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Les sociétés non cotées, bénéfiques à l’économie, rentables pour les investisseurs

Christian Pierret, ancien Ministre de l’Industrie et membre du Conseil des experts de Convictions AM a exposé le 16 avril devant un cercle restreint de Conseillers financiers patrimoniaux son analyse sur le capital investissement et les perspectives de rendement qu’il offre aux investisseurs.

Le non coté retrouve son lustre. Dans un environnement de taux bas et de recherche de rendement, le capital investissement a de quoi séduire. Selon le dernier baromètre international de Coller Capital réalisé auprès de 114 investisseurs dans le monde, le private equity figure parmi les actifs alternatifs les plus prisés.

Au cours des 12 prochains mois, 39 % des intentions d’investissements se portent sur le private equity comparé à 33 % sur l’immobilier. Signe de ce regain d’attrait pour le private equity, 93 % des investisseurs anticipent des rendements de plus de 11 %.

Ces chiffres témoignent d’un retour des investisseurs vers le risque après la période d’aversion qui a suivi la crise financière de 2008.

En France, les investissements dans le non coté ont atteint 6,3 milliards d’euros en 2013, alors qu’avant la crise ils s’élevaient à 10 milliards par an. Il reste donc une marge de progression à reconquérir. Selon l’AFIC (Association française des investisseurs pour la croissance), en 2013 plus de 1500 entreprises ont été soutenues par le capital investissement. Les retombées économiques de cet accompagnement financier se sont matérialisées par la création de 253.000 emplois entre 2010 et 2013 et un accroissement du chiffre d’affaires de 1,4 % au cours de cette même période.

Le private equity en France dispose de marges de manœuvres encourageantes. Les investissements se dirigent essentiellement vers les PME-PMI (77 % selon l’AFIC) mais beaucoup moins vers les entreprises de taille intermédiaire (ETI), traditionnelle faiblesse de notre pays par rapport à l’Allemagne.

Il y a donc beaucoup de terrain à regagner et la France dispose de nombreux atouts. D’après le classement Deloitte Technology Fast 500, qui répertorie 500 sociétés technologiques en Europe, Moyen-Orient et Afrique dont le chiffre d’affaires a le plus progressé depuis 5 ans, 86 sont françaises. C’est une magnifique performance. Le private equity bénéfice par ailleurs du soutien de plusieurs organismes publics. On peut citer dans ce domaine, la Banque publique d’investissement (BPI). Mais, on peut aussi regretter parfois son processus de décision trop administratif qui retarde le financement de projet. De plus la France dispose du régime fiscal le plus avantageux du monde pour inciter aux investissements innovants. Ainsi 18 % des sommes investies dans les FCPI et les FIP sont déductibles de l’impôt sur le revenu dans la limite de 4320 euros, avec une contrainte : les fonds sont bloqués pendant 5 ans.

Investir dans le non coté ouvre la voie à la création de nombreuses PME et contribuera à terme à combler le retard de la France vis-à-vis de l’Allemagne et de l’Italie où les PME sont pléthoriques.

La formule du capital investissement s’adapte très bien aux ruptures technologiques et à la propriété intellectuelle. On peut prendre l’exemple de l’armement, secteur dans lequel 40 entreprises détiennent des marchés mondiaux et peuvent se targuer d’être les meilleures en matière de technologie. On peut citer de belles réussites dans les biotechnologies et Christian Pierret cite quelques entreprises qu’il connaît bien, cotées ou non : Carmat (création du premier cœur artificiel) ou, en biopharmacie, la société Pharnext qui recherche des combinaisons nouvelles, à faible dose, de molécules connues pour traiter des maladies neurologiques dégénératives graves.

Pour couronner les projets de réussite encore faut-il déposer les brevets et savoir vendre sa marque. La propriété industrielle est centrale dans la bataille mondiale. Et là, le bât blesse. Les français négligent trop souvent la marque.

Une sur quatre seulement dépose un brevet au cours de sa vie, contre six sur dix au Japon et une sur deux aux Etats-Unis. Il faut aussi consacrer davantage de fonds à la Recherche et Développement. Au niveau national, pour chaque Etat, les différences de l’effort R et D par rapport au PIB sont fortes : de 4,2 % en Suède, par exemple, on tombe à 2,4 % en France. De leur côté les investisseurs doivent accepter que les processus de réussite soient longs sur la scène mondiale et admettre souvent des pertes au départ, avant que l’investissement ne porte ses fruits. Il faut rétablir dans la mentalité collective le « risque » et le sentiment de la « belle réalisation technique », pour inciter à l’innovation et à l’investissement. La France doit reconquérir sur elle-même une certaine fierté industrielle. Enfin, rappelons que les entreprises non cotées sont souvent les entreprises cotées de demain.

Christian Pierret , Mai 2015

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