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Les banques françaises devraient accélérer le nettoyage de leur bilan

A l’instar des banques européennes, les banques françaises, dont l’encours de créances douteuses est l’un des plus élevés de l’UE, ont inscrit la gestion de NPL dans le cadre de leur stratégie long terme. C’est ce que révèle, entre autres, la dernière étude Deloitte « Deleveraging Study 2018 », qui explore les pratiques des acteurs français de la banque et de la gestion de crédit en matière de NPL...

La forte volonté de la Commission Européenne d’endiguer la progression des prêts non performants (ou NPL pour « Non Performing Loans ») au sein de la zone euro s’est traduit par l’établissement de lignes directrices fortes visant à encadrer les banques dans ce domaine. A l’instar des banques européennes, les banques françaises, dont l’encours de créances douteuses est l’un des plus élevés de l’UE, ont inscrit la gestion de NPL dans le cadre de leur stratégie long terme. C’est ce que révèle, entre autres, la dernière étude Deloitte « Deleveraging Study 2018 », qui explore les pratiques des acteurs français de la banque et de la gestion de crédit en matière de NPL, mais aborde également les tendances qui se dessinent dans ce secteur.

Panorama chiffré des NPL

  • Les banques françaises détiennent le 2ème plus important stock de NPL au sein de l’UE, derrière l’Italie.
  • Le ratio de NPL est passé de 3,9% à 3,4% entre juin 2016 et 2017, indiquant une amélioration progressive de la situation et l’impact des directives réglementaires
  • Le coût global du risque a également diminué de 0,14% de l’actif total en 2016 à 0,11% en 2017, porté par la reprise économique, des conditions de financement favorables et une gestion efficace des NPL.
  • Sur le segment du marché particulier, les prêts sans collatéraux sont les principaux contributeurs de l’encours de NPL détenus en France, représentant environ 60% du stock total en 2017. Cependant les prêts immobiliers en défaut gagnent en importance.

Malgré une tendance baissière, les encours de NPL demeurent élevés

Alors que la reprise économique française se confirme avec une croissance du PIB qui a doublé en 2017, certains indicateurs demeurent alarmants. La dette publique atteint un niveau élevé (97% du PIB) et les prêts au secteur privé augmentent fortement. Enfin, le stock de NPL détenu par les banques françaises atteint un niveau significatif (140 milliards d’euros en juin 2017) dans un contexte de pression sur la rentabilité et de durcissement du cadre réglementaire.

Au sein des banques de l’UE, le ratio de NPL a diminué reflétant l’effet des directives prudentielles. Toutefois, le niveau d’encours des NPL et la pérennité de la rentabilité des établissements bancaires européens sont considérées comme des sujets de préoccupations majeures par les instances réglementaires.

En effet les expositions de NPL impliquent une consommation en capital accrue mais également une augmentation des coûts de financement et d’exploitation, réduisant l’efficacité opérationnelle ainsi que la rentabilité des banques.

Limiter l’impact des NPL sur le capital et la rentabilité

Le manque d’homogénéité et de comparabilité des risques encourus par les banques a augmenté en lien avec la hausse du stock de NPL. Au cours des derniers mois, les régulateurs ont accentué leur effort sur la gestion des NPL et sur les sujets connexes liés au risque, ayant eu des répercussions importantes pour le secteur bancaire. Récemment, la BCE a présenté un ensemble de règles, visant à accélérer la réduction des encours de créances douteuses en facilitant le recouvrement des prêts garantis et en développant les marchés secondaires dédiés à leur gestion.

Afin de répondre à ces nouveaux enjeux, les banques ont opté pour différentes stratégies variant en fonction de leur profil (grands établissements ou filiales autonomes). L’accent est principalement mis sur l’efficience opérationnelle (par exemple : sélection plus rigoureuse de clients à l’octroi) et dans une moindre mesure, sur les cessions de créances.

Un marché naissant et opaque

En France, le marché des cessions des créances douteuses est peu profond et manque de transparence. Cependant les banques inscrivent progressivement les cessions de NPL dans le cadre de leur stratégie de gestion de portefeuilles, dynamisant ainsi le marché. Parallèlement les sociétés de gestion de crédit se développent par le biais d’opération d’acquisition de plateformes afin de renforcer leurs capacités opérationnelles.

La hausse de la demande, le durcissement du cadre réglementaire ainsi que la pression croissante sur la profitabilité devraient générer de nombreuses opportunités d’investissement au sein du marché des NPL.

« En France, le marché des NPL reste immature et se caractérise par des transactions opportunistes. Mais, dans un contexte d’appétit croissant des investisseurs et de pression réglementaire, les banques françaises devraient accélérer les cessions de portefeuilles de prêts non stratégiques et non rentables. La mise en place d’un marché secondaire plus efficace pour ces prêts est par ailleurs fortement portée par la BCE. Ce consensus génère de nombreuses opportunités pour les investisseurs, qui souhaitent réaliser à la fois des acquisitions et des désinvestissements. », souligne Sébastien Manelfe, Associé M&A Transaction Services.

Next Finance , Décembre 2018

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