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Les marchés plongent sur fond de mouvement de fuite vers les actifs refuges tels que l’or et les obligations

Les marchés de la planète ont plongé à l’annonce de la confirmation de l’élection de Donald Trump en tant que Président des États-Unis, battant ainsi Hillary Clinton lors d’une course à l’investiture très serrée mais aux critiques cinglantes.

Points clés

  • Le magnat de l’immobilier surprend en remportant la victoire face à l’ancienne Première Dame
  • Les marchés plongent sur fond de mouvement de fuite vers les actifs refuges tels que l’or et les obligations
  • Les traités mondiaux et l’indépendance de la Fed sont considérés comme menacés

À 8h35 ce matin, heure d’Europe centrale, le magnat de l’immobilier a fait basculer les 270 votes du Collège électoral dont il avait besoin pour se faire élire à la Maison Blanche et devenir le premier président non issue l’élite politique de Washington pour diriger la première économie mondiale. Les Républicains conserveront également le contrôle des deux Chambres du Congrès, leur accordant ainsi une victoire haut la main qui, à l’image du vote en faveur du Brexit au Royaume-Uni, a déjoué les pronostics et les prévisions. Précédemment, les Républicains avaient pris le contrôle des 435 sièges de la Chambre des Représentants et les 100 sièges du Sénat. Mais les Démocrates avaient espéré regagner le contrôle du Sénat.

Les contrats à terme sur le Dow Jones avaient fait initialement état d’une baisse de 833 points de l’indice Dow Jones Industrial Average lors de l’ouverture des marchés boursiers américains, dépassant ainsi le précédent record de 778 points à la suite de l’effondrement de Lehman en 2008 et les 684 points à la suite des attaques terroristes du 11 septembre 2001. En Asie, où les marchés étaient ouverts lors de la publication des résultats des élections américaines, l’indice Nikkei représentatif des marchés d’actions japonais s’est replié de 5,4 %, tandis que les actions européennes ont ouvert la séance en repli de 3,8 %.

Le billet vert a décroché de plus de 2 % par rapport aux principales devises tandis que le cours de l’or, métal précieux considéré comme valeur refuge en temps de crise, a bondi de 3,5 % et le rendement des emprunts d’État américains à 10 ans s’est replié de 12 points de base. Le peso mexicain a accusé un repli historique de 11 % et a paru être la principale victime de la victoire de Donald Trump après qu’il ait menacé de construire un mur à la frontière entre les États-Unis et le Mexique.

Vote massif de désaveu des élites

« Il s’agit d’un jour historique, le principal bouleversement politique de l’histoire des États-Unis,  » souligne Léon Cornelissen, économiste en chef de Robeco. « Il est clair que les électeurs américains ont choisi un candidat prônant la rupture et qu’ils se sont désintéressés de la continuité politique. Ce vote peut être considéré comme un vote massif de désaveu des élites, dans la lignée du vote en faveur du Brexit, où les électeurs ont clairement exprimé leur lassitude à l’égard du statu quo. »

« Ces incertitudes accrues sont le signal d’un climat défavorable sur les marchés actions dans les prochaines semaines, la dette souveraine devrait tirer profit de son statut de valeur refuge, alors que certaines craintes inflationnistes pourraient voir le jour. En Europe, il est probable que la Banque centrale européenne prolonge son programme d’assouplissement quantitatif, ce qui aura des implications sur les marchés obligataires.  »

« Le commerce international et la croissance mondiale sont désormais exposés à des risques, puisque Donald Trump a menacé de « déchirer » les principaux accords commerciaux tels que le NAFTA et d’imposer des tarifs très élevés aux produits chinois entre autres. Reste à voir bien entendu quelles seront les conséquences de ce vote dans la pratique, mais l’on peut comprendre que les marchés soient très inquiets. Nous avons principalement assisté à un mouvement de fuite vers les valeurs refuges telles que l’or et le yen japonais. Sur les marchés, nous pouvons nous attendre à des ventes forcées, en effet certains investisseurs seront contraints à des liquidations dans ces circonstances assez spéciales, ce qui devrait peser encore davantage sur les cours des actifs : »

