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Les actions sont loin de paraître surévaluées

Guido Barthels, CIO et Gestionnaire de Portefeuille d’ETHENEA Independent Investors S.A. et Yves Longchamp, Head of Research d’ETHENEA Independent Investors AG, estiment que les actions ne sont pas « surévaluées » et sont moins chères que les obligations. Ils se montrent en particulier confiants dans la hausse du Dax, l’indice boursier allemand.

Les taux d’intérêt et les rendements s’enfoncent en terrain négatif. Les débiteurs remboursent moins qu’ils empruntent. Que les banques centrales offrent des taux d’intérêt négatifs et que même les emprunts d’État réputés sûrs génèrent des rendements négatifs ne choquent plus aucun gestionnaire. Pourtant, les prêts à taux négatifs ouvrent de nouvelles perspectives sur un monde totalement nouveau et hors-norme. Car il est maintenant évident que la valeur « plancher » du rendement n’est pas zéro, mais -100 %. (…) Les obligations zéro-coupon deviendraient d’un coup dans une période de coupons négatifs la variante peu risquée d’un investissement. Les emprunteurs s’enrichiraient sur le dos des créanciers. (…) Les investissements d’entreprises, qui ne seraient absolument pas rentables dans un contexte de taux d’intérêt normaux deviendraient de formidables opportunités.

Le programme de rachat de dettes annoncé par la BCE (QE) produit déjà ses effets, dont ont besoin les pays méridionaux de l’Eurogroupe de toute urgence. Alors que même la France est parvenue à enregistrer une croissance de presque 2 % depuis l’effondrement de début 2008, l’Espagne, l’Italie et le Portugal sont très loin de leurs niveaux d’avant-crise. (…) Avec la dépréciation que l’on peut qualifier désormais de fulgurante de la valeur externe de la monnaie unique vis-à-vis des partenaires commerciaux, les effets sur les exportations et donc sur la croissance au sein de la zone euro devraient bientôt se faire sentir, au détriment de tiers, tels que la Suisse et le Danemark. Il reste à savoir si la dépréciation de l’euro peut se poursuivre à la même cadence compte tenu de l’importance phénoménale de la position courte spéculative sur le Chicago Mercantile Exchange.

Dans la mesure où nous demeurons très optimistes à l’égard des actions européennes dans le contexte actuel, que nous ne sommes pas convaincus d’un découplage entre les marchés américains et ceux de la zone euro et que nous restons optimistes au sujet des actions américaines, mais dans une moindre mesure, nous demeurons par conséquent également favorables aux obligations à haut rendement de la zone dollar.

Si les primes de risque des actions fléchissaient pour atteindre le niveau moyen historique d’environ 4 %, le Dax dépasserait déjà les 13 500 points, contre 12 000 environ aujourd’hui. Ce scénario devrait aisément se réaliser au cours de cette année.

Les craintes d’un prochain revers boursier sont-elles vraiment justifiées ? Il ne fait aucun doute que les valorisations ont fortement augmenté ces dernières années. (…) Dans l’absolu, il est difficile de qualifier le marché d’attrayant avec un ratio cours/bénéfice historique d’environ 20 pour le Dax. Mais par ailleurs, les valorisations sur le marché obligataire sont encore bien plus onéreuses et personne n’hésite, en raison des rendements faibles, à prêter de l’argent à 1% sur dix ans à des pays comme le Portugal ou l’Irlande, qui, il y a peu encore, étaient au bord de la faillite.

Non seulement ces observations ne plaident pas en faveur d’une fin imminente du marché haussier, mais si l’on considère uniquement les valorisations absolues du marché actions et qu’on les compare avec les alternatives d’investissement disponibles, les actions sont loin de paraître surévaluées. L’exemple de la prime de risque implicite des actions le démontre parfaitement. Rappelons que la différence entre le taux d’intérêt d’un investissement sans risque et le rendement attendu d’une action est appelée prime de risque des actions.

Même si aujourd’hui le Dax donne le vertige à certains, après six ans de marché haussier, les actions restent quand même meilleur marché que les obligations. (…) Au niveau actuel du Dax, la prime de risque implicite des actions d’un peu plus de 4,5 % est encore supérieure à la moyenne historique.

Maintenant que la BCE est parvenue, grâce à l’annonce de son programme QE, à acculer près d’un tiers de l’encours des emprunts d’État en territoire négatif, il ne fait plus aucun doute qu’au moins une partie de l’argent frais en quête d’un rendement trouvera le chemin du marché d’actions. Et l’achat de blue chips qui ont un rendement de dividendes quasi assuré de 4 à 5 % et affichent des perspectives de croissance peut difficilement être qualifié d’opération spéculative.

Si les primes de risque des actions fléchissaient pour atteindre le niveau moyen historique d’environ 4 %, le Dax dépasserait déjà les 13 500 points. Ce scénario devrait aisément se réaliser au cours de cette année.

Il suffit de jeter un œil outre-Atlantique pour découvrir comment les choses pourraient évoluer : après plusieurs années d’assouplissement quantitatif, la prime de risque des actions est tombée à environ 3 % aux États-Unis. Il n’est donc pas improbable que le Dax suive cette évolution un jour et qu’il passe en 2016 la barre des 17 000 points.

Guido Barthels , Yves Longchamp , Mars 2015

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