royaume-Uni), cette amélioration pourrait être le signe d’une reprise de la croissance de l’écosystème des start-ups du secteur.

Selon les résultats récents du classement Compass, qui distingue les meilleurs endroits où entreprendre, investir et prospérer, Paris arrive à la 11ème place, derrière notamment Londres et Berlin, soulignant le manque de croissance observé par cet écosystème (growth index de 1.3 pour Paris contre 2.1 pour la Silicon Valley, 3.3 pour Londres et 10 pour Berlin) sur les années 2013/2014. Il est donc crucial, pour que Paris rejoigne le top 10 et surtout ne perde pas pied, que les progrès observés au 2nd trimestre 2015 soit confirmés lors des trimestres à venir.

Cet excellent trimestre est évidemment à considérer avec précaution mais pourrait trouver son explication dans :

  • 1) Un bon indicateur de croissance du PIB français au 1er trimestre 2015 donnant aux décideurs économiques et aux investisseurs individuels en particulier un sentiment de reprise ;
  • 2) L’absence, depuis la rentrée 2014, de décisions politiques ou d’initiatives législatives « anti-business » comme celles, nombreuses, qui ont marqué les années précédentes ;
  • 3) Probablement, des Business Angels plus sereins sur leurs portefeuilles existants et ayant dégagé des marges de manœuvre pour prendre à nouveau des risques.

Une analyse plus détaillée de l’activité du semestre montre également que :

  • a) Les tours de table d’amorçage menés par des investisseurs professionnels (donc non comptabilisés dans le FIBAMY mais auxquels participent de plus en plus souvent des Business Angels « suiveurs ») sont également en légère progression. Ils correspondent notamment au déploiement depuis 2012/2013 par Bpifrance du FNA (Fonds National d’Amorçage). La croissance observée des tours menés par les Business Angels est donc bien une croissance additionnelle et non le fait d’une éventuelle substitution.
  • b) Les réseaux de Business Angels, bien que stables en montant investi et nombre de tours de tables réalisés, représentent, du fait de la croissance, désormais environ 10% (contre 15% en 2014), confirmant la concentration du marché sur les « Serial Business Angels » (notamment les entrepreneurs du web) spécialistes du secteur.
  • c) Le financement participatif de type « equity crowdfunding », apparu en 2013, est impliqué dans 16% des opérations (contre 10% en 2014) et connait donc une croissance de l’ordre de 100%. La combinaison de montants levés via l’utilisation de ces plateformes et de montants apportés par des Business Angels expérimentés et réputés est une tendance émergente qui semble se confirmer.

En conclusion, le FIBAMY de ce premier semestre 2015 laisse espérer une reprise de la croissance de l’écosystème des start-ups du secteur de l’internet. Cette croissance est cruciale à l’heure où le « software is eating the world  » (Marc Andreesen, 2011) et où l’écosystème français, malgré sa progression qualitative constante, souffre vis-à-vis de ses compétiteurs mondiaux d’un déficit de croissance quantitative.

Il convient cependant de rester extrêmement vigilants et prudents car la concentration observée des acteurs de l’investissement en amorçage laisse penser que le potentiel de croissance à venir pourrait être limité.

« Un écosystème de start-ups c’est comme un tas de sable…

…Pour que la pointe soit haute, il faut que sa base soit large »

Méthodologie :

Dans le cadre de la gestion de son fonds dédié « amorçage - post-amorçage » dans le secteur internet, ISAI traque l’ensemble des levées de fonds « early stage » du secteur internet annoncées par les média faisant référence (Frenchweb, Journal du Net, CFNews, FusacqBuzz, Maddyness, ITespresso). Cette veille lui permet à la fois de vérifier sa couverture du secteur et d’identifier de nouvelles opportunités d’investissement. Les éléments chiffrés reprennent ainsi depuis début 2011, l’ensemble des tours de table dont les« leaders » sont des Business Angels (personnes physiques ou holdings) et dont le montant levé est révélé et est inférieur à 1 Million d’euros.
Le FIBAMY (French Internet Business Angel Money Yardstick) a ainsi été créé suite au PLF2013 et aumouvement des Pigeons pour obtenir un indicateur objectif de l’activité Business Angel dans le secteur internet en France.

Rappel :

Le secteur internet et du numérique en général présente des particularités par rapport au reste de l’économie. Il est, par nature, extrêmement fragmenté et voit la création de milliers de startups chaque année. Ces petites entreprises connaissent un financement en fonds propres progressif correspondant à des tours de table successifs dont les montants augmentent au fur et à mesure que les sociétés arrivent à révéler le potentiel de création de valeur associé à leur activité.

Avant de pouvoir, le cas échéant, mobiliser des fonds de capital-risque et d’envisager des tours de table de taille supérieure, les start-ups lèvent de l’argent auprès d’investisseurs dits providentiels : les Business Angels. Ces investisseurs sont soit des personnes physiques investissant en direct dans l’entreprise, soit des sociétés holdings individuelles ou collectives mises en place par des personnes physiques pour réaliser ce type d’investissement, soit une combinaison des deux.

L’activité des Business Angels a fortement progressé de 2008 à 2012 en France, notamment dans le secteur internet, sous l’effet de deux phénomènes :

  • De nombreux entrepreneurs du secteur ont décidé de ré-investir une partie de leur patrimoine dans ce secteur qu’ils connaissent bien et qui est porteur de très nombreuses opportunités ;
  • Encouragés par le dispositif ISF-PME, de nombreux contribuables assujettis ont goûté aux vertus de cette activité et ont trouvé dans le numérique un secteur dans lequel ils ont trouvé des opportunités pas trop difficiles à appréhender.

On rappelle, qu’à PIB égal, l’activité Business Angel en France est 25 fois moins développée qu’aux Etats-Unis où elle constitue une force de financement équivalente ou supérieure à celle du capitalrisque. La vivacité de cette activité aux Etats-Unis est majoritairement due à l’émergence d’une forte population d’entrepreneurs et de salariés ayant participé à des succès dans le secteur et ayant décidé d’y ré-investir massivement. Les tours de table menés par des Business Angels aux Etats-Unis sont beaucoup plus nombreux et portent souvent sur des montants investis beaucoup plus importants.

Next Finance , Août 2015

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