La Fed menacée

Léon Cornelissen indique que le rôle futur de la Réserve fédérale américaine est également remis en question, et que la hausse des taux prévue en décembre ne se matérialisera probablement pas. « Donald Trump a remis en question l’indépendance de la Fed durant sa campagne électorale, ce qui déconcertera encore davantage les investisseurs,  » souligne-t-il. « Il est clair qu’il ne reconduira pas le mandat de Janet Yellen à la présidence de la Fed à la fin 2018. A ce stade, on ne peut exclure une démission précoce de Janet Yellen ou la proposition par les Républicains d’une législation visant à diminuer l’indépendance de la banque centrale  »

Mais «  il est très improbable que la Fed augmente ses taux d’intérêt en décembre. L’ironie veut que Donald Trump qui avait suggéré que la Fed avait maintenu artificiellement ses taux d’intérêt afin d’aider Hillary Clinton. On peut même interpréter cette position comme un souhait de hausse des taux, ce qui aurait un effet déflationniste. La politique de Donald Trump à l’égard de la Fed pourrait ainsi changer rapidement une fois qu’il entrera en fonction. »

Un raz de marée électoral qui mettrait un terme à une impasse

Ce raz de marée républicain, pourrait, selon Léon Cornelissen, mettre un terme aux impasses législatives qui avaient miné le Président Obama. En effet, tout au long de ses deux mandats les politiques démocrates avaient été constamment bloquées par le Congrès républicain Il était attendu que les Républicains gardent le contrôle de la Chambre des Représentants, mais les Démocrates espéraient gagner le contrôle du Sénat, qui a plus de pouvoir pour valider les nominations du Président.

« Il est important de noter que les Républicains auront la majorité au Sénat, ce qui facilitera les nomination par Donald Trump de son cabinet ministériel et de la Cour Suprême, » souligne Léon Cornelissen. L’impasse législative sera écartée, mais une majorité au Sénat ne sera peut-être pas suffisante pour empêcher la minorité démocrate de faire blocage. La principale question est de savoir quelles seront les priorités de Donald Trump.

Les atouts des dépenses en infrastructures

Léon Cornelissen explique que la croissance économique bénéficiera d’une hausse des investissements dans les infrastructures aux États-Unis, l’un des éléments communs au programme des deux candidats et jugé nécessaire afin de réparer les routes et les bâtiments du pays tombés en désuétude.

« Autre élément positif, Donald Trump a proposé une forte réduction de l’impôt sur les sociétés qui aurait pour effet un retour de l’étranger des capitaux américains dans la mesure où beaucoup d’entreprises américaines ont investi leur argent ailleurs qu’aux États-Unis,  » précise Léon Cornelissen. «  Il a déclaré qu’aucune entreprise américaine ne devrait pas payer plus de 15 % d’impôt sur ses bénéfices, alors que le taux actuel maximum s’élève à 35 %. Une telle décision, si elle est prise, sera favorable aux bénéfices des entreprises américaines sur le long terme.  »

« Mais ce point positif pourrait être éclipsé par les répercussions négatives des guerres commerciales à l’échelle mondiale et de l’instabilité géopolitique persistante dans plusieurs régions. En effet, Donald Trump est un homme politique peu connu qui a bâti sa réputation sur les insultes et la rhétorique, raison pour lesquelles il faudra attendre pour en savoir plus.  »

« Sur la question du changement climatique, Donald Trump a encouragé une diminution des réglementations contre les carburants fossiles aux États-Unis. Il est clair que la lutte contre le changement climatique ne sera pas l’une de ses priorités. Le Président Trump encouragera probablement un effort important de déréglementation des industries américaines du pétrole, du gaz et du charbon, ce qui explique pourquoi le cours du pétrole a baissé puisque l’offre se maintiendra excédentaire. Cela rendra la vie plus dure à l’OPEP. Reste à voir ce qu’il adviendra des producteurs de schiste, car cette politique sera positive pour la production, mais négative pour ses cours.  »

Léon Cornelissen , Novembre 2016

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